Le fabricant de panneaux solaires Photowatt a demandé son placement en redressement judiciaire au tribunal de commerce de Vienne (Isère), en raison de graves difficultés financières dans un climat économique où le secteur reste plombé par une surproduction à l’échelle de la planète.
La société filiale du canadien ATS cherche maintenant un échappatoire à la faillite en se plaçant sous la protection du tribunal. Dans un communiqué, Photowatt dit "être confronté à une surproduction mondiale impactant les prix et à un resserrement de ses marchés en France."
Le groupe basé à bourgoin-Jailleu (Isère) qui emploie 442 personnes avait déjà dû supprimer 72 emplois sur ce même site. La semaine dernière un projet de chômage partiel de 2 mois avait été décidé dans l’objectif de faire baisser les stocks tout en diminuant la production de moitié. "Ces mesures de chômage partiel resteraient en vigueur pendant la période d’observation de la procédure de redressement" a indiqué la société dans le communiqué.
Les salariés restent assez pessimistes, "vu l’état du marché", mais veulent encore y croire. "Ils nous ont garanti qu’il n’y aurait aucun licenciement et que les salaires étaient assurés jusqu’à la fin mars au minimum" a précisé Philippe Miklou, délégué syndical FO.
Un administrateur judiciaire devrait être nommé dès la semaine prochaine afin d’assister la direction de l’entreprise dans la recherche de la meilleure solution, privilégiant à la fois au maximum l’emploi et la pérennité de la compagnie fondé en 1979 à Caen.
Même si Photowatt demeure pour beaucoup le pionnier français de l’énergie solaire, ce dernier n’échappe cependant pas à une concurrence féroce que se livrent actuellement les fabricants de modules solaires. D’ailleurs, la plupart des compagnies européennes du secteur (Q-Cell, REC, etc,) accusent le coup et doivent faire face à une baisse drastique des prix provoquée par la concurrence asiatique.
Historique de Photowatt :
► L’histoire de Photowatt International commence à Caen en 1979. D’abord simple organisme de recherche dans le domaine des technologies photovoltaïques, la société déménage à Bourgoin-Jallieu en 1990 pour s’agrandir et se rapprocher des industriels et centres de recherche de Lyon et Grenoble en Région Rhône-Alpes.
► Dès 1984, Photowatt International passe des cellules monocristallines de 4 pouces au silicium multicristallin, grâce au procédé de fusion POLIX qu’elle a elle-même conçu et industrialisé. Parallèlement, elle initie le développement des premières scies à fil, utilisés aujourd’hui par la plupart des fabriquant du secteur.
► Jusqu’en 1996, Photowatt International reste une entreprise de 80 personnes dont la capacité de production atteint 3 mégawatts. Entre 1997 et 2000, cette capacité est portée à 13 mégawatts, suite à son acquisition par ATS. Surfant sur cette croissance, elle augmente à partir de 2001 ses capacités de fabrication de tranches et de cellules et s’équipe d’une ligne d’assemblage des modules.
► Aujourd’hui, l’entreprise conçoit des systèmes photovoltaïques développés pour la connexion réseau et hors réseau de l’équipement résidentiel à la construction clé en main de centrales au sol. Pour ce faire, elle est présente à tous les stades, du bureau d’étude à l’installation et s’appuie sur des partenaires professionnels dans le monde entier. Employant plus de 750 employés, sa capacité de production atteint à ce jour plus de 70 mégawatts.
C’est quand même dommage d’en arriver là pour une entreprise française qui est lune des premières a maitriser l’industrie du solaire! C’est énervant! Mais que fait l’état dans tout ça? Même pas un prit coup de main? Lime semble qu’en 2009 Sarko avait clairement promis des projets pour le secteur des énergies solaire! Et pourquoi EDF ne réagit pas? Ce serait quand même la meilleure des solutions! Bravo la France !!!
Pour rappel, un article fort intéressant de février dernier :
Cette entreprise était dans le top 5 de l’industrie PV il y a 15/20 ans et dans les années 2000, un de ses dirigeants s’appelait Shawn (Xiaohua) Qu. Après avoir travaillé chez Automation Tooling Systems Inc. (ATS) au Canada de 1998 à 2001, où il exerçait diverses fonctions dans des filiales ATS du secteur de l’énergie solaire chez MATRIX puis chez PHOTOWATT INTERNATIONAL SA où il a exercé comme chercheur scientifique, directeur des achats de silicium, directeur des produits solaires, planification stratégique et développement des affaires et technique et Vice-Président (Asie Pacifique) de PHOTOWATT INTERNATIONAL SA. Juste retour des choses, aujourd’hui PHOTOWATT fait fabriquer une partie de sa gamme de modules par… CSI en Chine. D’ici à ce qu’ils reprennent PHOTOWATT…
Une entreprise d’exception, des compétences acquises par des pionniers, un marché qui DOIT être porteur, une implantation locale au cœur d’une région qui a fait du solaire une priorité – il faut sauver le soldat Photowatt! Les filières nationale et européenne n’ont-elles pas besoin d’un acteur industriel fort? N’est-ce pas le moment de relancer une activité critique aux objectifs de 2020 et plus? J’imagine que les employés de Photowatt sont plus motivés que jamais pour aider à trouver une solution et en faire partie. Etat, investisseurs, Région, UE, professionnels, particuliers – unissons-nous dans l’action. Existe-t-il un organisme, une équipe, une personne chargé d’identifier et d’évaluer les options? Si oui, j’aimerais les connaître. Si non, pourquoi ne pas le mettre en place?
Les chinois disent que notre système est en bout de course, ils ont raison , l’histoire PHOTOWATT en est la preuve. Le système occidental, avec les règlementations le coût de main d’oeuvre, les taxes imposent des prix de production qui ont perdu toute compétitivité. L’équipe BORLO a demandé aux acteurs de la filière il y a 2 ans de travailler avec les fabricants français et 15 jours plus tard diminuait fortement le tarif de rachat, les acteurs se sont immédiatement retourné vers les produits Chinois. Pour ne pas pas enrichir les Chinois, les autorités préfèrent tuer la filière, et satisfaire les pro nucléaire (EDF) pendant que l’Allemagne développe à fond les EN et prend une avance considérable. L’équipe SARKO semble ne pas voir les enjeux de demain , l’addition sera salée .
Je connais cette société, Grosse erreur de stratégie et de modèle économique : plutôt de que de rester uniquement fabricant et mettre en avant ses produits innovants français, photowatt a voulu la jouer trop gros et devenir bureau d’étude et installateur. Quasiment aucun autre fabricant au monde qui tient la route est installateur de ses propres panneaux. C’est un autre métier.
« le secteur reste plombé par une surproduction à l’échelle de la planète » et si c’est vrai, on en revient aux « lourdeurs » adminstrativo-socialo-fiscalo françaises versus les chinois, malgréfrais de port et d’assurances. NB : c’est pas parce que c’est « automatisé » qu’il n’y a plus personne ! cf; les 442 (encore) employés de Photowatt, même si il y doit y avoir parmi des commerciaux et des administratifs.
Pionnier, innovateur, leader – grandeur avant l’heure puis décadence sur des erreurs stratégiques et les conjonctures du secteur? Si on peut aujoud’hui se retourner sur le passé et profiter de la connaissance du marché actuel pour expliquer retrospectivement les déboires de PW, qu’en est-il du futur? Quel est donc le prochain PW qui bénéficiera de ces explications dans 5 ou 10 ans? Qui d’ailleurs voudra donc se lancer? Que le modèle ne fonctionne plus, admettons. Mais quid de 442 employés – des professionnels d’un métier qui, par définition semble-t-il, est voué aux pires difficultés alors qu’il devrait être un vecteur de la transition énergétique? Quels changements se dessinent déjà et qui pourraient changer la donne? La réappropriation des moyens de production par l’UE? La convergence avec l’Allemagne? La réaffirmation que la relance économique doit se faire dans le respect de normes écologiques et sociales? Est-il concevable que 442 professionnels qui pourraient contribuer de façon significative aux objectifs 3×20 en 2020, à l’évolution d’une région qui a tant misé sur le solaire, soient laissés sur le carreau? Que certains passent à PV Alliance est sans doute une bonne chose, mais les autres? Pas d’opportunités dans la formation, le contrôle de qualité, le suivi des installations…? Pas de société prête à démarrer sur des technologies d’avant-garde et qui cherche du personnel expérimenté? Pas de PME qui voit l’occasion de changer de registre? Quelle est donc la profondeur de la filière solaire française? Quel est son potentiel? Quel est sa vocation? Quels sont les acteurs qui seraient aujourd’hui capables de créer une alliance Public-Privé-Personnes qui reflète les ambitions EnR de particuliers, d’associations, de PME – et même de grands groupes, de collectivités, d’élus et du gouvernement? Mais ce sont peut-être les mauvaises questions. L’avenir immédiat de PW, de ses employés et de son infrastructure nous le diront peut-être.