Dans une interview accordée au quotidien Le Figaro, le PDG du 1er producteur mondial de panneaux solaires photovoltaïques, Suntech, estime que le prix de l’énergie solaire deviendra "économiquement rentable" d’ici 3 ans, face aux énergies fossiles dans plus de 50% des pays.
Selon Zhengrong Shi, actuellement "le prix de l’énergie solaire dans une région normalement ensoleillée est de 12 à 15 cents (de dollar) par kilowattheure", alors qu’il y a dix ans "le prix de l’électricité produite par des panneaux photovoltaïques atteignait 80 cents le kWh."
Et d’ajouter : "nous considérons qu’en 2015 la moitié des pays de la planète auront atteint «la parité réseau», autrement dit l’énergie solaire ne sera pas plus chère que l’électricité conventionnelle."
Concernant la polémique engendrée en Europe sur le coût des panneaux solaires asiatiques réputés pour être 2 fois moins chers, il répond que "la différence de prix est bien moindre, car il convient de comparer des panneaux à performances égales. Il faut regarder l’énergie qui est générée. Il apparaît alors qu’on est seulement 8% à 10% moins cher."
A la question sur l’avantage induit sur les faibles coûts de main-d’oeuvre en Chine, il rétorque que ces derniers ne représentent "en réalité qu’une faible proportion, à peine 2% des coûts globaux."
Le patron de suntech donne même la recette "miracle" pour produire des panneaux solaires compétitifs. Il suffit de réunir 3 ingrédients que sont : les économies d’échelles, l’innovation et "la réduction des coûts dans les chaînes de production internationales." Pour le premier argument, il précise que la capacité annuelle de production est passée en 10 ans, de 10 mégawatts à 2400 mégawatts. Sur le critère innovation, il affirme avoir dépensé "plus de 40 millions de dollars chaque année dans la recherche." Et enfin, sur la 3ème composante, il indique acheter "beaucoup d’équipements en Allemagne, en Italie et en France."
Il a été aussi reproché à Suntech d’avoir reçu de l’Etat centralisé une subvention de l’ordre de 7,3 milliards de dollars via la Banque chinoise de développement. D’après Zhengrong Shi, le chiffre annoncé est "erroné", et serait "10 fois moindre", soit 730 millions de dollars. De plus, les taux bancaires seraient très élevés, voire "parfois supérieurs aux taux des pays occidentaux."
Enfin, sur la politique d’énergie verte chinoise, le pays devrait encore connaître une progression fulgurante du photovoltaïque dans les prochaines années. Mr Zhengrong Shi pense que la capacité installée passera de 3 000 MW en 2011 à 5 000 MW cette année, pour atteindre encore les 7 000 à 8 000 MW l’année suivante.
Suntech est une compagnie mondiale opérant dans 80 pays et produisant principalement en Chine, au Japon et aux États-Unis. Le groupe chinois génère un chiffre d’affaires de 3 milliards de dollars et emploie 22.000 salariés.
En poitou charente avec une centrale au sol et un financement à taux réduits… 12 à 15cent$ ça fait du 8,5 à 10,5 centimes d’euros, cette fourchette est atteignable dans le sud de la France dès aujourd’hui si le gouvernement se donnait la peine de proposer des crédits bonifiés, comme ce qui a pu être fait pour le nucléaire… Dans 2/3 ans le solaire produira dans la même fourchette qu’un EPR, il ne restera alors plus que le surcout du stockage en cas de déploiement massif, au délà de la capacité max de notre réseau à accepter de l’énergie intermittente ou variable : 30% selon EDF? – nous sommes à 3,5% aujourd’hui avec Eolien + solaire –
Le stockage est effectivement indispensable si l’eolien ou le solaire represente une part significative (~ >25%) de la puissance installée. Probleme car a cette echelle le stockage d’electricite est tres cher, même si le PV ou l’éolien avaient un coût de revient de zéro, associés au stockage necessaire qu’il faut leur associer, ils reviennent plus cher que les moyens de production pilotables (dispatchables comme disent les americains). Ce point essentiel est trop souvent éludé, un pays ne marchera pas a l’éolien ou au solaire sans un developpement massif de stockage. Aujourd’hui la fonction d’ajustement est assurée par les unites fossiles (pas ecolo !!) ou le nucléaire (anti economique !!). Par consequent, OK pour les intermittents mais avec prise de conscience du coût complet incluant le stockage (donc pas de parité et de loin dans 3 ans) et en toute honnetete il faut le dire sinon on fait réver
Le problème c’est qu’il faut compenser l’intermittence de l’énergie solaire précisément par une capacité au moins équivalente en énergie fossile. La véritable parité, à même service rendu, impose donc à l’énergie solaire d’être 2 fois moins chère que l’électricité conventionnelle.
La parité, c’est bien, on y arrivera, mais ce serait plus honnête si on parlait en « prix spot ». Ainsi, l’electricité produite cette fin de semaine de très grand froid brouilladeux (coupures probables?) a une valeur beaucoup plus élevée que celle produite par exemple un dimanche de printemps ensoleillé, et ça rejoint la reflexion de Kaboo45 sur le stockage. L’objectif de la parité est de se passer de subventions et de coller à la réalité, on en est loin avec un tarif constant, donc sans incitation à développer le stockage et le réseau qui va avec.
@kaboo45 Le stockage n’a pas besoin des EnR pour être développé puisqu’il a sa rentabilité propre en tant que moyen de réduire les infrastructures du réseau électrique et le cout des centrales de pointe… Il y a déjà des projets à l’échelle du MW en cours et ça ne ferait pas de mal à la France de commencer à en développer plutot que de perdre 100 000 euros de produits pharmaceutique à cause d’un défaut du réseau de distribution d’électricité comme il est arrivé récemment en ile de france (mais là encore ça diminuerait les stock options de Proglio qui fait son beurre avec ses centrales de pointes et ses concessions d’ERDF)
cf les courbes rte, ree, le nuke n’est pas un moyen de pointe, c’est un moyen de base. Par contre c’est « dispatchable », comme du charbon, vu qu’on peut prevoir de faire tourner a plein regime cette fin de semaine. L’ajustement est fait par gaz , hydro et fuel.
Vous poussez quand même le bouchon un peu loin en mêlant allègrement les aléas de la demande et les aléas de la production, qui étaient presque nuls avant le PV et l’éolien. Par ailleurs, les pointes de production sont en hiver, en début et fin de journée, périodes où le soleil n’est pas brillant-brillant, même par ciel dégagé… (démonstration jeudi ou vendredi vers 18h et -10° de moyenne?)
En tout cas, ça donne une belle estimation du nombre d’emploi qu’on peut créer dans les EnR : en devenant numéro un mondial, avec les conditions de production chinoises, on crée 22 000 emplois. C’est très, très, très peu. Qui nous expliquait qu’en loupant le coche de la fabrication du PV, la France avait perdu une belle opportunité en terme industriel ? Ca vaut peut-être la peine d’en installer. Mais soutenir la filière à milliards ?
Incroyable de lire encore ce genre d’erreurs alors que ça a été corrigé maintes fois… « Le stockage n’a pas besoin des EnR pour être développé puisqu’il a sa rentabilité propre en tant que moyen de réduire les infrastructures du réseau électrique et le cout des centrales de pointe » L’expérience allemande montre au contraire que les moyens de pointe doivent se développer car les EnR sont découplées de la production (les industriels se posent des questions sur la rentabilité de la construction des centrales au gaz non compétitives sur le marché ouvert à la concurrence !) et que les infrastructures doivent être maissivement augmentées ! (dont le désormais céléèbre exemple du corridor nord-sud pour alimenter la Bavière industrielle)
Vous dites « c’est anti-économique de faire de l’ajustement avec le nucléaire ». Cela a été vrai… quand le prix était constant ! Maintenant que le prix de l’électricité varie, en spot, sans doute cela vaut-il la peine de répondre aux pointes, jusqu’à une certaine limite. Sortons complètement du cliché du nucléaire inflexible. L’EPR est conçu pour faire du suivi de charge à 70 MW/min. Autrement dit, une remontée de puissance de 50% à 100% de la puissance nominale en 11 min (en baisse aussi), soit 825 MW. A l’échelle d’un parc, 10 EPR fourniraient une capacité de suivi considérable. Plus il y a d’EPR, plus on peut insérer de renouvelables. Plus il y a de renouvelables, plus ça vaut la peine de remplacer des REP par des EPR.
En effet, le soeil EN FRANCE est guère brillant à 19h l’hiver pour la fameuse ‘heure de pointe’, mais comme je l’ai dit souvent, avec des kwh DISTRIBUES à partir d’ENR la ou sont les ‘resources’ (soleil/vent/hydro etc) ‘heure’ ailleurs (et donc le JOUR ! peut faire ‘oublier’ un peu cette emmerdement qui est ‘intermittance’ (bien que pour le solaire ceci est PREVISIBLE presque à la minute près ! La nuit il y en a pas et le Jour il y en a – peu ou beaucoup selon l’intensité !) Et donc: « ……..et fin de journée, périodes où le soleil n’est pas brillant-brillant, même par ciel dégagé… » N’oubliez pas dans le ouest d’afrique il fait encore grand jour. Exemple ici pour 19h00 ce soir à Paris: Faire du solaire là ou il y en a et faire CIRCULER ! C’est ça le défi réel du solaire. Trimtab
voir les études sur le « smartgrid » américain, quels que soient les modes de stockage, ils sont tous envisagés et objets de projets pilote. chacun ayant ses spécifités propres de temps de réponse et de puissance stockée, des batteries aux roues d’inertie, hydrogène, chaleur, froid, air comprimé, step, etc, … ces stockage, du fait du surplus coût initial (mais ce peut être un investissement rentable si l’énergie restituée est payée au tarif fort), sont malheureusement bien trop souvent « oubliés » lors de l’implantation d’ ENR !
ok, donc a l’heure actuelle, on est d’accord, le nuke est utilisé en base. Si un jour l’EPR finit par entrer en service, alors d’apres ce que vous dites (je l’ignorais honetement), cette cocotte aura la capacité de s’adapter. 70Mw/min d’ajustement, effectivement on doit etre au niveau de l’hydro (STEP). Au passage, 3.7GW d’Eolien en ce moment, soit disant dans les periodes de grand froid on a pas de vent… et que ceux qui sont connectés depuis la PACA coupe leur frigo ce soir.
et oui, à quand un frigo capable de récupérer les frigories gratuites en hiver, plutôt que de consommer notre trés chère électricité ;o)
Non, le nucléaire en France est utilisé en semi-base. La preuve : – La production nucléaire était de 53GW ce matin à 1h -Elle est descendue à 38GW vers 9h. – Elle est remontée à 47GW vers 19h. Soit une variation d’en gros 25% durant la journée. Les centrales nucléaires ont été conçues pour faire cela dès le palier 900MW CP1 (1975).
Desole, la pointe vers 19 a 20h a lieu quand il n’y a pas de soleil, surtout l’hiver quand on a le plus besoin (a peu pres maintenant ou dans une demi heure !). Il faut que vous alliez reviser le probleme de la demande, je suis dans le metier et je confirme ce que j’ecrivais
les REP (sauf les 6 premiers, 2 Fesenheim et 4 Bugey) sont aussi capables de faire du suivi de charge que l’EPR. Mais faire du suivi pour s’accommoder a la production de l’eolien est un non sens economique même s’il est parfaitement faisable techniquement, moduler en baisse le nucleaire quand il y a beaucoup de vent ne fait qu’economiser de l’uranium, or celui ci a un faible impact sur le prix de l’electricite, par ailleurs produire moins avec le nucleaire revient a amortir la centrale sur une plus faible production, or l’amortissement est le principal parametre de cout pour le nucleaire. Donc si production plus faible due a l’ajustement mais investissement identique, cela revient a augmenter la partie amortissement par kWh. Une fois l’investissement fait, une centrale nucleaire a interet (economiquement parlant) a fonctionner tout le temps a pleine puissance. Voir les centrales US qui fonctionnent ainsi (parfois avec même des augmentations de puissance par rapport a leur puissance nominale d’origine) et ont atteint des coûts de fonctionnement tres bas.
Chelya, vous pouvez vous contorsionner tant que vous voulez, les pointes de consommation ont lieu chaque jour vers 9h et vers 19h : Et le PV ne répond pas à ces pointes là, hiver comme été.
@Rouget et @Kaboo45 : étude comparative un peu ancienne mais intéressante de 2009 par RWE. La page clé est la 69, où l’on voit que le nucléaire est le plus flexible (après l’hydro), y compris devant les CCGT, dont le gradient est limité à 38 MW/min, et surtout qui peut être maintenu moins longtemps (PN inférieure). Pour Kaboo, je ne suis pas dans le métier, et les infos qui font la compétitivité d’un opérateur sont stratégiques, et donc pas accessibles pour tout le monde. Dans les bons bouquins d’exploitation de coeurs REP -déjà anciens- on trouve des infos du genre : 1/3 du parc fait du suivi… (Cf. la collection INSTN, Reuss déjà cité). Si vous avez plus d’éléments non confidentiels, je prends. Mais peu importe : mon propos c’était de dire que ENR et EPR sont complémentaires (ça fait un joli slogan). @Sand : ce que j’affirme est dans le rapport préliminaire de sûreté, public, chapitre 1, paragraphe 5. Puisqu’on vous dit que le nucléaire est transparent ! PS: personne ne m’a répondu sur les 20 000 emplois maximum générés par le PV… ce qui est le sujet de la brève.
Il est précisé dans l’article que la main-d’oeuvre ne représente que « en réalité qu’une faible proportion, à peine 2% des coûts globaux. » Cela signifie que les emplois sont très majoritairement en amont (les sous-traitants et fournisseurs). Il reste ausi les emplois en aval. Au total, vu le coût exorbitant du PV, il doit bien y avoir beaucoup d’emplois quelque part.
Cest l’article, non? Oserais je dire que parmi les 50% de pays atteignant la « parité réseau », on souhaite que a Chine en fasse partie. Au moins là, on est sûr que ça économisera des émissions de CO2 importantes compte-tenu de la structure du parc de production Chinois. Il n’y a rien d’ironique dans mes propos: les fabriquants chinois se sont développés grace aux subventions des pays ( des consommateurs) européens dont notamment l’Allemagne, subventions qui en ces temps de crise vont avoir tendance à se réduire. Je souhaite donc à l’industrie PV chinoise de trouver de nouveaux débouchés notamment sur son marché intérieur, ça permettra peut-être à certaines boites européennes de survivre…