Soitec a anoncé mardi la signature d’un contrat d’achat d’électricité portant sur la production de sa future centrale solaire photovoltaïque à concentration de Touwsrivier, implantée en Afrique du Sud.
Basée dans la province de Western Cape, à proximité de la réserve Aquila Private Game (où Soitec a déjà construit un site pilote), la centrale de Touwsrivier représentera à terme une puissance de 44 MWc. Sa construction devrait s’achever au cours de l’année 2014, les premiers modules installés devant être opérationnels mi-2013.
"L’approbation du contrat d’achat d’électricité par le Ministère sud-africain de l’Energie et sa signature avec la compagnie nationale Eskom représentent un cap majeur pour le développement de notre activité en Afrique du Sud, mais aussi à l’international. Il témoigne de la pertinence de notre technologie photovoltaïque à concentration dans les zones à fort ensoleillement. Grâce à la force de notre innovation et à notre expertise industrielle, nos modules présentent en effet un rendement de près de 30% et une longévité optimale" a déclaré Gaetan Borgers, Vice-Président Exécutif de la division Energie Solaire de Soitec.
Cette signature marque une avancée décisive du projet soumis par Soitec dans le cadre du premier appel à projets auprès des producteurs d’énergie indépendants (IPP) du Ministère sud-africain de l’Energie, pour lequel Touwsrivier avait été pré-selectionné en décembre 2011. La signature du contrat d’achat d’énergie va en effet permettre à Soitec de mener les actions pour la mise en place d’un refinancement et déclencher la construction de la centrale.
Selon le plan de ressources intégrées (Integrated Resources Plan – IRP 2010) lancé par le Ministère sud-africain de l’Energie, 42% de l’électricité produite dans le pays proviendra de sources renouvelables en 2030.
Le programme IPP prévoit l’installation de 3.725 MW de renouvelables, dont 1.450 MW de photovoltaïque. Au total, 18 projets solaires photovoltaïques (sur 28 projets renouvelables) ont été sélectionnés à l’issue de la première phase d’appel à projets.
"Nous sommes très honorés que notre projet de Touwsrivier soit l’un des premiers choisis par le Ministère sud-africain de l’Energie. Notre technologie photovoltaïque à concentration permet d’exploiter une source d’énergie immédiatement disponible, renouvelable et décarbonnée. La prise en compte des implications socio-économiques locales est également l’un des axes forts de notre démarche. La politique énergétique du gouvernement sud-africain est ambitieuse et doit être saluée. Je suis heureux que nous puissions contribuer à l’atteinte de ses objectifs" a conclu André-Jacques Auberton-Hervé, Président Directeur Général de Soitec.
Petite actualisation, l’Afrique du sud vient de quasi doubler son objectif ENR de 2020 en ajoutant 3200 MW aux 3750MW déjà prévus : Soit 7000MW au total, sachant que le mix actuel en Afrique du sud comporte 43 000MW de puissance totale.
BRAVO l’AFRIQUE DU SUD ! Il y a de l’espoir… mais qu’en est-il ailleurs en Afrique ? Le deuxième plus grand pays africain (économiquement) est le Nigéria, avec une population de 160 millions d’habitants aujourd’hhui. Et seulement 4000 MW de puissance distribuée en réseau. Le meilleur pays pour les vendeurs de générateurs indépendants. Car la puissance installée doit avoisinner les 50.000 MW ! Mais ce ne sont que des générateurs indépendants nécessaires pour compenser le manque de réseau, que chacun utilise parcimonieusement en y mettant quelques litres de fuel chaque jour. Nous avons de la « chance » en France. Pouvez vous imaginer avoir l’électricité 1 ou 2 heures par jour, et encore à 160 V au lieu de 240V ? Générateurs, UPS et autres systèmes de protection nécessaires ! Bonjour la pollution carbone ! Cet immense pays vient d’être touché par des inondations exceptionnelles…pas à l’abri du changement climatique ! Et pour couronner le tout, ce grand exportateur de pétrole brut doit importer ses carburants car leurs propres raffineries ne fonctionnent plus qu’à 30% par manque d’entretien et corruption. Ce sont des faits bien connus et dans la presse, car le Nigéria est aussi une grande démocratie qui essaye de se redresser malgré des tensions ethniques et religieuses bien entretenues. Les Nigérians sont des gens très accueillants et éduqués, au contraire de l’image véhiculée internationalement. Un programme de privatisation de la production et de la distribution d’énergie vient d’être lancé. C’est vraiment ce qui leur faut pour rattraper le manque de production énergétique. Principalement Indiens, Chinois et Nigérians sur les rangs, Etat par Etat dans ce pays fédéralisé. Tarifs réglementés par leur Commission nationale de l’Electricité. de 5 à 18 nairas, càd 3 à 10 €cent/kWh. Difficile de proposer les énergies renouvelables avec ces prix de « marché ». Et bien sûr pratiquement aucun programme d’énergie renouvelable si ce n’est à la marge. Des barrages, des éoliennes et du solaire, tout est propice dans ce pays réellement béni par la nature. Et surtout le photovoltaïque ! Simulation sur cristallin: disons 1000 kWh/kWc en Europe (Paris) et… de 1300 (Lagos) à 1650 (Madjuguri) kWh/kWc dans ce pays, avec une inclinaison proche de l’équateur càd à 15°, d’où grande densification possible des terrains. Bon, faut trouver des terrains sécurisés quand même, et à proximité des villes. Les aéroports par exemple ?… Les représentations internationales – Nations Unies, Europe, etc et également Banques de Développement – inscrivent toutes évidemment l’Energie comme une priorité à leurs programmes… avec très peu de résultat. Voilà un pays qui va s’équiper d’un équivalent de 30 tranches nucléaires tout au fossile (gaz, fuel), et je suis sidéré que les énergies renouvelables n’aient pas été promues comme en Europe, par exemple directement en se donnant un pourcentage de 20% comme objectif !!! Des milliers de MW vont s’investir à neuf dans ce pays, et le renouvelable est pratiquement ignoré. Mais que fait-on au niveau mondial pour éviter que les pays en développement tombent dans les mêmes ornières que les nôtres ? Bien sûr c’est une question de coût au kWh produit. Mais quel est le coût carbonné ? On le sait, de l’ordre 600 à 800 gr CO2/kWh. Et un réchauffement climatique. Moi ca me laisse pantois. B API de passage à Abuja
~ Une étude officielle sud-africaine publiée au début 2011 estimait les coûts de construction « overnight » (en une nuit, sans frais financiers) d’une centrale électrique selon les différentes technologies disponibles. Le résultat est le suivant, converti en euros par kW installé. Les valeurs pour 2015 et 2020 (mais c’est trop tard pour 2015 pour le nucléaire et le charbon propre). 2015 – 2020 – source 1.400 – 980 – solaire photovoltaïque cristallin 1.640 – 1.280 – solaire thermodynamique avec stockage 3 heures 2.460 – 1.920 – solaire thermodynamique avec stockage 14 heures 1.310 – 1.250 – éolien 2.130 – 2.060 – charbon propre IGCC 2.700 – 2.680 – nucléaire Les chiffres parlent déjà d’eux-mêmes, mais entre-temps le coût du PV baisse plus vite que prévu et le coût du nucléaire a augmenté. Question soleil, l’Afrique du sud est semblable au nord de l’Afrique.
par « les chiffres parlent d’eux-mêmes »? Loin de moi l’idée que le solaire ( ou l’éolien) en RSA ne peut pas être une partie de la solution aux problèmes toujours énormes d’électricité, mais ne comparez pas des prix au kW installés d’un moyen intermittent et d’un moyen de base, ça n’a aucun sens.
Le jeu de mots est déplacé (parce que l’Afrique noire n’est pas au sud !) mais cela sied si bien à l’Afrique du Sud électrogène. Si vous voulez avoir une idée du mix électrique de ce pays, voyez ce document d’ESKOM : Nous avons d’ailleurs déjà parlé de MEDUPI et KUSILE, deux gigantesques centrales à charbon de 4 800 MW chacune :
~ Comme chacun a pu le constater, il est aussi question de solaire thermodynamique (ou à concentration) avec stockage d’une durée variable, de 3 ou 14 heures ici. La durée du stockage d’énergie influe sur le prix, mais ne soyez pas étonné d’avoir de l’électricité solaire en hiver à 2 h du matin. Dans le cas le moins favorable, le 23 juin (hiver austral), le soleil se lève à 6h55 et se couche à 17h25 à Johannesbourg, la plus grande agglomération du pays. Si l’on est encore plus restrictif en considérant la seule production solaire entre 8h30 et 16h30 ce jour là, un stockage de 14 heures est largement suffisant, d’autant plus que la consommation est limitée la nuit et qu’il y a d’autres sources d’électricité renouvelable, jour et nuit. La journée, aux heures de plus grande activité et de plus grande consommation, le solaire photovoltaïque peut apporter une bonne contribution et il en est de même pour pour l’éolien, l’hydraulique et d’autres. Bien sûr, on ne remplacera pas les deux réacteurs nucléaires de Koeberg (environ 12,5 TWh/an à eux deux), ni les centrales à charbon en 10 ou 20 ans. Mais l’élimination complète du charbon et du nucléaire est possible dans ce pays bien ensoleillé et bien venté.
« mais l’élimination complète du charbon et du nucléaire est possible ». Tout est possible. Suffit juste d’avoir l’argent pour. En attendant, vou m’excuserez, mais je ne connais pas encore beaucoup de projets solaires avec stockage de 14h00, et je connais encore moins leur prix (au MW installé et au MWh produit). Maintenant, si vous avez des infos fiables….
~ Le Lesotho, pays montagneux grand comme la Belgique (le plat pays, au moins pour les Flandres) et enclavé dans l’Afrique du sud, réserve d’électricité hydraulique vendue a son grand voisin, est aussi un pays très bien pourvu en vent. Avec l’aide de la Chine, ce pays se dote d’une capacité de 6.000 MW d’éolien couplé à 4.000 MW de STEP. Cela permettra d’avoir de l’électricité éolienne et hydraulique à la demande, qui, pour l’essentiel, sera exportée pour couvrir 5% des besoins de l’Afrique du sud. Quand les petits pays pauvres aident les grands pays riches.
Merci pour cet exemple peu connu et très encourageant, à quand la même chose en Europe avec l’hydro scandinave (50 000MW quand même) et des parcs éoliens terrestres ainsi qu’en mer du nord et en mer baltique? y’a de quoi lisser la production d’un paquet d’éoliennes avec un modèle économique qui rémunère les MWh hydro immobilisés… via une taxe sur les GES par exemple…
Si vous voulez inventer un modèle économique de la complémentarité de l’hydro et de l’éolien scandinaves via une taxe sur les GES, ça va quand même avoir des limites, non?
Bien sûr, mais vous voyez une autre solution que la mise en place d’une fiscalité écologique pour limiter nos émissions de GES? Même si l’on veut développer le nucléaire il en faut une, le nucléaire ne peut plus être compétitif face au gaz et ne l’a jamais été face au charbon.