Une initiative industrielle unique destinée à développer, à partir des déserts du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA), un approvisionnement en énergie solaire est en train de prendre forme.
Les statuts de la société DII GmbH ont été signés vendredi dernier à Munich par le groupe des membres fondateurs composé de douze sociétés et de la Fondation DESERTEC.
Le travail de DII consistera à réaliser une analyse approfondie et à mettre en place une structure pour les investissements destinés à l’approvisionnement de la région MENA et de l’Europe en électricité produite à partir des sources d’énergie solaire et éolienne. L’objectif à long terme est de satisfaire une part substantielle des besoins en électricité des pays de la zone MENA et de répondre à hauteur de 15 % à la demande d’électricité de l’Europe d’ici à 2050.
Ce projet pharaonique recquiert toutefois un financement à la hauteur de ses ambitions avec un coût estimé à 400 milliards d’euros, dont 50 employés à la mise en oeuvre d’un réseau électrique jusqu’en Europe.
Les déserts de notre planète reçoivent en 6 heures plus d’énergie solaire que n’en consomme l’humanité en toute une année. C’est pourquoi, la raison d’être du projet Desertec reviendrait à savoir "comment transformer économiquement cette énergie rayonnante en énergie utilisable et transportable jusqu’aux consommateurs."
Des études effectuées par le Centre Aérospatial Allemand (DLR) montrent que les centrales thermiques solaires pourront, surtout dans les régions désertiques, couvrir dans les 40 ans à venir plus de la moitié des besoins énergétiques nécessaires sous forme d’électricité de la région EUMENA (Europe, Moyen Orient, Afrique du Nord) d’une manière économique.
Il suffirait, pour couvrir les besoins mondiaux actuels en électricité de 18 000 TWh / an, d’équiper trois millièmes seulement des 40 millions de km2 des surfaces désertiques de notre planète en centrales thermiques solaires dotées de champs de capteurs paraboliques ou de collecteurs. Il suffirait de 20 m2 de désert par personne pour couvrir jour et nuit, sans émissions de CO2, les besoins en électricité d’une personne. Si les pouvoirs publics étaient prêts à créer les conditions d’encadrement nécessaires à un tel projet, il serait possible dans un délai de moins de 30 ans de concrétiser à l’échelle mondiale le concept DESERTEC.
Selon DESERTEC, comme les lignes de transmission modernes en Courant Continu Haute Tension (CCHT) permettent de transporter le courant avec des pertes inférieures à 3% par 1.000 km de distance, plus de 90 % de l’humanité dans des rayons jusqu’à 3 000 km pourraient en profiter. Toujours selon les calculs du DLR, les coûts estimés pour la construction de 20 lignes de 5 GW chacune s’élèverait au total à environ 45 milliards d’euros.
Les pays qui disposent aujourd’hui encore de pétrole et de gaz naturel se doteraient ainsi d’une ressource supplémentaire qui les rendrait indépendants des périodes de crises. Le concept DESERTEC proposerait aux pays européens, une option supplémentaire face aux ressources énergétiques fossiles, tels que le gaz naturel et le charbon, et permettrait de réduire la dépendance de ces derniers.
"Nous pensons et sommes même fortement persuadés que la vision du concept DESERTEC constitue le pivot de la transition vers un approvisionnement durable en énergie dans les pays de la région MENA et en Europe. L’heure est maintenant venue de faire de cette vision une réalité. Pour y parvenir, une coopération intensive entre les différentes parties et cultures impliquées est nécessaire afin de pouvoir créer une base solide pour la réalisation d’investissements dans les technologies touchant aux énergies renouvelables et aux réseaux électriques interconnectés. DII se concentrera principalement sur les conditions économiques, techniques et réglementaires qui doivent être remplies pour que la mise en oeuvre du projet soit une réussite. Les premiers projets de référence nous permettront de tirer des enseignements qui nous serviront pour les plans qui seront lancés par la suite par DII et les autres parties impliquées. », a déclaré le directeur fraîchement promu, Paul van Son.
Depuis l’annonce de sa création en juillet, DII a reçu le soutien d’un très grand nombre d’institutions politiques et gouvernementales dans la région MENA et en Europe. Il est ainsi prévu par exemple que DII collabore étroitement avec le Plan Solaire Méditerranéen (PSM), une initiative lancée en 2008 par la présidence française du Conseil de l’Union européenne dans le cadre de l’« Union pour la Méditerranée ». Le Plan Solaire Méditerranéen vise à la création d’un nouvel équilibre dans les relations nord-sud basé sur le développement de projets énergétiques durables. Les deux initiatives – initiative politique pour le PSM et initiative privée pour DII – partagent des objectifs similaires et peuvent donc s’apporter un soutien mutuel.
Plusieurs entreprises se sont associées pour créer DII : ABB, ABENGOA Solar, Cevital, la Fondation DESERTEC, Deutsche Bank, E.ON, HSH Nordbank, MAN Solar Millenium, Munich Re, M+W Zander, RWE, SCHOTT Solar et Siemens. Dans un avenir proche, d’autres sociétés de différents pays rejoindront DII en tant qu’associées ou partenaires, afin d’élargir la base du soutien apporté par les pays de la zone EUMENA. Les bureaux de DII seront situés à Munich.
Tous les signataires de DII reconnaissent la nécessité d’introduire des mesures efficaces de protection du climat. Torsten Jeworrek, membre du Directoire de Munich Re, s’exprimant au nom des membres fondateurs de DII, a ainsi déclaré : "La question n’est pas de savoir si l’on devrait faire quelque chose, mais comment on peut réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et comment parvenir à ce but de façon intelligente, de sorte qu’il en résulte une situation gagnante à la fois pour l’environnement et pour l’économie. Dans la perspective de l’important Sommet de l’ONU sur le climat qui se tiendra à Copenhague, cette initiative du secteur privé démontre que l’exploitation des potentiels d’affaires est conciliable avec des objectifs de développement durable."
Ce projet rentre dans le concret avec pour objectif de faire. Desertec se donne les moyens avec ce consortium de sortir des idées et bonnes intentions pour FAIRE. Le temps presse et le réchauffement climatique est une réalité ; Celà réclame maintenant que tous les états soutiennent cet initiative ! … à suivre
J’étais en Allemagne en mai 2009 (à Ulm) quand le consortium allemand en a fait une « Gross sortie » dans la presse allemande. Certains commentateurs n’ont pas parlé du risque financier de l’affaire, mais du risque « politique ». Comme on peut le voir sur la carte présentée, ce projet est implanté ou traverse de nombreux pays instables politiquement. La presse allemande est en quelque sorte inquiète de voir se renouveler à grande échelle les coupures de founitures d’énergie (type interruption en Ukraine de l’alimentation du gaz russe ces hivers derniers). Ceci dit Siemens, le champion des lignes THT à courant continu (1 million de volts sur 3000 km) est ravi du projet. Si ensuite le courant est coupé, ce n’est pas son problème, mais celui d’Angela Merkel ou de son successeur.
Il est très difficile d’estimer les chances de ce vaste projet. Vu la technologie principale utilisée en afrique (CSP) on sait qu’on risque des problèmes d’accès à la ressource en eau (de nombreuses centrales seront très à l’écart d’une mer) et d’être contraint à une exploitation insoutenable de l’eau souterraine fossile. En même temps on a probablement de vastes nappes d’eaux souterraines salées qu’on pourrait extraire partie pour les centrales et partie pour les besoins locaux. Je n’oublie pas non plus que l’air de désert contient de l’eau qu’on pourrait extraire au petit matin, même dans des endroits peu propices.Le risque de coupures demeurera dans tout futur prévisible mais peut être minoré par les co-intérêts locaux de préserver la ressource (une part de l’électricité ira aux collectivités locales). Son plus grand concurrent me semble être le projet européen de développement massif de l’éolien off-shore avec l’arrivée prévisible sur 20 ans de moyens très importants de stockage de l’électricité. Par ailleurs nous avons une ressource solaire en europe (avec un beau potentiel en surfaces déjà « urbanisées ») et qui ne peut que s’améliorer avec les rendements du PV, comme les moyens de stockage de la chaleur (MCP par ex). Son atout majeur est d’être locale et bien plus sûre (sans parler du volet majeur de création d’emplois pour l’installation/maintenance). Je n’ai que des doutes résiduels sur la capacité de l’europe à être totalement indépendante sur le plan énergétique d’ici quelques décennies (et à 100% via les renouvelables, une position délicate mais que j’assume aux travers de mon brin du culture sur le sujet). Desertec à ce titre me semble plus emblématique d’une vision politique de notre avenir énergétique qu’un concept incontournable. Les fabricants de câbles HVDC vont avoir beaucoup à faire en baltique et mer du nord si les voeux de l’EWEA sont réalisés par l’europe. Ils déserteront le navire en premier. Quand aux fabricants de centrales CSP, leur influence est proportionnelle au poids prévisible de la filière en europe (dérisoire par rapport aux poids lourds de l’éolien). Je ne miserai pas lourd sur l’avenir du projet.
les éminents spécialistes qui postent régulièrement sur ce site, pourraient-ils m’expliquer/confirmer que le PV pour être une Enr présente deux grands défauts environnementaux : 1/ la nécessité d’utiliser de l’eau en quantité pour refroidir (on parle de centrales, pas d’équipements pour particuliers) Or l »eau est LA question environnementale mais surtout sociale dès maintenant et dans les années à venir 2/ L’excès de chaleur dégagé par le PV ne va t il pas être responsable d’un accroissement du réchauffement climatique, anthropique pour le coup ? Voir déjà l’effet des ilôts de chaleur urbaine, que sera-ce avec les centrales PV gigantesques. Et le fait qu’elles seront situées dans des régions désertiques ne me semble pas un facteur minorant ! Merci de m’éclairer (sans me brûler, merci)
De ce que j’en saisis, le solaire thermique peut aussi fonctionner sans eaux (concentrateurs a base de sels, moteur sterling avec recuperation de la vapeur…). Enfin, face a la manne financiere que represente ce projet, je doute que les pays nord africains se comportent comme la russie. L’exemple de l’arabie saoudite, partenaire petroliers fiable des US depuis plus de 50 ans, offre une autre vision de la situation.
Des projets tels que DESERTEC sont l’expression même de ce qu’il faut faire pour notre avenir ‘énergetique’ de TOUS car ils regroupent des idées de tous les principles suivants: 1: Besoin d’interconnections vastes et ‘trans frontières’ de nos reseaux des distribution d’électricité afin de ‘mutiliser’ au mieux l’énergie produite et d’aider à ‘lisser’ des pointes de consomation, non seulement (d’une facon ‘nombrilistique’ ) à l’echelle d’un état, mais à l’echelle d’un continent voir le monde, car d’est en ouest et du sud au nord, sur plusieurs milliers de kilometres, des décalages de pointes de consomation sont énormes. Voir http://www.geni.org 2: Developpement de TOUTES les energies renouvelable, la ou elles se trouvent (ie solaire dans les deserts, vent en mer etc) en les ‘injectant dans ‘le réseau commun’ à l’echelle d’un continent, voir la planète ! 3: Ce n’est qu’ainsi qu’on peut esperer ‘electrifier’ l’afrique, l’inde, l’amerique du sud etc et apporter un ‘bien être’ énergetique à ces 1,5 millards etres humains qui n’ont pas encore acces au moindre de kilowatt. 4: C’est ainsi aussi qu’on encouragera les ‘coopérations’ economiques et politiques afin d’aller vers des actions ‘pour le bien de tous’, et donc d’une reduction des ‘sources de conflits’ de toutes sortes. Pour ceux qui sont sceptique, sur ‘l’utopisme’ d’un tel ‘World Energy Network’, un ‘SUPER SMART GRID’ (evoquer si souvent depuis peu) sachez toutefois qu’il y a déja plus de 50 pays au monde avec des interconnexions de reseaux avec ses pays voisins, et par ces ‘interconnexions’ et ‘echanges transfrontaliers’ il n’est pas impossible déja que quelque kw produits quelque part en mer au large de la Norvège soit ‘consommé en finale’ à BERLIN, MOSCOU, ou encore plus loin ! Et avec une liason AFRIQUE-EUROPE, par le detroit de Gibraltar, ou USA-RUSSIE par le detroit de Berring, ça laisse reveur sur l’identité de ‘l’utilisateur final’ des kw Eoliens produits au large de la Bretagne un jour de tempête, ou des kw DESERTEC solaires du Sahara ou du Desert de Gobi en Chine, du Hydroelectrique du Canada, ou……. Et pour ceux qui sont sceptique sur la ‘sécurité’ et ‘interdépendance’ d’un tel réseau, et sa ‘vulnérabilité’ face aux ‘actes de malveillance’, poser vous la même question sur non reseau planétaire qui est INTERNET. Est que ‘ça saute’ sans cesse à cause de ‘l’instabilité géopolitique’ de la planète, ou d »acte de malveillance’ sur un des ‘comoposants stratégique’ du réseau? NON ! En cas de ‘problème’ quelque part dans le monde, les raminifications du ‘reseau’ permet de ‘contourner’ le ‘problème’ en attendant sa resolution (technique, economique ou politique). Le plus vaste le reseau, le plus qu’il y a d’interconnexions, le PLUS SUR la sécurité GLOBAL de sa fonctionnement. Et pour ceux qui sont sceptique sur le ‘coût’ d’un projet tel que DESERTEC (400 millards d’Euros), Notez que le buget mondial militaire pour 2008 dépasse des MILLE MILLIARDS de Dollars. Donc avec moins de LA MOITIE de ce buget POUR 1 AN, on pourrais donner de l’énergie electrique à une moitié de la planète pendants des DECENNIES ! Nous avons la technologie pour faire du DESERTEC, nous avons des moyens pour le faire. Alors YES WE CAN ! Ou plutôt YES WE MUST ! Il n’y a pas une crise d’énergie, juste une crise d’ignorance ! (Bucky Fuller vers 1950 !). Trimtab
LES CONCENTRATEURs SOLAIRE PEUVENT meme FOURNIR DE L’EAU EN Désalinisant l’eau de mer
Le stockage le plus sérieux à l’heure actuelle est le stockage gravitaire (pompage de l’eau versun bassin supérieur puis turbinage à la demande). Les Suisses au centre de la plaque électrique européenne (UCTE) sont les champions. Je vous conseiile de consulter le site EDF R&D de Clamart (printemps de la recherche mai 2009. On pense aussi au stockage par air comprimé, mais le rendement est médiocre (en raison des pertes par échauffement du fluide à la compression). On pense aussi aux batteries particulièrement dans les sites isolées comme les Iles Canaries ou du Cap Vert. Dans ce domaine, toutes srtes de techniques sopnt utilisées ( cf le site Web EDF ci-dessus). Mais tout ceci coûte très cher. On ne fait que s’il y a des gains financiers substantiels. Pour ceci les Suisses sont les mieux placés.
Entierement d’accord av. vos reflexions et vos infos ….d’ailleurs ts. ces pre-projets sont les fruits de DECENNIES de recherches fondamentales sur les materiaux en ts. genres , tres souvent initiees pour le NUCLEAIRE ( et le CEA n’est pas du tout le seul la-dedans ! ) , helas souvent pour le militaire …et sont donc issus + ou – directement des SUBVENTIONS accordees a ce milieu de la R&D de pointe ! N’en deplaise a tous ceux qui ne veulent pas le voir ni le savoir ! Bon vent a tous , les voies du Seigneur sont impenetrables ( et ns. semblent souvent tortueuses , car en fait c’est un sacre farceur qui ns. met sans arret devant nos propres contradictions et ceux de nos foutus dogmes en ts. genres ! Et c’est tres tres bien ainsi , non ? )
Je viens de voir votre commentaire (très occupé, en témoigne la rareté de mes interventions récentes). Déjà en science tout domaine peut en féconder d’autres a priori fort éloignés (voyez l’enzyme tirée d’une bactérie hyperthermophile utilisée dans la PCR pour identifier la présence du VIH…). Nous vivons une époque charnière sans en être pleinement conscients (nous sommes dedans donc la vision extérieure nécessite une gymnastique), celle du basculement dans ce que j’appelle « l’ère solaire », un changement majeur de nos sources d’énergie et de notre système de production énergétique. Les énergies fossiles posent trop de problèmes (même si l’énergie nucléaire a encore un potentiel remarquable) et ces nouvelles sources d’énergie primaire (vent et soleil par ex) sont en volume et en durée illimitées à notre échelle.Ce qui est limité est l’état de notre art dans leur capture. La perspective offerte par les moyens de stockage en développement c’est celle de récolter des kwh éolien et solaire par ex et de les stocker aussi aisément qu’on stocke du bois pour l’hiver changeant radicalement les inconvénients des énergies fatales, intermittentes, voire aléatoires… Batteries thermiques et/ou électriques à domicile, batteries de stockage pour le réseau aussi volumineuses que des piscines olympiques. Mais comme je le disais plus haut l’éventail des solutions explorées donne le vertige. On développe par ex des batteries délivrant de faibles quantités de courant durant des décennies (on pourrait envisager le siècle). Sur Terre (comme au ciel) on leur trouvera un usage. It’s a great time to be…