Cafouillage et drame politique auront marqué l’épisode concernant le forage des eaux profondes en Guyane entre l’une des représentantes du gouvernement, Nicole Bricq (ex. ministre de l’Ecologie et de l’Energie, désormais Ministre du Commerce extérieur) et certaines compagnies pétrolières dont Shell.
Le 13 juin 2012, les autorités françaises avaient indiqué qu’elles ne remettaient pas en cause la recherche sur les gisements guyanais, mais réformeraient en profondeur le code minier. Cette "remise à plat des permis concernés" aurait alors eu pour conséquence une suspension des projets exploratoires du pétrolier Shell qui devaient démarrer fin juin.
Trois jours plus tard, le 16 juin, un communiqué commun émanant de Nicole Bricq et Arnaud Montebourg (Ministre du Redressement Productif) confirmait que le code minier allait bien faire l’objet d’une refonte "dans le respect des principes régissant l’investissement et la coopération internationale." Et d’ajouter : "Ils (NDLR : les ministres) vont également s’employer à rendre plus transparents les permis et les autorisations accordés."
Le 20 juin, deux arrêtés autorisaient la compagnie anglo-néerlandaise Shell à la fois, à démarrer comme prévu une campagne de forages au large des côtes Guyanaises, et à réaliser d’ici fin 2012, des études sismiques permettant de jauger réellement le potentiel du bassin de Guyane.
Le 22 juin, l’association France Nature Environnement (FNE) notait que le remplacement "rapide" de Nicole Bricq envoyait "un mauvais signal en ce qui concerne la prise en compte des enjeux environnementaux par la nouvelle majorité." Et de se poser des questions : "il est difficile de ne pas voir l’éviction de Nicole Bricq comme la conséquence possible d’un lobby efficace mené par l’industrie pétrolière. Il est vrai qu’en période de crise, le chantage à l’emploi est d’une redoutable efficacité."
Le 23 juin, le directeur délégué de Shell en Guyane confirmait que la campagne de forages allait pouvoir démarrer, certainement, "dans le courant de la semaine prochaine". De son côté, l’Union française des industries pétrolières (UFIP), par la voix de son président Jean-Louis Schilansky se disait soulagé tout en y voyant un "signe positif" pour la Guyane et la France.
Par ailleurs, l’ancienne secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts (EELV) a déclaré samedi que "les enjeux environnementaux en Guyane" seraient "réexaminés" par la nouvelle ministre de l’Ecologie, Delphine Batho. "Permettez-moi de vous dire un mot d’une polémique qui nous agite et nous préoccupe. Après la rumeur publique sur les permis de forer en Guyane, j’ai échangé directement avec le Premier ministre. Je lui ai fait part de la préoccupation des écologistes", a déclaré Cécile Duflot lors du Conseil fédéral d’EELV.
"La nouvelle ministre de l’Ecologie m’a assuré non seulement que tous les enjeux environnementaux en Guyane seront amenés à être réexaminés, mais ils m’ont assuré que la réforme du code minier mettrait un terme définitif au recours à la fracturation hydraulique et tournerait la page de l’histoire sur les gaz de schistes", a précisé pour conclure la nouvelle Ministre du logement.
Le 24 juin, l’ancienne ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM), a déclaré à ce sujet sur l’antenne de Canal +, que le gouvernement avait "cédé à la pression des pétroliers (…) Comme premier geste politique, (il) donne raison aux pétroliers contre la ministre de l’Ecologie".
Afin d’étayer cette affirmation, elle donne un exemple vécu sous l’ancien gouvernement de droite : "Quand j’ai proposé l’interdiction de l’exploration des gaz de schiste, je l’ai fait contre tous les pétroliers. Je peux vous dire qu’il y a eu des frictions dans tous les sens, et j’ai été soutenue par le président de la République."
Pourquoi forer si profond quand on voit qu’en cas d’accident de type DeepWater dans la golfe du Mexique, les « techniciens » ne maîtrisent rien, à l’image de toute technologie DANGEREUSE comme à Tchernobyl ou Fukushima. Et sauf à justifier ces forages par les gigantesques profits qu’ils vont générer, personne n’osera dire que l’on a besoin de ce pétrole si on a le courage de se poser la question de sa véritable utilité (que les lobby bien payés, ne manqueront pas de nous expliquer…) et de commencer enfin à imaginer comment faire sans eux. Car sauf erreur, en dehors de Rob Hopkins qui en plus de poser la question, a apporté des réponses, la grande majorité des décideurs économiques et politiques, eux-mêmes vivement interessés à la chose, n’ont bien évidemment aucun intérêt à y remédier….
»Pourquoi forer si profond?…. » Ayant travaillé pendant 12 ans chez Sclum dans l’exploration pétrolière, je peux dire que ce n’est pas par plaisir ou parce que les profits augmentent avec la profondeur qu’on fore si profond: c’est tout simplement parce-que certains réservoirs géologiques sont à ces profondeurs-là ! On peut viser des hydrocarbures type pétrole-huile , du gaz ou simplement des calories, comme dans le cas de la géothermie profonde, comme à Soultz-sous-Forêts (67). NB.: plus on va profond, plus la température augmente et plus la densité de l’hydrocarbure diminue pour un réservoir donné. Dans un même réservoir qd les 3 fluides sont là on trouvera tj l’eau en bas, l’huile au-dessus et le gaz encore au-dessus. Quant au pb du fracking ou pas fracking, il peut être requis pour améliorer la perméablité entre bulles de porosité et ainsi permettre aux fluides présents de circuler, et c’est souvent invoqué mais un vrai-faux pb car c’est avant tout un pb de QUALITE de CIMENTATION du casing, càd cimentation dans l’annulus entre tube et roche, du / des tubes concentriques qui traversent les zones réservoirs. La qualité du »bond » càd de la liaison »tubes-roches » se vérifie par des mesures d’atténuation accoustique, CBL et CET, l’une des spécialités de Schlum…et souvent un »nightmare » pour certains réglages pour l’ingénieur Schlum. Les lecteurs d’Enerzine, anciens Schlum, me comprendront. YA+KA systématiser et exiger ces »vérifications de Bond » par CBL/CET ou les outils d’après…en guise de preuve d’une bonne isolation des zones entre elles: un fracking dans ces (bonnes) conditions n’aura pas de méfaits! That’s it ! Qd c’est mal cimenté, les différentes zones, potentiellement à des pressions-réservoirs différentes, peuvent communiquer de la zone de pression plus élevée à la zone de pression plus faible. C’est vrai et applicable pour tous forages, les forages pour le pétrolier mais aussi les forages pour la géothermie, ainsi que les forages pour les puits d’irrigation! SCOOP: j’ai vu du coté de Pithiviers, il y a qqs années, dans un contexte de puits d’irrigation, des casings mal cimentés et des communications entre des zones de prod. d’eau pour irrigation et des zones où des inconscients injectaient des liquides-déchets-chimiques !!!! Donc, dire: »… ils m’ont assuré que la réforme du code minier mettrait un terme définitif au recours à la fracturation hydraulique », ce n’est pas la bonne approche, et de là à faire une fixation sur l’ensemble de la filière »forages », il faut savoir raison garder. cqfd A+ Salutations Guydegif(91)
Guydegif, vous semblez connaître bien le « milieu ». Alors j’ai quelques petites questions: Si effetcivement le fracking ne semble pas être trop un problème dans la mesure où c’est la cimentation du casing (et sa qualité) qui assure la sécurité du puit pour éviter tout flux d’eaux souillées dans les nappes saines, qu’en est il de la resistance du ciment (aussi bon soit il) aux activités sismiques naturelles et différents glissements sous terrains liés aux activités de forations??? Et bien sûr aussi sur sa longévité dans l’hypothèse où la zone n’est pas exposé aux seismes. Qu’en est il de la poche de gaz (on parle de fracking donc j’imagine qu’il s’agit de gaz de schiste) une fois alimentée par les produits injectés?? La poche est elle étanche??
… bête à en pleurer cette course aux profits, même habillée bien politiquement correct par une semantique de techniciens initiés – J’espere simplement que ces coupables et pas responsables (et vice versa) seront à la hauteur et sauront assumer leurs actes lorsque ces plans foireux … fuiront – Je sais que c’est un voeux pieux mais bon…
Je vais essayer de répondre à vs questions du post de heir 07:26:49 – »…résitance du ciment aux activités sismiques et glissements »: résistance de même nature que les roches voisines, si bien fait et bien solidarisé. – »…longévité du ciment… »: en fait, on devrait parler d’un »béton/mortier » comportant du ciment et d’autres composants tels du sable, des retardeurs ou accélérateurs de prise. Quant à la longévité de ce béton/mortier, donc, elle est similaire à celle d’un bon béton/mortier de qualité supérieure, dans nos bâtiments. – »…poche de gaz… »: il faut dire qu’en temps normal, les hydrocarbures (pétrole et gaz) sont dans les »pores » des roches, la facilité pour un fluide de circuler entre ces pores étant appelée la »perméabilité ». Un peu comme dans une éponge: des trous connectés dans un pavé. La notion de »poche de gaz » n’est pas naturelle dans les roches sédimentaires et correspond plutôt à une situation d’exception, qd après forage, il y a migration du gaz depuis les pores des roches vers la surface..Une poche peut se présenter comme un point de collecte gênant car potentiellement dangereux quand l’évacuation canalisée par les tubes (casing et tubing de production) ne s’est pas déroulée normalement. – »fracking » ne s’applique pas qu’au contexte »gaz de schiste » mais à tout contexte de roches et de fluides (typiquement Hydrocarbures, mais gaz, ou pétrole, liquide ou condensat), où la facilité de communication entre pores, donc la perméabilité, doit être améliorée, pour que le/les fluides puissent migrer…. Vrai donc aussi dans des réservoirs où les fissures naturelles entre les pores ont été obstruées par des sels minéraux déposés, ou faible porosité, où il faut »ouvrir » le passage, faire »fondre » ces sels minéraux…Pour »fracker » il faut mettre de la pression ! Souvent pour faire »fondre » des sels minéraux calcitiques on rajoute un peu d’acide au fluide qu’on pompe et injecte pour faire le »fracking »…. Applications: réservoirs HC / gaz, mais aussi réservoir-échangeur_calories pour Géothermie profonde….et zones de schiste (donc »argiles », roche-mère reconnues des HC)…donc »Gazdeschiste » ce n’est pas un »gros mot »….! cqfd A+ Salutations Guydegif(91)
Le collectif citoyen et apolitique “Or bleu contre Or noir”, siégeant à Cayenne, Guyane Française, s’élève contre ce projet. Nous demandons la suspension des activités pétrolières en cours, au large de nos côtes et un moratoire sur l’attribution de permis de recherche en mer, sur l’ensemble de la ZEE française.