Total a annoncé hier la suppression de 550 emplois dans ses activités de pétrochimie et de raffinerie, dans le cadre de deux plans de "consolidation et d’adaptation" de ses activités.
La branche ‘Raffinage Marketing’ du groupe a dévoilé un projet industriel d’adaptation de son outil de raffinage à la situation du marché. Selon le communiqué publié mardi, "ce projet consiste essentiellement à faire évoluer le schéma industriel de la raffinerie de Normandie, et à adapter certains des services centraux du siège parisien du Raffinage".
Une restructuration qui se traduira par la suppression de 249 postes à l’horizon 2013. Le groupe assure que chaque salarié concerné se verra proposé "une solution adaptée à sa situation personnelle, notamment en favorisant les reclassements internes."
Il s’agira de "rééquilibrer les productions au profit du diesel, dans un contexte de diminution de la consommation française de pétrole et d’excédents croissants d’essence", explique Total.
Un programme d’investissements de 770 millions d’euros sera consacré à la modernisation de la raffinerie et à sa reconfiguration de 16 à 12 Mt de capacité annuelle, tout en augmentant la taille du DHC, l’hydrocraqueur de distillats mis en service en 2006 pour la fabrication du diesel.
"Ces investissements permettront d’augmenter la production annuelle moyenne de diesel de 10 %, prévoit la compagnie, et de réduire les excédents d’essence de 60 %."
Dans le même temps, l’activité pétrochimique du groupe est elle aussi transformée, moyennant la suppression de 306 postes. le projet comprend des investissements de l’ordre de 230 millions d’euros, afin de "porter au meilleur niveau d’efficacité énergétique et de compétitivité le vapocraqueur et l’unité de polyéthylène haute densité (PEHD) à Gonfreville ainsi que de conforter la production de polystyrène (PS) à Carling."
Les unités structurellement déficitaires seront arrêtées : deux lignes de polyéthylène basse densité à Carling (Moselle) et Gonfreville (Seine-Maritime) et une ligne de polystyrène à Gonfreville.
Par ailleurs, à la suite de la dénonciation définitive par le client unique, du contrat de fourniture de butanol secondaire produit à Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime), Total Petrochemicals France se dit contraint de fermer ce site dédié à cette seule fabrication.
Réactions :
Suite à cette annonce, les réactions d’indignation se succèdent, qui mettent en avant le décalage entre les bénéfices de 13,8 milliards d’euros enregistrés par le groupe l’an dernier et cette annonce de suppression de postes.
Le secrétaire d’Etat à l’emploi a jugé ce plan "scandaleux", estimant que "dans cette période de crise, un groupe qui fait des milliards d’euros peut faire un petit geste pour 500 salariés en France." "Ils feraient mieux de corriger leur comportement rapidement", a-t-il prévenu.
Le PS, dans un communiqué, dénonce le "manque totale de solidarité et de civisme dans cette période de crise."
Le député Verts Noël Mamère a pour sa part estimé que "le gouvernement a les moyens d’agir sur Total de par ses participations."
Cité par le Nouvel Observateur, Jean-Paul Lecoq, le député-maire PC de Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime) où 200 postes seraient supprimés, estime lui aussi que "plutôt que de s’indigner, il faut utiliser les bénéfices de Total pour investir".
Il attend davantage de précisions sur la modernisation de la raffinerie de Gonfreville-l’Orcher : "Cette raffinerie est l’une des plus modernes de France. J’attends de connaître les éléments précis, mais s’il y avait des licenciements, ce serait en effet un scandale."
"Plutôt que de fermer des sites, il faut repenser leur avenir de façon à préserver l’emploi" a-t-il ajouté.
Ayons un minimum de cohérence entre les actions que nous faisons et leurs conséquences. Nous mettons en oeuvre tout ce qu’il est possible de faire pour réduire nos rejets de gaz à effet de serre. La conséquence est une moindre consommation de combustibles carbonés, et notamment de pétrole et des produits issus du raffinage. Donc moins de travail dans les raffineries. Il y a bien une relation entre les deux et il nous faut en assumer les conséquences. Ne soyons pas surpris si le raffineur ajuste ses effectifs à la consommation réelle. C’est sa responsabilité même si cela n’est pas souhaitable pour le marché de l’emploi. En revanche, voir quelques responsables politiques de tous bords faire assaut de démagogie sur ce sujet est trop facile. En tout cas cela montre qu’il est préférable de ne pas confier les entreprises aux politiques.