Comme pour l’ensemble de l’économie, le marché de l’énergie a connu des hauts et des bas en 2008. L’année aura notamment été marquée par la hausse record des cours du pétrole au premier semestre, puis par leur effondrement.
Selon l’étude annuelle du groupe BP, le Statistical Review of World Energy, il apparait que pour la première fois les pays émergents passent devant les pays de l’OCDE en terme de consommation d’énergie primaire.
"Le centre de gravité des marchés mondiaux de l’énergie a fortement changé, et ce, de manière irréversible en direction des pays émergents, et en particulier la Chine." a commenté le Directeur général de BP Tony Hayward. "Ce n’est pas un phénomène temporaire, mais un phénomène qui, je pense, ne fera que croître au fil du temps. Il continuera d’affecter les prix et d’apporter de nouveaux défis concernant la croissance économique, la sécurité énergétique, et le changement climatique."
"Ce changement amènera de la volatilité dans le court terme" prévient le dirigeant, "mais je ne doute pas que la diversité et la flexibilité des marchés modernes de l’énergie continueront de s’assurer que les approvisionnements énergétiques répondent à la demande de façon efficace et sans interruption."
Selon Christof Ruehl, économiste en Chef de BP, l’examen des données permet de constater que la sécurité énergétique a bénéficié du fonctionnement des marchés : "Permettre aux marchés de continuer à fonctionner librement et sans ingérence demeure essentiel pour gérer les inévitables hauts et bas des prix, vers lesquels nous tendons."
Réserves
A ce jour, les réserves prouvées de pétrole sont évaluées à 1 258 milliards de barils, en excluant les sables bitumineux du Canada. Soit suffisamment pour garantir 42 ans de production au taux de 2008.
Pour le gaz, une exploitation de 60 ans au rythme actuel serait envisageable, et 122 ans pour le charbon.
Consommation d’énergie primaire
Compte tenu des variations extrêmes de l’économie au cours de l’année passée, la consommation d’énergie primaire n’a progressé que de 1,4%, ce qui représente la plus faible hausse depuis 2001.
La Chine représentait à elle seule près de trois quarts de ce taux, alors que les pays développés enregistraient une baisse de la demande de 1,3%. Avec un record aux Etats-Unis depuis 1982 : -2,8 %.
Pétrole
En 2008, le prix moyen du baril de Brent s’est élevé à 97,26$, ce qui représente une hausse générale de 34% par rapport à l’année précédente. Mais cette moyenne annuelle cache de très fortes variations au cours de l’année. Les cours ont commencé l’année autour de 100$ le baril, pour atteindre un maximum de 144$ en juillet. S’en est suivie une chute, jusqu’à 40$ le baril à la fin de l’année, provoquée par la hausse de la production de l’OPEP et la baisse de la consommation. Sur l’ensemble de 2008, cette dernière a connu une baisse de 0,6%, soit 420 000 barils par jour. C’est le premier déclin survenu depuis 1993, et le plus fort recul depuis 27 ans.
Au premier rang de cette tendance figurent les pays de l’OCDE : 1,5 millions de barils par jour ont été retirés de leur consommation. En dehors de l’OCDE, la croissance de la demande se poursuit, mais à un niveau plus faible : 1,1 million de barils par jour supplémentaires en 2008.
Sur l’ensemble de l’année 2008, la production pétrolière a augmenté en moyenne de 0,4 %, ce qui représente 380 000 barils par jour. Cette hausse provient en grande partie des pays de l’OPEP.
Malgré la baisse des quotas fin 2008, la production moyenne de l’OPEP a augmenté de près de 1 million de barils par jour, soit 2,7 %. Le Moyen-Orient en est responsable à hauteur de 400 000 b/j, et l’Irak pour 280 000 b/j.
Hors OPEP, c’est à une baisse de la production que l’on assiste : la plus forte depuis 1994 avec 600 000 b/j de moins, soit 1,4%.
Cette baisse de production est particulièrement sensible au sein de l’OCDE, avec 4% de moins. Une baisse tirée par l’Amérique du Nord et l’Europe. Au Mexique, la production perd 310 000 b/j.
Gaz
La consommation de gaz a connu une croissance de 2,5 %, en dessous de la moyenne annuelle de ces dix dernières années.
La consommation américaine a enregistré une croissance de 0,6%, les prix restant bien inférieurs à ceux du pétrole. Dans le reste du monde, seul le Moyen-Orient a vu une croissance supérieure à la moyenne, conduite par une forte demande intérieure.
Les prix au sein de l’OCDE et en Asie Pacifique, indexés sur ceux du pétrole, ont augmenté plus rapidement qu’ailleurs. Conjuguée à la récession, la demande s’est par conséquent située sous la moyenne de croissance.
La plus forte augmentation de la demande mondiale est venue de Chine, où elle gagne 15,8%.
Du côté de la production gazière, 3,8% de croissance ont été relevés, un taux supérieur à la moyenne de ces 10 dernières années. Les USA ont enregistré leur plus important taux de croissance annuelle, dont 7,5% eu niveau de leurs ressources non conventionnelles.
Une hausse de la production est également observable au Qatar, au Danemark, aux Pays-Bas et en Norvège.
Charbon
Pour la 6ème année consécutive, le charbon est l’énergie qui a connu la croissance la plus rapide. Quoiqu’inférieure cette année à sa moyenne des 10 dernières années.
La Chine compte pour 85 % dans cette croissance, avec 6,8% contre 3,1% au niveau mondial.
Hors de Chine en revanche, la croissance de la consommation est restée faible, à 0,6%, conséquence de la hausse des prix.
Nucléaire
La production nucléaire a baissé pour la deuxième année consécutive, de 0,7%. Le plus fort déclin nous vient du Japon (-10%), suite au tremblement de terre de 2007.
Hydroélectrique
La production hydroélectrique poursuit ses bonne performances, avec une croissance de 2,8%. Là encore, la Chine tire la production mondiale vers le haut, avec 20,3 % de croissance.
Energies renouvelables
Les énergies renouvelables ont connu une forte croissance, à partir d’un niveau assez bas : 29,9% pour l’éolien et 69% pour le solaire. Les Etats-Unis ont enregistré 49,5% de croissance de la production d’EnR, le Royaume-Uni 36,3%.
Ah bon, deux ans de baisse de la part du nucléaire dans l’énergie consommée dans le monde. Mais alors le renaissance de la filière c’est du pipeau ???
Comment doit-on considérer ces pays émergeants au niveau des émmssions de GES, plus particulièrement le CO2? Je me pose de sérieuses questions sur ce sujet pointu. Ces pays ont amorcé leur développement économique plus tard que la plupart des autres, d’accord. Doit-on considérer celà comme étant une raison suffisante pour les laisser, maintenant, polluer à vitesse grand V. Je sais que je ne me ferai pas beaucoup d’amis. Cependant, je ne crois pas qu’on puisse leur accorder ce privilège. La situation est trop grave et le risque d’accentuer le réchauffement climatique est trop élevé. Présentement nous fonçons droit dans le mur. Alors, ne prenons pas des décisions qui nous feront l’atteindre plus rapidement. Nous sommes très proche d’un effet de seuil, ou si vous préférez, d un point de non-retour. Plus sur .over-blog.com précédé de denis-laforme . Des sujets concernant les énergies renouvelables, les économies d’énergie et le réchauffement climatique.
« 42 ans de production au niveau de 2008 ». Sauf que les évolutions tendancielles de long terme prévoient au bas mot un doublement de la consommation à horizon 2050…et que l’extraction du pétrole des sables bitumineux est elle-même très énergivore. Dormez, braves gens…
Il est effrayant de constater qu’après des pages et des pages de commentaires écrites au sujet des réserves mondiales de pétrole, il ne soit toujours pas compris que parler de 42 ans de réserves mondiales n’a aucun sens. D’une part, il ne s’agit de bien moins de 42 ans si la consommation augmente. D’autre part, et c’est le phénomène essentiel,la production annuelle devra obligatoirement décliner avant que les réserves soient épuisées, car si l’extraction du pétrole d’un gisement est de plus en plus rapide au début de l’exploitation, elle finit par ralentir considérablement ensuite. Si les découvertes de nouveaux gisements ne viennent pas compenser ce phénomène, c’est-à-dire ne sont pas au moins égales à la consommation en année moyenne, la production mondiale est obligée de décliner. Or les découvertes ne couvrent plus la consommation depuis près de 30 ans, et cela de beaucoup depuis quelques années. Conclusion: un déclin de la production mondiale va obligatoirement se produire d’ici quelques années (dans 10 ans probablement), ce qui signifie que la consommation moyenne par habitant va devoir diminuer, et cela d’autant plus que la population augmente. Les pays producteurs se réservant une part de plus en plus grande de leur production, les quantités mises sur le marché international diminueront avant la production totale. L’Europe est très vulnérable car sa production va devenir insignifiante très rapidement maintenant, alors que le marché international va se restreindre!
Vous confondez deux choses: -vous aurez sans doute observé que pratiquement aucune centrale nucléaire n’a été mise en fonstionnement dans le monde depuis plus de 10 ans (en France, la dernière construite est entrée en fonctionnement en 1992. Il est donc logique que la part du nucléaire dans l’approvisionnement électrique diminue et même puisse diminuer certaines années en valeur absolue. Le tremblement de terre au Japon a en particulier entraîné l’arrêt prolongé de la principale centrale Japonaise. – les projets de centrales sont par contre extrêmement nombreux, et les réalisations commencent à suivre. C’est cela, le renouveau du nucléaire. En France, la réalisation de deux EPR entre 2012 et 2015, mais aussi, on y pense moins, le remplacement de l’usine de séparation de l’uranium par diffusion gazeuse par une usine d’ultracentrifugeuse, qui permet la réaffectation de deux réacteurs nucléaires à la production d’électricité sur le réseau, va entraîner une augmentation sensible de la production d’électricité nucléaire (environ 35 TWh par an, soit 6 % de notre production actuelle)