La société française Ennesys a conçu un système de culture de phytoplancton naturel permettant de produire de l’énergie tout en dépolluant les eaux usées et en récupérant le CO2 : grâce aux micro-algues, c’est 80% des besoins énergétiques d’un bâtiment qui pourraient être couverts !
Du phytoplancton
"Les algues ont à peu près la même valeur énergétique que le charbon", expliquait il y peu, Jean-Louis Kindler, directeur scientifique chez Ennesys, en précisant qu’une grande partie du pétrole découvert provenait des algues fossilisées.
Le système utilise la lumière du jour pour cultiver du phytoplancton dans des bassins fermés installés sur les façades et les toitures des bâtiments. Par exemple, 10.000 m2 de panneaux d’Ennesys permettent de produire environ 150 tonnes d’algues par an, soit au final 70 tonnes d’huile.
En plus du CO2, le phytoplancton est alimenté par des engrais naturels venant des eaux usées. Après une certaine période, d’environ 24h, le phytoplancton est récolté puis valorisé en plusieurs sources d’énergie (gaz, hydrogène, huile végétale, biomasse maigre). Ces combustibles liquides et solides pourront être ultérieurement transformés en énergie thermique et énergie électrique. Ce système permet ainsi aux bâtiments de bénéficier d’une autonomie en énergie et de réduire leur consommation d’eau.
Un régulateur thermique
Dans le concept du « Mur Neutralisant », imaginé par Le Corbusier dans les années 30, un fluide (dans la conception du Corbusier, de l’air) passe à travers deux panneaux de verre, le long de la façade de l’immeuble, formant ainsi une couche isolante et assurant naturellement la régulation thermique de celui-ci. Ce dispositif absorbe l’énergie solaire irradiante en été et l’empêche de se diffuser à l’intérieur de l’immeuble, et assure en hiver une certaine protection contre les grands froids.
Plus récemment, les façades végétales, aussi appelées « Mur Vert » suscitent beaucoup d’intérêt en environnement urbain, où ils contribuent à réduire la température globale des immeubles. Contrairement au béton, à l’asphalte ou bien d’autres surfaces inertes, La température des plantes s’élève rarement plus haut de 4 ou 5°c de plus que la température ambiante. Ces murs verts permettent de maintenir une température fraiche en été et sont de bons isolants en hiver.
Les photobioréacteurs chargés en phytoplancton et placés sur la façade des immeubles combinent les avantages de ces deux concepts, tout en assurant la production de biomasse, source d’énergie utilisable pour le bâtiment sur lesquels ils sont placés.
Dans ce cas, l’eau, bien connue et largement utilisée pour ses propriétés de transfert de chaleur, remplace l’air comme fluide de refroidissement et circule à l’intérieur des photobioréacteurs, dont le matériau a été choisi pour sa résistance mais aussi pour ses propriétés thermiques. Le phytoplancton assure de plus sa fonction de clarification de l’eau tout en absorbant beaucoup plus de CO2 que les murs ou toitures végétalisées.
[ Illustration d’un projet de bâtiment vert à Nanterre, près de la Défense ]
La chaleur capturée par ce système est transformée en énergie soit pour être utilisé pour les installations des immeubles ou pour le système lui-même. Si besoin est, le système peut être inversé pour évacuer l’excédent de chaleur. L’ensemble du système est utilisé comme un régulateur thermique de chaleur.
Un marché d’avenir
Ennesys vise à terme le marché de l’immobilier neuf, car à partir de 2020, tous les nouveaux bâtiments auront pour obligation de produire plus d’énergie ‘primaire’ qu’ils n’en consomment. "C’est un casse-tête pour les promoteurs et, vu les délais de construction de plusieurs années, ils doivent s’y prendre aujourd’hui pour être aux normes, sinon ils ne pourront jamais revendre leurs bâtiments", a conclu Christine Grimault, directrice du développement, chez Ennesys.
a filière microalgues européenne est suffisamment à la traine par rapports aux mastodontes américains pour se faire décrédibiliser par des communications aussi farfelues…
80% des besoin c’est complètement utopique pour le moment. Les chiffres de rendement d’huile paraissent eux aussi complètement démesuré. Mais l’idée paraît bonne et ces chiffres pourront certainement être atteignable à moyen terme. J’ai appris que c’est la société ESETA qui a conçu l’installation pour Ennesys.