Le processus de consultation et du plan d’action gouvernemental qui vise à encadrer l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste au Québec vient d’être annoncé par le ministre des Ressources naturelles, Mme Nathalie Normandeau, et par le ministre du Développement durable, M. Pierre Arcand.
Le Québec cherche à réduire sa dépendance énergétique face aux achats d’hydrocarbures en provenance de l’Alberta dont le coût est évalué à 14 milliards de dollars par an.
C’est le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) qui a été sélectionné pour étudier l’industrie des gaz de schiste au Québec, des gaz naturels emprisonnés dans des formations rocheuses situées entre 1 et 3 kilomètres sous terre. Cependant, selon les ministres, il n’y aura pas de phase commerciale à grande échelle pour l’industrie des gaz de schiste avant 2014. Plus précisément, ils ont affirmé qu’aucun permis d’exploitation ne sera accordé avant que le BAPE ait terminé ses travaux et que la loi sur les hydrocarbures ait été adoptée.
En effet, le projet de loi sur les hydrocarbures portera sur 3 grands axes que sont l’acceptabilité des projets, le respect de l’environnement et la création de richesse pour le Québec.
La Fédération Québécoise des Municipalités (FQM) rappelle qu’elle ne s’oppose pas à l’exploitation des gaz de schiste. Bien au contraire, elle reconnaît le potentiel économique indéniable de ce nouveau type d’exploitation pour de nombreuses régions du Québec. Le manque d’information claire et objective disponible quant aux impacts environnementaux et sur la sécurité publique soulève cependant bien des questions auprès de ses membres et des populations qu’ils représentent, particulièrement en ce qui a trait à l’utilisation de l’eau et à la contamination des nappes phréatiques.
L’Union des producteurs agricoles (UPA) accueille elle aussi positivement la décision du gouvernement du Québec de procéder à des audiences du BAPE avant d’aller plus loin dans l’exploitation des gaz de schiste au Québec.
Pour le président général de l’UPA, M. Christian Lacasse, "Comme tous les acteurs dans ce dossier, les producteurs agricoles sont un peu pris de court par la rapidité avec laquelle les projets se multiplient alors que des questions importantes demeurent sans réponses, notamment au niveau des impacts sur l’environnement. Plus on aura d’information, plus les Québécois seront en mesure de faire un choix éclairé".
Rappelons à ce sujet que plusieurs projets se trouvent en milieu agricole et que les producteurs sont appelés à prendre des décisions importantes sans connaître tous les tenants et aboutissants du dossier. "Doit-on s’inquiéter de la qualité des récoltes à proximité des projets? Les règles environnementales sont-elles respectées? Sont-elles suffisantes? Quels sont les risques sur la nappe phréatique? Quels gestes poser pour assurer un environnement sécuritaire? Voilà le genre de questions que se posent les agriculteurs, à qui on demande de s’engager légalement pour des décennies dans un projet ou un autre", a continué M. Lacasse.
"Le pire des scénarios dans ce dossier, c’est de permettre un développement effréné et anarchique alors que personne ne parlait de ce dossier il y a six mois à peine. Le potentiel gazier du Québec est une bonne nouvelle, mais il importe de procéder avec calme, retenue et prudence compte tenu des nombreuses préoccupations exprimées par différents intervenants ces dernières semaines", a conclu le président général de l’UPA.
L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) recommande pour sa part l’insertion dans le projet de loi 79 d’une disposition transitoire instituant un moratoire immédiat sur tout nouveau permis de recherche (exploration), forage ou exploitation de pétrole ou de gaz naturel, dont le gaz de schiste.
« La méthode de fracturation hydraulique utilisée actuellement est dangereuse. J’espère que nous aurons l’intelligence collective d’agir avant qu’il ne soit trop tard. Pourquoi mettre en péril la santé des populations et des écosystèmes ? Le gaz est présent dans le sol depuis des millions d’années, ce moratoire nous donnera le temps de nous doter d’un cadre législatif adéquat. Pendant ce temps, le gaz n’ira nulle part, dans un an ou deux il y sera encore », a souligné André Bélisle.
Gaz de schiste :
Certains schistes contiennent aussi du méthane piégé dans leurs fissurations. Ce gaz est formé par la dégradation du kérogène présent dans le schiste, mais, comme pour le gaz de charbon, il existe deux grandes différences par rapport aux réserves de gaz conventionnel.
La première est que le schiste est à la fois la roche source du gaz et son réservoir. La seconde est que l’accumulation n’est pas discrète (beaucoup de gaz réuni en un point) mais continue (le gaz est présent en faible concentration dans un énorme volume de roche), ce qui rend l’exploitation bien plus difficile.