Dans un nouveau rapport publié hier par l’École Munk des affaires internationales de l’Université de Toronto (Canada), une révolution dans la production de gaz de schiste pourrait non seulement assurer temporairement une plus grande sécurité énergétique en Amérique du Nord, mais elle pourrait aussi menacer la pérennité des réserves d’eau.
Le gaz de schiste, extrait par fracturation hydraulique, ou « fracturation », soit l’injection à haute pression de centaines de tonnes de sable, d’eau et de produits chimiques dans des formations rocheuses profondes, représente aujourd’hui 20 % du total du gaz produit aux États-Unis, révèle le chercheur indépendant Ben Parfitt.
Ce qui est maintenant connu comme la « ruée vers le schiste », avec la multiplication des forages, a aussi provoqué des acquisitions massives de terres, fait reculer le prix du gaz naturel et généré des activités d’exploration sans précédent au Québec, en Ontario, dans les Maritimes et dans l’Ouest du Canada.
Aux États-Unis, alors que les organismes de réglementation fédérale ou d’État ont lancé plusieurs enquêtes sur l’incidence de ces activités sur la qualité et la quantité de l’eau, « ni l’Office national de l’énergie ni Environnement Canada n’ont encore soulevé de questions de fond, que ce soit sur la « ruée vers le schiste » ou sur son impact sur les ressources en eau », fait remarquer M. Parfitt.
En plus d’analyser les divers impacts de la fracturation hydraulique et du forage horizontal sur l’eau, le rapport, intitulé « Fracture Lines: Will Canada’s Water Be Protected In the Rush To Develop Shale Gas », souligne un certain nombre de conclusions étonnantes :
- Les plus grandes activités de fracturation au monde ont eu lieu cette année en Colombie-Britannique, mais la province ne réglemente pas l’extraction d’eau de la nappe phréatique et ne délivre pas de permis pour le faire.
- L’intensité énergétique élevée de la production du gaz de schiste du Barnett Shale, dans le centre-nord du Texas, peut générer 33 000 tonnes de CO2 par jour (NDLR : non vérifié), ou – l’équivalent des émissions de deux centrales thermiques au charbon de 750 mégawatts.
- En plus de consommer des quantités équivalentes à des lacs d’eau, les activités de fracturation produisent désormais des milliards de mètres cubes d’eaux usées, créant ainsi un stress additionnel sur les usines municipales de traitement des eaux en Pennsylvanie.
- Dans la plupart des cas, le Canada n’a pas encore dressé la carte des couches aquifères dans les régions aux prises avec la « ruée vers le schiste ». Pourtant, le secteur du gaz de schiste en Colombie-Britannique a le droit d’utiliser deux fois plus d’eau que la quantité consommée par année dans la région du grand Victoria.
Étant donné la vive controverse sur le gaz de schiste, aussi bien au Canada qu’aux États-Unis, le rapport émet 13 recommandations, notamment la cartographie des couches aquifères importantes, la divulgation complète des produits utilisés dans les activités de fracturation et la création de zones interdites pour protéger les réserves d’eau de l’Amérique du Nord.
« Le secteur du gaz montre un très grand intérêt pour la fracturation hydraulique alors même que les connaissances sur les ressources en eau du Canada montrent des lacunes importantes », conclut Adèle Hurley, directrice du Programme sur les enjeux de l’eau.
Que je sache, la fracturation hydraulique consiste, au moment de l’aménagement du forage, à opérer des augmentations de pression entre obturateurs, au droit de la zone productrice de gaz, afin d’y augmenter le nombre de fracture ouvertes collectrices, et ainsi de mieux drainer ce gaz vers le puits. Mais une fois que c’est fait, c’est fini, ça ne consomme plus d’eau, et de toutes les manières ça en consomme un volume très réduit. Par contre, il faudrait savoir ce que remonte le forage et, si comme pour le pétrole du bassin parisien par exemple, il remontre beaucoup d’eau et un peu de gaz. Après dégazage, l’eau obtenue est en effet encore chargée en hydrocarbures et en métaux plus ou moins lourds. Impropre à être rejetée en surface, la meilleure solution est de la réinjecter, ce qui, de plus, maintient la pression du gisement. Peut-être cela n’est-il pas fait en Amérique, et génèrerait alors, effectivement, des volumes colossaux d’eau contaminées. Ceci dit, la fracturation hydraulique peut amener au mélange d’aquifères potable et de l’aquifère des schistes (s’il existe), et là ça peut ne pas être de bon goût. Par ailleurs, je doute que les industries extractives ne sont sûrement pas reliées aux réseaux d’assainissement municipaux ! D’une manière générale, je trouve que cet article contient, au mieux, des ellipses saisissantes, au pire des inexactitudes.
Je suis allé cet été là bas, au québec. les joiurnaleux n’arrêtaient pas d’en parler aux infos. Un sujet sur le gaz de schiste par jour environ. Les exploitants bavent devant les quantités prouvée ou extractibles, les pouvoirs publiques y voient le moyen de reduire les émissions de GES tout en conservant le modèle économique américain extrêmement énegivore, donc sans vraiment changer en fait … Qaund aux habitants (les québecois dans mon cas), ils ne me semblaient pas s’y intéresser plus que çà, et n’ont pas l’air de vouloir s’opposer a ces chantiers mais y voient plutôt un intéret pour leur pays. Je parle d’un ressenti a travers les médias mais aussi en parlant avec eux de ces sujets. Mais je parle de ma modeste expérience personnelle qui n’engage que moi.
Bonjour, les réseaux d’assainissement municipaux sont ils les seuls consommateurs des réserves en eau ? cordialement,