L’industrie des pâtes et papiers figure parmi les plus importantes au Canada et constitue l’une des plus grandes productrices d’eaux usées ; Estimer les émissions de gaz à effet de serre (GES) de ces eaux est donc devenu une priorité dans ce secteur.
Jusqu’à présent, les estimations d’émissions de GES se trouvaient limitées par les modèles mathématiques de prévision. Or, des chercheurs de l’Université Concordia viennent d’élaborer une nouvelle méthode dynamique permettant de prévoir ces émissions plus précisément. Les résultats de leurs travaux, publiés dans la revue Environmental Science and Pollution Research, auront des retombées non seulement pour l’industrie des pâtes et papiers, mais aussi pour toute entreprise désireuse de réduire son empreinte carbonique.
« Notre étude est la première à évaluer les émissions de GES des eaux usées au moyen d’un modèle dynamique, explique Laleh Yerushalmi, professeure associée au Département de génie du bâtiment, civil et environnemental de Concordia et coauteure de l’étude. Si les modèles en régime stable actuels offrent une prévision globale des émissions, les modèles dynamiques permettent en revanche d’estimer la variation des émissions de GES en fonction des changements apportés au système de gestion des eaux usées. Les modèles dynamiques sont donc plus précis et fournissent davantage d’informations. »
Le savoir, arme précieuse dans la lutte contre les émissions
Les chercheurs ont comparé les prévisions obtenues à l’aide de modèles stables et dynamiques aux émissions réelles de gaz à effet de serre mesurées dans les systèmes de gestion des eaux usées industrielles. Les deux types de modèle ont prédit correctement les émissions globales. Toutefois, seul le modèle dynamique a permis d’estimer les variations d’émissions consécutives à des changements du milieu. D’autres extrants, comme la consommation et la production d’énergie, pouvaient également être prédits grâce à ce modèle.
« La modélisation dynamique nous donne une meilleure idée du comportement des installations de traitement dans la durée, commente l’auteur principal de l’étude Fariborz Haghighat (en photo), professeur au Département de génie du bâtiment, civil et environnemental et titulaire de la chaire de recherche en énergie environnementale de l’Université Concordia. Nous pouvons ainsi recommander l’adoption d’une stratégie de réduction des émissions de GES qui permettra également d’accroître l’efficacité énergétique. »
« Ce type de modèle est utilisé pour simuler le comportement des systèmes de gestion des eaux usées, que ce soit aux premières étapes de leur conception ou durant leur réalisation, afin d’y intégrer des modifications, ajoute Laleh Yerushalmi. On doit employer la méthode la plus précise possible, et le modèle dynamique constitue le meilleur prédicteur à ce jour. »