Les chercheurs du CERN** ont annoncé le 8 août 2011 avoir commencé les essais grandeur nature de la nouvelle version du projet d’informatique participative LHC@home (1).
Cette nouvelle version permet à des volontaires de participer pour la première fois à la simulation de collisions de protons à haute énergie au sein du Grand collisionneur de hadrons (LHC) du CERN. En mettant à la disposition des physiciens les ressources informatiques non utilisées de leurs ordinateurs, les volontaires pourront les aider activement dans leur recherche de nouvelles particules fondamentales, qui nous éclaireront peut-être sur l’origine de notre Univers.
Il s’agit là d’un exemple parmi toute une série de projets et d’événements organisés par le Centre citoyen de cyberscience (2), un partenariat entre le CERN, l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et l’Université de Genève, destiné à promouvoir la science participative en cette Année européenne du volontariat (3).
D’autres projets lancés par le Centre citoyen de cyberscience s’attachent à encourager, à des fins humanitaires, la science participative dans les pays en développement. C’est ainsi qu’a été lancé le projet Des calculs pour de l’eau potable (4), avec la collaboration de l’Université Tsinghua de Beijing et du programme de la société IBM, World Community Grid. Il s’agit de permettre aux chercheurs de travailler à la conception de filtres à eau efficaces et à bas coût, en utilisant la puissance de superordinateur du World Community Grid.
Un autre projet humanitaire, soutenu par HP, offre aux volontaires la possibilité d’aider UNOSAT, le programme pour les applications spatiales opérationnelles de l’UNITAR, à améliorer l’évaluation de dommages dans les pays en développement touchés par des catastrophes, qu’elles soient naturelles ou provoquées par l’homme (5).
Actuellement, les projets de cyberscience citoyenne se concentrent pour l’essentiel en Europe et en Amérique du Nord, mais grâce au soutien de la Fondation Shuttleworth (6), basée en Afrique du Sud et partenaire fondateur du centre, des conférences et des ateliers de formation ont pu se tenir cette année à Beijing, Taipei, Mumbai, Bangalore, Chennai, Maurice, Brasilia, Rio de Janeiro et Sao Paulo. Cela permet de faire davantage connaître la cyberscience citoyenne dans les pays en développement et d’y favoriser la création de nouveaux projets.
« La cyberscience offre au grand public, à travers LHC@home, une formidable occasion de s’investir dans les sciences, mais elle est surtout précieuse pour les chercheurs des pays en développement, limités en ressources informatiques et humaines. Les volontaires en ligne peuvent accroître très considérablement les ressources disponibles pour la recherche, pour un coût très faible. Nous souhaitons encourager cette tendance par l’intermédiaire du Centre citoyen de cyberscience » a déclaré Sergio Bertolucci, directeur de la recherche et de l’informatique au CERN.
« Du point de vue de l’action humanitaire et de l’aide au développement, le potentiel de cette démarche de contribution citoyenne à la recherche est immense, explique Francesco Pisano, responsable du programme UNOSAT. Notre participation au Centre citoyen de cyberscience nous permet d’être davantage à la pointe des technologies de crowdsourcing. Les volontaires jouent indéniablement un rôle de plus en plus central dans la gestion de crise, grâce à internet. »
« La cyberscience citoyenne est un mouvement populaire qui prouve que la science n’est pas réservée aux professionnels, souligne Pierre Spierer, vice-recteur en charge de la recherche de l’Université de Genève. Avec les outils et les incitations appropriés, et un peu de formation en ligne, des millions de volontaires enthousiastes peuvent véritablement prendre part à des découvertes scientifiques majeures. »
Helen Turvey, directrice de la Fondation Shuttleworth, est du même avis : « Il est temps de véritablement mettre la science "ouverte" à l’ordre du jour, non seulement en Europe, mais aussi en Afrique et dans d’autres régions en développement. L’ouverture, en matière de recherche financée par des fonds publics, est bénéfique aussi bien pour les chercheurs que pour les citoyens. On ne saurait davantage faire preuve d’ouverture qu’en invitant les citoyens à participer activement au processus scientifique. C’est très stimulant de voir comment le Centre citoyen de cyberscience repousse les limites sociales et technologiques pour suivre cette orientation. »
Pour plus d’informations : www.citizencyberscience.net
** Le CERN, Organisation européenne pour la recherche nucléaire, est le plus éminent laboratoire de recherche en physique des particules du monde. Il a son siège à Genève. Ses États membres actuels sont les suivants: Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République slovaque, République tchèque, Royaume-Uni, Suède et Suisse. Un candidat à l’adhésion : la Roumanie.
La Commission européenne, les États-Unis d’Amérique, la Fédération de Russie, l’Inde, Israël, le Japon, la Turquie et l’UNESCO ont le statut d’observateur.
(1) LHC@home est une plateforme accueillant des projets d’informatique participative en physique à haute énergie. Lancée en 2004, elle était initialement destinée à la simulation des dynamiques de faisceaux pour les protons circulant dans le Grand collisionneur de hadrons du CERN. Elle utilise le logiciel d’informatique participative BOINC, développé au sein de l’University of California de Berkeley. Sa dernière version, baptisée LHC@home 2.0, permet maintenant de simuler des collisions de protons à haute énergie au sein du LHC. Le CERN a ajouté à BOINC une technologie de machine virtuelle qui, combinée au logiciel d’appui du CERN, Cern VM (http://cernvm.cern.ch), peut reproduire fidèlement l’environnement informatique complexe des expériences du LHC sur des ordinateurs ordinaires. Les résultats d’un premier essai, appelé Test4Theory, sont recueillis sur un site internet, http://mcplots.cern.ch, où des physiciens peuvent comparer les simulations obtenues sur ordinateur avec des données réelles pour différents modèles théoriques et différentes expériences LHC. Le développement de LHC@home 2.0 a été soutenu par le Centre de physique du LHC du CERN (LPCC) et la Fondation Shuttleworth. Pour plus d’informations concernant LHC@Home 2.0, consulter le site http://cern.ch/LHCathome/Physics
(2) Le Centre citoyen de cyberscience (CCC) est le fruit d’un partenariat établi en 2009 afin de promouvoir le recours à la participation citoyenne comme technologie à bas coût pour les chercheurs des pays en développement. Les partenaires du CCC sont le CERN, l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et l’Université de Genève. La Fondation Shuttleworth est un partenaire fondateur du centre, et IBM et HP parrainent des projets actuels. Pour plus d’informations sur le CCC, consulter le site http://www.citizencyberscience.net
(3) L’Union européenne a proclamé l’année 2011 « Année européenne du volontariat ». Au sein de l’Union européenne, près de 100 millions de bénévoles de tous âges mettent à disposition leur temps, leurs compétences et leur argent afin d’apporter une contribution positive à la société où ils vivent et au monde en général. Dans le cadre de l’Année européenne du volontariat, la Commission européenne soutient une série de mesures de communication et de sensibilisation sur le volontariat présentées sur le site http://europa.eu/volunteering/en/home2
(4) L’objectif du projet Des calculs pour de l’eau potable est de mieux comprendre, à l’échelle moléculaire, la circulation de l’eau dans un nouveau type de matériaux filtrants. Cette étude permettra le développement de filtres à eau à bas coût et plus efficaces. Elle est menée par des chercheurs du Centre de nanomécanique et micromécanique de l’Université Tsinghua de Beijing. IBM, par l’intermédiaire de son projet humanitaire World Community Grid, apporte un appui sous la forme d’informatique participative, dans le cadre de son soutien au Centre citoyen de cyberscience. World Community Grid, qui soutient toute une série de projets d’informatique participative, a enregistré l’adhésion de plus d’un demi-million de volontaires, représentant plus d’un million et demi d’ordinateurs disponibles. Pour plus d’informations, consulter le site http://www.worldcommunitygrid.org
(5) Dans le cadre d’une collaboration avec l’Université de Genève et UNOSAT, partenaires du Centre citoyen de cyberscience, HP soutient le développement d’une plateforme cartographique gérée par des bénévoles, pour des missions humanitaires telles que l’évaluation de dommages et la surveillance de la déforestation, intégrant certaines fonctionnalités de HP Gloe. HP Gloe, outil de géolocalisation issu des laboratoires HP et permettant d’associer à un contenu web une localisation géographique précise, vise à fournir aux internautes mobiles une plateforme d’information géolocalisée. Pour en savoir plus, se reporter au site http://www.hpgloe.com.
(6) Mark Shuttleworth, entrepreneur dans le domaine logiciel et fondateur d’Ubuntu, a créé la Fondation Shuttleworth en 2001. Cette fondation, travaillant sur le principe de projets « ouverts », fait appel à des méthodes de financement innovantes, à de nouvelles technologies et à des formes de travail collaboratif au service de dirigeants dynamiques à la pointe du changement social. En 2010, elle a attribué une bourse à François Grey pour son travail ayant abouti à la création du Centre citoyen de cyberscience. Grâce à cette bourse, le centre peut organiser toute une série d’ateliers en Afrique, en Asie et en Amérique latine, et développer de nouvelles technologies, le but étant de permettre à un plus grand nombre de chercheurs de pays en développement de recourir à la cyberscience pour des projets humanitaires et de recherche fondamentale. Pour plus d’informations, consulter le site http://www.shuttleworthfoundation.org