Dans le détail, la transition énergétique est un sujet extrêmement complexe. Faute d’information à la hauteur de ce que le sujet mérite, les citoyens en ont encore assez peu conscience. De leur coté, les spécialistes du sujet s’accordent au moins sur un point : quelque soit les choix à venir, notre futur énergétique va nécessiter des investissements importants.
Pour s’en convaincre, il suffit d’observer la situation chez nos voisins allemands, pionniers à l’échelle mondiale dans la mise en œuvre à grande échelle d’un mix-énergétique d’origine renouvelable.
Pour que cette transition énergétique devienne peu à peu perceptible par les citoyens, il y a quelques mesures phares qui mériteraient d’être mise en œuvre sans tarder. Des mesures relativement simples, de bon sens, capables d’apporter de vraies réponses à une problématique de plus en plus forte : la précarité énergétique.
En France, le logement constitue le premier poste de dépense des ménages. Avec lui, les charges – en tête desquelles le chauffage – qui ne cessent d’augmenter. Face à cela, beaucoup d’études ont déjà été faites (à grand coup d’argent public…), beaucoup de choses ont déjà été dites et pourtant qu’est-ce qui a vraiment changer ? Pas grand chose, à part peut-être la qualité thermique offerte par les constructions récentes labellisées « BBC ».
Pourtant, tous les experts ne cessent de répéter que c’est dans l’ancien qu’il faut concentrer les efforts si l’on veut réduire drastiquement le montant des factures d’énergie des ménages et les émissions de CO2 qui vont avec. Faute de moyens et de volonté politique, la réhabilitation thermique du parc existant, peine à décoller car considérée comme trop coûteuse et/ou trop compliquée (cas des petites surfaces en logement collectif par exemple). L’énergie la moins coûteuse a beau être celle qu’on ne consomme pas, la réalité apparaît donc plus complexe qu’elle n’y paraît.
Plutôt que d’énumérer les freins nombreux qui restent à lever pour faire décoller ce marché de la réhabilitation thermique du parc existant, voici pour l’exemple les mesures parallèles qui pourraient être mise en œuvre sans tarder, avec le concours des principaux acteurs concernés :
1- Convertir au plus tôt, les 3 millions de logements individuels chauffés actuellement au fioul. Pour y parvenir, les solutions sont plurielles mais il y en a quand même deux qui méritent d’être citées en priorité : pompe à chaleur et poêle ou chaudière à granulé de bois. L’atout principal des maisons actuellement chauffées au fioul est de disposer d’un réseau à eau chaude sur lequel il est assez simple de raccorder une pompe à chaleur, un poêle à bois hydro ou une chaudière à granulé de bois à des coûts tout à fait acceptables. A condition bien sûr de faire preuve d’un minimum d’audace et de revoir à la baisse le dimensionnement des installations de chauffage qui continue de hanter la profession.
2- Même objectif pour les 3 millions (environ) de logements individuels chauffés par des convecteurs électriques et construits avant 1990. A ceci près que pour ces logements, la conversion passe par la création d’un réseau à eau chaude. Une vraie contrainte technique et financière qui mérite cependant d’être relativisée dans le cas des maisons disposant d’un sous-sol. Dans ce cas de figure, il devient très facile de construire un réseau à eau chaude alimentant des radiateurs installés uniquement au niveau 0 (niveau qui correspond généralement aux pièces de vie)
Au total, près de 6 millions de logements (près d’une résidence principale sur 4!) pour lesquels il est urgent de favoriser l’installation de systèmes de chauffage plus efficients et moins émetteurs de gaz à effet de serre. A condition bien sûr de passer outre les polémiques stériles et peu constructives autour du caractère peu durable des pompes à chaleur (…). Car aussi imparfaites soient-elles, les pompes à chaleur les plus performantes actuellement disponibles offrent un rendement très supérieur à celui de n’importe quel convecteur.
Dans le cas du bois énergie, particulièrement bien adapté au milieu rural et périurbain, rappelons que la filière offre de réelles opportunités en terme d’emploi. Des emplois locaux, non délocalisables, très utiles à l’entretien des boisés, des haies ou des espaces plantés dans les milieux agro-naturels.
Au final, cette conversion accélérée de la France énergétique du XXème siècle vers celle du XXIème siècle est un exemple parmi d’autre du formidable gisement d’emplois qui doit accompagner la transition énergétique de notre pays. Les moyens techniques et les compétences sont là. Les financements potentiellement disponibles. Il ne reste véritablement plus que la volonté politique pour lancer sans tarder ce chantier synonyme d’espoir et de renouveau… Vive le futur sobre et intelligent.
Je suis d’accord avec vous pour dire que la rénovation énergétique des logements anciens est l’enjeu majeur des économies d’énergie dans l’habitat. Je suis également d’accord quand vous ciblez en premier lieu les habitations chauffées au fioul : c’est celles qui émettent le plus de gaz à effet de serre, et également celles dont les coûts de chauffage mettent le plus en danger financièrement leurs occupants. Cependant il me semble que vous prenez le problème dans le mauvais ordre : avant de changer les systèmes commençons par isoler, ceci permet de réduire l’investissement nécessaire au changement du système de chauffage ( leur coût est sensiblement proportionnel à la puissance installée) et présente l’intérêt de ne pas « tuer » la ressource d’économie d’énergie (en effet une fois une PAC ou une chaudière granulés mise en place, il devient très difficile de réaliser une opération d’isolation présentant un intérêt financier).
Je me faisais exactement la même réflexion ! C’est la priorité absolue ! Une habitation chauffée au fioul qui n’a plus besoin que de quelques litres (jexagère un peu) de fioul pour passer l’hiver n’est plus vraiment un problème !
OUI EVIDEMMENT! Mais est-ce que l’article dit le contraire? Non! La réalité, c’est que la réno thermique de l’existant : 1. ca coute parfois très cher. Car outre l’isolation, ne pas oublier tout le second oeuvre (paco, peinture, plomberie, élec? etc…) qui ne nécessite pas toujours d’être refait car encore en bon état! 2. pour les logements ne pouvant être isolés que par l’intérieur (= la majorité), les travaux ne peuvent être réalisés de manière réaliste que lorsque le logement est vide. 3. ne sous-estimez pas le nombre de logements pour lesquels, même une fois isolés, les besoins en chauffage restent relativement importants (> 90 kWh//m²/an). Apports solaires très faibles, architecture réalisée en dépit du bon sens, température de chauffage des occupants (cas des personnes agées), etc… Toutes ces contraintes mises bout à bout font qu’aujourd’hui il y a vraiment matière à travailler à la conversion d’énergie de certains logements considérés comme prioritaires, i.e. ceux mentionnés dans l’article. Au final, sur les 6 millions de logts mentionnés, évidemment que l’amélioration de l’isolation doit rester la priorité des priorités. Mais cela ne doit pas empécher la conversion accélérée et à grande échelle de leur système de production de chauffage.