L’association européenne des fabricants de matières plastiques (AEFMP) qui milite en faveur d’un objectif de Zéro plastique en décharge à l’horizon 2020, a étudié les conditions de l’optimisation de la valorisation énergétique des déchets plastiques, en complément du développement du recyclage.
La comparaison avec l’Allemagne apporte à cet égard un éclairage instructif
En 2012 la France a utilisé 4,6 Mt de matières plastiques, dont 60% pour la fabrication de produits à longue durée de vie (automobile, construction, équipements électroniques,…) et 40% pour des produits à courte durée de vie, essentiellement pour l’emballage. Sur ces 4,6 MT, on en retrouve 3,3 Mt sous forme de déchets, dont 2/3 proviennent de l’emballage. En France on constate que seuls 60,9% de ces déchets sont valorisés. Une performance médiocre si l’on compare ce ratio à ceux des 9 premiers pays d’Europe qui frôlent les 100%, Suisse et Allemagne en tête.
Le dénominateur commun à ces bons élèves de l’Europe est qu’ils ont banni ou fortement taxé la mise en décharge des déchets plastiques. Ce qui a eu pour conséquence d’en augmenter considérablement les taux de recyclage et de valorisation énergétique.
À condition qu’ils soient au préalable collectés et triés, tous les polymères sont recyclables. Le développement de la collecte sélective par l’extension des consignes de tri à tous les emballages plastiques ménagers devrait faire passer le taux moyen du recyclage de 22,5% à 35 à 40% à l’horizon 2015. Pour l’AEFMP, lorsque le recyclage des déchets plastiques n’est pas techniquement, économiquement et écologiquement viable, "il faut recourir systématiquement à leur valorisation énergétique ; solution d’autant plus intéressante que leur pouvoir calorifique est aussi élevé que celui du pétrole, qu’ils peuvent donc remplacer comme source d’énergie."
Les combustibles solides de récupération (CSR) sont des combustibles fabriqués à partir de déchets, provenant soit des ordures ménagères (OMA), soit des déchets industriels non dangereux (DIND). Une partie de ces déchets est issue de ressources renouvelables (papier, carton, textiles,…) et de déchets plastiques. Comme les plastiques apportent leur haut pouvoir calorifique aux CSR, plus ils en contiennent plus leur pouvoir calorifique est élevé.
La composition des CSR varie en fonction des gisements de déchets à partir desquels ils sont fabriqués et de leur part de carbone renouvelable. Plus la part des produits issus de ressources renouvelables est élevée, plus l’empreinte carbone est faible.
Mal connu en France, le concept de CSR est largement développé en Europe du Nord, particulièrement en Allemagne, qui en fabrique 7 Mt, contre seulement quelques centaines de milliers de tonnes en France. Pourtant leur potentiel de développement est loin d’être négligeable. Selon le BIPE, il serait de 7,8Mt. Le tableau ci-dessus montre que les gisements y sont largement inexploités.
Les débouchés d’une filière CSR en France
Les CSR répondent au besoin de la consommation énergétique française. Ils permettent de produire à la fois de la chaleur ou de la vapeur et / ou de l’électricité. En France on consomme ¾ de chaleur / vapeur, issues du pétrole, du gaz, des énergies renouvelables et du charbon, et 23,7% d’électricité.
À court terme, la co-incinération en cimenteries est le développement le plus prévisible avec un potentiel d’utilisation de 2Mt de CSR par an. Les cimenteries très consommatrices d’énergie et donc, soumises à l‘application de la loi sur les quotas de CO2, recherchent en effet aujourd’hui des combustibles de substitution.
À plus long terme, la production de chaleur en centrales thermiques dédiées pour la production de chaleur dans l’industrie et les réseaux est un débouché intéressant.
L’exemple de l’Allemagne
En Allemagne l’émergence de la filière CSR est liée à l’application en 2005 de la loi TASI qui interdisait la mise en décharge des déchets à haut pouvoir calorifique. L’effet de cette interdiction a été le doublement de la valorisation des plastiques entre 2005 et 2009, soit l’équivalent de ce qui avait été atteint auparavant en 10 ans.
Les débouchés des CSR en Allemagne sont liés à un contexte énergétique différent ainsi qu’à une différence fondamentale dans le mode de collecte et de traitement des ordures ménagères (OMA). En Allemagne les déchets organiques étant prélevés à la source chez les particuliers, le gisement est de bien meilleure qualité pour produire les CSR.
Entre 2005 et 2009 les taux de valorisation ont augmenté de manière conséquente, passant pour le recyclage à + 50% et pour la valorisation énergétique des déchets plastiques à + 300%. Par effet d’aubaine, le développement de la filière CSR a bénéficié de l’arrêt des centrales à charbon et d’un soutien politique visant à maintenir le tissu industriel en ex RDA. Comme on l’a vu plus haut, l’aide à l’investissement a largement contribué à la mise en service de 32 centrales qui ont valorisé 5,2Mt dès 2010.
le plus gros volume de ma poubelle, ce sont les pots de yaourt en plastique, qui ne sont pas acceptés, dans la poubelle de recyclage! ils arrivent bien à traiter les « tetrapack » avec carton plastique et metal alors pourquoi pas les pots de yaourt? il y a donc quelque chose à faire du coté du tri. Est-ce que sans ces apports, les incinérateurs manqueraient de combustible pour le reste de la poubelle?
L’incinération permet une valorisation en chaleur voire électricité… le problème évoqué ici est celui des pots de yaourt qui s’entassent en décharge ou qui sont enfouis. Les pots de yaourt qui partent en fumée, finalement, ça revient à brûler du pétrole pour faire de l’électricité ou de la chaleur… ce qui est assez banal.
recyclage veut dire réutiliser la ou les matières constituantes, et non les brûler ! et en plus il faudrait trier pour ensuite brûler « lorsque le recyclage des déchets plastiques n’est pas techniquement, économiquement et écologiquement viable », QUI en décidera, Pourquoi les 9 premiers pays d’Europe frôlent les 100% de recyclage des plastiques et la France 60%? Je crois que j’ai la réponse: le lobby des exploitants d’incinérateurs, dont les fabricants de plastiques veulent devenir fournisseur en inventant les CSR attrape gogo. Le résultat va être que tout étant brûlé, plus personne ne va plus trier, et terminé la filière de recyclage de plastique ! Revenons au sens du mot recyclage !
La base ca reste quand meme « l’éco-conception » et la réduction des emballages, c’est bien de recycler c’est sur, mais le mieux c’est quand même de diminuer les déchets à la source donc des la phase de conception des produits, pour justement diminuer les volumes à recycler !
proposition iconoclaste: et si on vendait les yaourt dans des tetrapack (excusez pour l’utilisation d’une marque déposée!) il seraient alors recyclé! question de prix me direz-vous. 1 litre de lait en brique n’est pas plus cher qu’en bouteille en plastique! de plus les conditionnements « carrés » cela prend moins de place! donc moins de volume, donc moins de camions pour le transport. en italie par exemple ils utilise énormément les minibriques pour les jus de fruit
A ceux qui parlent de tetrapak : ne pas se faire d’illusion. Ce genre de complexe ne permet que le recyclage des fibres (39%, donnée EcoEmballages). Le reste (alu et polymère) direction incinération ou décharge.
Brûler des déchets, c’est bien, brûler du pétrole, il y a mieux… Quid des poluants atmosphériques générés?
Moi, les yaourts que j’achéte au marché sont recyclables, ils ont le logo. Ceux là aussi si je ne me trompe pas (et hachement bon aussi) Et sinon la yahourtière réduit pas mal le volume à l’arrivé 🙂
Bonjour jmdesp, deux types de logo : celui pour EcoEmballages qui signifie simplement quil y a une cotisation vers cet organisme, et celui qui indique que le pot de yaourt est potentiellement recyclable. Dans aucun cas, il n’y a assurance que le pot est effectivement recyclé. Dans la pratique, direction incinération ou décharge. D’accord pour la yaourtière !