Avec 58 réacteurs nucléaires implantés sur le territoire français, on peut légitimement se poser la question sur l’opportunité de leur lieu d’implantation par rapport au zonage sismique récemment mis à jour par le gouvernement.
En effet, à compter du 1er mai 2011, la France améliore la prévention du risque sismique et étend l’application des règles de construction parasismique à 21 000 communes à compter du 1er mai 2011.
On apprend que 60 % des communes françaises sont situées en zones de sismicité 2 à 5, contre 14 % repertoriées dans l’ancien zonage (soit > 5000 communes). Et 25 % des communes sont concernées par les règles parasismiques pour les maisons individuelles (soit > 9000 communes).
En superposant cette carte avec l’emplacement des centrales nucléaires existantes ou en cours de construction on voit immédiatement qu’au moins 5 centrales sont situées sur des zones de sismicité de niveau 3.
Suite aux évènements graves intervenus à la centrale nucléaire de Fukushima au Japon en mars dernier, EDF a enclenché un ré-examen approfondi de la conception de ses centrales. Il s’agira pour le géant français de l’électricité de "s’assurer des marges de sûreté des installations face à des événements tels que les séismes, les inondations, les pertes d’alimentations électriques et de refroidissement." Ces revues engagées d’ici fin 2011 concerneront tant les réacteurs que les piscines de stockage du combustible avait t’il indiqué.
[ Cliquez sur l’image pour zoomer ]
Pour ce qui concerne le risque sismique et les centrales nucléaires, c’est la RFS (Règle Fondamentale de Sûreté) dite RFS 2001.01 (ou RFS I.2.c) à laquelle doit se soumettre l’exploitant (EDF, donc pour les centrales nucléaires mais aussi le CEA ou d’autres industriels pour d’autres installations nucléaires).
C’est l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) qui a rédigé et met à jour les RFS (en tous cas en matière de risque sismique) et c’est aussi l’IRSN qui contrôle l’application de la règle en expertisant l’ensemble des centrales françaises par tranches successives de façon régulière (tous les 10 ans en moyenne).
Le texte intégral de la RFS 2001.01 est disponible sur le site de l’Autorité de Sureté Nucléaire.
Les ondes sismiques se propagent à travers le sol à partir d’une source sismique et peuvent être localement amplifiées par les dernières couches de sol et la topographie du terrain. Un séisme possède ainsi de multiples caractéristiques : durée de la secousse, contenu fréquentiel, déplacement du sol… La réglementation retient certains paramètres simples pour le dimensionnement des bâtiments.
Le paramètre retenu pour décrire l’aléa sismique au niveau national est une accélération agr, accélération du sol «au rocher» (le sol rocheux est pris comme référence). Le zonage réglementaire définit 5 zones de sismicité croissante basées sur un découpage communal. La zone 5, regroupant les îles antillaises, correspond au niveau d’aléa le plus élevé du territoire national. La métropole et les autres DOM présentent quatre zones sismiques, de la zone 1 de très faible sismicité (bassin aquitain, bassin parisien…) à la zone 4 de sismicité moyenne (fossé rhénan, massifs alpin et pyrénéen).
Une révision des règles parasismiques
En France, le risque de tremblements de terre est pris en compte dans les édifications depuis une trentaine d’années. Cette réglementation a été révisée pour notamment répondre aux exigences du nouveau code européen de construction parasismique : l’Eurocode 8. Les règles s’appliquent aux bâtiments neufs et aux bâtiments existants en cas de travaux entraînant une modification importante de leur structure. Pour les nouveaux édifices, des solutions faciles à mettre en œuvre sont à disposition des constructeurs de maisons individuelles et de petits bâtiments, en alternative à l’utilisation de l’Eurocode 8.
Une nouvelle carte du zonage sismique
Une nouvelle carte du zonage sismique français a été élaborée. Issue des avancées de la connaissance scientifique en sismologie depuis 20 ans, elle contribuera à améliorer la prévention de ce risque pour un plus grand nombre de personnes. De nouvelles zones ont été identifiées, notamment dans le Nord et le Grand Ouest, reflétant une meilleure connaissance de la sismicité locale. Des modifications des niveaux et des extensions des zones de sismicité concernent également des régions déjà reconnues sismiques, comme les Pyrénées, les Alpes, la Provence ou l’Alsace.
A l’attention de la rédaction En toute objectivité, vous écrivez, « En superposant cette carte avec l’emplacement des centrales nucléaires existantes ou en cours de construction on voit immédiatement qu’au moins 5 centrales sont situées sur des zones de sismicité de niveau 4 » ; la carte fournie (merci pour votre honnêteté) montre qu’aucune centrale n’est implantée en zone sismique de niveau 4. (ps : merci et bravo pour vos articles, toujours très instructifs)
Effectivement. Erreur d’interprétration. C’est de niveau 3. Sorry. La rédaction
A noter que le centre du CEA de Cadarache (bouche du Rhône) est lui en zone 4. Ce site comporte plusieurs petits réacteurs de recherche, des piscines de stockage et des ateliers de traitement/conversion/fabrication de matière. Plusieurs réacteurs y son en construction avec notamment le réacteur Jules Horowitz destiné à la recherche et la production de radio-isotope pour la médecine. Une question me taraude, à quel niveau sur l’échelle de richter (si on considère que l’épicentre se situe exactement sous une installation à quelques kms) correspondent les accélérations indiquées sur l’échelle ?
A noter qu’en fait, et contrairement à ce qu’on dit partout, l’échelle de richter est dépassée et plus utilisée aujourd’hui…. On utilise à présent « les magnitudes de moment » Mw. Voici le lien vers l’article de Wikipedia qui en traite et qui explique les niveaux d’accélération. ‘un_sisme Et un grand merci à Enerzine pour compléter l’annnonce du nouveau classement sismique français de l’emplacement de nos centrales nucléaires. J’espère que toutes les conséquences seront tirées de ce nouveau classement et de la récente catastrophe de fukushima, mais j’en doute. Et surtout, la question de prévoir l’impensé et/ou l’impensable se posera encore de toute manière…