En décidant de subventionner l’éthanol cellulosique, le budget Bachand 2011** crée une distorsion dans le marché, en concurrençant l’émergence de la voiture électrique et le développement du biogaz / biométhane à des fins de biocarburant par les municipalités québécoises, ce qui permettrait de développer une alternative réelle au gaz de schiste déplore l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA).
Le ministre des Finances de la province du Québec, M. Raymond Bachand a intégré dans son second budget l’instauration d’un crédit d’impôt remboursable pour la production d’éthanol cellulosique et apporte des modifications à l’actuel crédit d’impôt remboursable pour la production d’éthanol.
Afin de promouvoir la production d’éthanol au Québec, un nouveau crédit d’impôt remboursable applicable à la production d’éthanol cellulosique sera instauré. Celui-ci pourra atteindre 0,15 $ par litre d’éthanol cellulosique produit et sera accordé à la production d’éthanol cellulosique d’une société jusqu’au 31 mars 2018.
Les mesures du budget Bachand encouragent donc le maintien d’une dépendance à l’essence en soutenant un carburant qui est mélangé à de l’essence dans une proportion de 5-10 %.
« L’éthanol n’est pas un carburant à forte efficacité énergétique : il faut 1,5 l d’éthanol pour obtenir l’efficacité énergétique d’un litre d’essence. Celui-ci est presque deux fois moins efficace que le biogaz, y compris celui qui est produit à partir des déchets forestiers !
De plus, les études convergent pour dire que l’impact environnemental du biogaz est bien moindre que celui de l’éthanol, même cellulosique. C’est du gaspillage de fonds publics que de soutenir l’éthanol issu de déchets agricoles, urbains et forestiers qui pourraient plutôt être utilisés pour produire du biogaz alors qu’une dizaine de villes québécoises s’apprêtent à développer celui-ci grâce à un financement gouvernemental de 650 millions$! » a déclaré Kim Cornelissen, vice présidente de l’AQLPA.
Selon l’association québécoise, l’éthanol est une filière qui n’a pas d’avenir en raison de son faible potentiel énergétique, de son intégration obligatoire au pétrole, de sa faible réduction de GES, de son absence d’étiquetage qui permet de continuer de vendre de l’éthanol maïs-grain, de sa propriété privée et par l’émergence de solutions beaucoup plus durables que sont la biométhanisation et l’électrification des transports.
Toujours d’après l’AQLPA, le Gouvernement doit réserver les déchets agricoles, putrescibles et forestiers pour la production municipale de biogaz par captage (sites d’enfouissement), bioréacteurs et gazéification (dans un second temps) et non pour l’éthanol. « Ainsi, il sera réellement possible de remplacer la consommation actuelle de gaz naturel au Québec, confirmant ainsi ce que l’AQLPA mentionne depuis plusieurs mois, à l’effet que le Québec n’a pas besoin de gaz de schiste, à condition que l’on ne soutienne pas de façon détournée les énergies fossiles ou peu efficaces » conclut André Bélisle, président de l’AQLPA
** Le budget Bachand a pour objectif d’amener le déficit québecois à 4,5 milliards de dollars canadien pour 2010-2011, avant d’arriver à un point d’équilibre en 2013-2014.