Les brésiliens sont les leaders mondiaux dans l’utilisation des biocarburants en tant que carburants pour automobiles, et environ un quart de leur consommation provient de la canne à sucre.
Alors que cela a pour effet de réduire considérablement les émissions de dioxyde de carbone qui, autrement seraient émises par l’utilisation des carburants fossiles, des chercheurs du Carnegie Institution ont aussi constaté que la culture de la canne à sucre possédait un autre atout.
En effet, l’expansion de cette culture dans les zones précédemment occupées par d’autres cultures brésiliennes permet de refroidir le climat local. Elle le ferait en réfléchissant la lumière solaire vers l’espace et en abaissant la température de l’air ambiant grâce aux plantes qui "exhalent" de la vapeur d’eau.
L’équipe de recherche, dirigée par Scott Loarie, est la première à quantifier les effets directs sur le climat de l’expansion de la canne à sucre dans les zones de cultures existantes et des pâturages du Cerrado, situés dans le centre du Brésil.
Les chercheurs ont utilisé les données de centaines d’images satellites sur 2.000 km2, soit une superficie plus grande que l’état de l’Alaska. Ils ont mesuré la température, la réflectivité (aussi appelée albédo), l’évapo-transpiration, la perte d’eau par le sol et la vapeur d’eau qu’exhalent les plantes.
"Nous avons constaté que le passage de la végétation naturelle aux cultures ou aux pâturages avait un effet sur le réchauffement local parce que les plantes dégagent moins d’eau. Cependant, le bambou comme la canne à sucre est plus réfléchissant et donne plus d’eau – un peu comme la végétation naturelle. Il s’agit d’un potentiel gagnant-gagnant pour le climat en utilisant la canne à sucre pour alimenter les véhicules et réduire les émissions de carbone, alors que sa croissance fait abaisser la température de l’air ambiant" a expliqué Scott Loarie.
Les scientifiques ont constaté que la conversion de la végétation naturelle en mode culture / pâturage dans le Cerrado avait fait augmenter la température en moyenne de 1,55°C, alors que la conversion subséquente de la canne à sucre, avait refroidi l’air ambiant, en moyenne, de 0,93°C.
Les chercheurs soulignent que les effets bénéfiques sont conditionnés au fait que la canne à sucre est cultivée sur des zones précédemment occupées par des cultures (ou des pâturages), et non pas sur des surfaces converties à partir de végétations naturelles. Il est également important que les autres cultures (et les pâturages) ne se déplacent pas vers les zones à végétation naturelle, ce qui contribuerait à la déforestation.
Jusqu’ici, la plupart des réflexions sur les effets du climat sur les écosystèmes considéraient seulement les impacts des émissions de gaz à effet de serre. Mais, selon le co-auteur de l’étude Greg Asner, "il devient de plus en plus évident que les effets directs du climat sur le climat local de par les décisions d’affectation de terres constituent là des impacts significatifs qui doivent être considérés comme des éléments de base du changement climatique d’origine humaine."
L’étude a été publiée le 17 avril dans la revue "Nature Climate Change".