Est-il possible de produire, de façon industrielle, du biocarburant à partir de micro-algues ? Pour répondre à cette question, le laboratoire nazairien GEPEA va s’équiper d’un démonstrateur dès cette année.
En effet, les algues et micro-algues sont riches en vitamines, lipides, protéines, sucres, pigments et antioxydants. Elles intéressent le secteur industriel qui les utilisent pour la fabrication de compléments alimentaires, d’aliments fonctionnels, de cosmétiques, de médicaments ou pour la nutrition en aquaculture.
Ces ressources naturelles n’ont pas encore livré tout leur potentiel et elles apparaissent de plus en plus comme une alternative intéressante à la production d’énergie, et notamment de biocarburant.
Les micro-algues bénéficient d’un excellent rendement par rapport aux plantes terrestres. Elles produisent 5 à 10 fois plus de litres d’huile par hectare que le colza ou le palmier. Pouvant être cultivées en milieu marin, elles ne nécessitent aucune consommation d’eau supplémentaire. Surtout, leur croissance par photosynthèse permet de recycler et valoriser le traitement d’effluents liquides et de fumées industrielles (CO2, nitrates, phosphates entre autres).
Aventure collective
Depuis 4 ans, le laboratoire de Génie des procédés – environnement – agroalimentaire (GEPEA) travaille sur cet axe de recherche appliquée. C’est lui qui est à l’origine du Défi-µAlg. Il s’agit de démontrer que ce que qui fonctionne en laboratoire peut passer la barre de la production industrielle. Et pour ça, il faut une plate-forme appelée démonstrateur de recherche et développement. Elle sera installée dès 2013 sur le site universitaire nazairien de Gavy et devrait livrer ses premiers résultats dès 2016.
En parallèle, une plate-forme collaborative associant des acteurs industriels et des start-up régionales se met en place. "Cette mobilisation du monde économique, avec des perspectives d’innovation immédiates, associée à l’excellence académique et à l’ambition locale autour de la recherche marine, justifie pleinement l’accompagnement de la Région au titre des investissements d’avenir régionaux", insiste Christophe Clergeau, vice-président en charge de l’économie, la recherche et l’innovation.
Estimé à 3,56 millions d’euros, ce démonstrateur de recherche et de développement est financé par le FEDER (890.250 euros), le Conseil régional (1,18 ME), le Conseil général (1 ME), la Carene (356.100 euros), Nantes Métropole et la CCI.
Le concept de biofaçades
Le GEPEA est également associé au cabinet X-TU Architects et à la société AlgoSource Technologies avec lesquels il développe les premiers prototypes français de photobioréacteurs intégrés au bâtiments.
Ces "biofaçades", aux couleurs vertes pouvant virer au rouge, pourraient, à l’avenir, améliorer l’isolation des bâtiments neufs ou en réhabilitation ou de sites industriels comme celui de Séché Environnement en Mayenne.
Dans le cadre d’un programme de recherche mené avec le Bureau d’études Valagro (Poitiers) et soutenu par la Région Poitou-Charentes, Séché Environnement étudie depuis 4 ans la valorisation des gaz de combustion de moteurs biogaz (CO2 et chaleur) au Vigeant (86) par la mise en œuvre d’une expérimentation de cultures algales en raceway (bassins ouverts).
Partant du constat que les usines de valorisation énergétique des déchets produisent des quantités importantes de chaleur et de gaz (CO2 notamment) aujourd’hui souvent incomplètement valorisées, le Groupe Séché a décidé de poursuivre dans cette voie en étudiant une culture en système clos (PBR – photo bio réacteur) en symbiose avec une façade, concept encore appelé « biofaçade ».
Un partenariat a été noué avec le GEPEA (Université de Nantes) et X-TU afin de mettre en œuvre un programme de recherche à Saint-Nazaire autour d’un banc test appelé SymBio2- BOX visant à valider ce concept de « biofaçade » : choix d’algues adaptées en production aux fumées des usines d’incinération d’ordures ménagères, évaluation de l’efficacité thermique, mesure de la productivité algale en PBR, confirmation des données technico-économiques , etc…
La réalisation de ce programme est prévue au cours de l’année 2013 à Saint-Nazaire sur le site de l’Université de Nantes «Gavy-Océanis». En fonction des résultats obtenus au cours de ces travaux, ce concept de « biofaçade » pourrait être envisagé au titre d’une démonstration industrielle sur une usine d’incinération, ce serait une première en France !