Le potentiel des microalgues n’est plus à démontrer. On les utilise déjà pour en faire des produits cosmétiques ou des compléments alimentaires. On en parle aussi pour fabriquer du bitume. Mais cette bioressource marine pourrait bientôt révolutionner notre quotidien d’une autre manière en faisant rouler nos voitures.
Un "biodiesel", biocarburant de 3e génération, est actuellement à l’étude à Saint-Nazaire, avec pour objectif une production à l’échelle industrielle dans les prochaines années.
Plusieurs études réalisées au sein du laboratoire Génie des Procédés Environnement et Agroalimentaire (GEPEA) ont en effet permis aux chercheurs d’expérimenter et de sélectionner de nouvelles souches microalgales très prometteuses, faciles à cultiver et suffisamment robustes pour une production en grande quantité d’un nouveau biocarburant.
En parallèle, le laboratoire a développé depuis une dizaine d’années maintenant de nombreux procédés et outils innovants en vue d’une exploitation industrielle optimisée de microalgues (photobioréacteurs à haute concentration, procédés de bioraffinage en voie humide,…). Bien que ces systèmes aient été développés à petite échelle ils tendent peu à peu à confirmer qu’une production intégrée et contrôlée d’un biocarburant à grande échelle est désormais possible.
"Nos expérimentations en laboratoire nous ont permis d’avancer significativement sur les points durs de l’exploitation à grande échelle des microalgues", explique Jérémy Pruvost, professeur au laboratoire Génie des Procédés Environnement et Agroalimentaire et coordinateur du programme de recherche ANR Diesalg. "On a par exemple développé de nouveaux procédés de culture, simulé les effets des conditions extérieurs comme les cycles jour-nuit grâce à des panneaux LED ou encore tester les meilleures méthodes d’extraction des huiles contenues dans la biomasse, mais toujours sur des petits volumes. Les résultats sont assez encourageants pour envisager aujourd’hui d’aller plus loin."
Optimiser la production à grande échelle
Car tout l’enjeu est désormais de passer à l’étape supérieure et de tester cette méthodologie et ces nouvelles souches en conditions réelles, hors du laboratoire, et surtout à une échelle représentative de l’exploitation industrielle futur. "On sait maintenant que nos procédés fonctionnent en laboratoire", souligne Jérémy Pruvost. "Il faut maintenant démontrer que nos innovations sont également performantes pour une exploitation à l’échelle pré-industrielle."
Depuis quelques semaines, les chercheurs ont donc mis en culture des souches microalgales dans les systèmes de culture de la nouvelle plateforme de recherche industrielle AlgoSolis, récemment mise en service sur le campus Gavy à Saint-Nazaire. Le GEPEA va maintenant s’attacher dans les prochains mois à expérimenter et à optimiser l’ensemble de la chaîne de production pour s’assurer d’une production en grande quantité de ce biodiesel innovant.
Tout ceci est trop vague.. Quand on regarde les projets équivalents en Allemagne, plutôt que d’utiliser des grands mots comme « niveau préindustriel » on a des chiffres de production quotidienne en litres .. N’importe qui peut facilement comprendre que le besoin est tel qu’il faudra produire des centaines de milliers de barils/jour avant que ça n’ait un impact réel. Ici, on n’a aucun chiffre, aucune date et même la formulation « ça marche en laboratoire » peut vouloir dire tout et son contraire. Je me rappelle d’un banc de test que j’avais mis en place dans une société de logistique : le management insistait pour appeler ça un laboratoire pourtant il ne s’agissait que de deux PC en réseau.. C’est un peu ridicule de broder de la littérature sur une idée que tout le monde trouve intéressante , juste pour dire « on a les budgets R&D » alors que tout le monde sait que beaucoup de R&D finit à la poubelle , surtout en milieu universitaire ou recherche d’état. Le taux d’industrialisation des procédés des CNRS/CEA est incroyablement bas.. La formulation de cet article donne plutôt à penser que le projet est mal engagé et qu’on cherche à prolonger le budget tout en sachant pertinemment qu’il n’y aura jamais de débouché. Désolé pour cete interprétation mais cette prose ne vaut pas plus
Le problème avec les microalgues n’est pas de les transformer en carburant, mais de les produire à grande échelle, avec un rendement suffisant pour que les sites de production n’utilisent pas des surfaces excessives. On en parle depuis au moins 7 ans, et sur ce point, on n’a pas entendu parler de progès significatif sur ce plan
Le problème c’est toute la chaine… et pas que la production… Cultiver des algues et les transformer c’est dissiper de l’énergie dans de grandes quantités d’eau, sans parler de la maitrise de la qualité des lipides et de leur concentration dans les cellules… Si vous faites un rapide historique de ces annonces de carburant à partir de microalgues vous réaliserez que depuis une dizaine d’années les annonces se suivent et que les barils restent toujours vides ! Il s’agit avant tout de communication, le GEPEA ayant investi dans une plateforme ambitieuse. Les microalgues suscitent beaucoup d’intêret au regard de leur potentiel et permettent de récolter beaucoup de subvention mais pour combien de temps encore ? Alors effectivement les réalisations industrielles sont encore bien conceptuelles mais le greenwashing paye et reste tendance, COP21 oblige…
je rejoins les propos précédents.ça semble une très bonne idée… sur le papier… etdans quelques « labos », MAIS… Et pourtant, le productiond de »vrais » bio carburants me semble une piste à explorer prioritairement, bien devant les « enr ». Non pas à cause du CO2, faux problème enflé au-delà du raisonnable, mais parce que le pétrole restera un enjeu géo stratégique source de conflits et de guerres.