Deux études publiées dans le magazine Science la semaine dernière ont renforcé le sentiment d’urgence envers la nécessité de passer à la seconde génération de biocarburants.
Le Président du Worlwatch Institute revient sur ces deux études qui agitent la presse et les milieux scientifiques américains :
"Les deux études, l’une menée par une équipe de chercheurs de l’Université du Minessota et l’autre par des chercheurs de l’université de Princeton, ont révélé le fait que les biocarburants peuvent être responsables de plus d’émission de dioxyde de carbone qu’ils ne permettent d’en économiser. Ce, si l’on prend en compte le fait qu’ils entraînent la transformation d’espaces naturels en terres cultivées, ce qui relâche dans l’atmosphère le carbone contenu dans les arbres, les herbes et dans le sol.
Ce que montrent ces deux articles ? Que le défrichage des terres pour les cultures énergétiques, surtout quand il est synonyme de déforestation, de destruction des tourbières et des prairies, qui sont les mailleures méthodes de capture du carbone, est une mauvaise idée.
La raison en est claire : les forêts et les prairies constituent à travers le monde un énorme réservoir de carbone, qui ne fera qu’accentuer l’effet de serre s’il est rejeté dans l’atmosphère. Même la "switchgrass", lorsque cultivée sur des terres actuellement consacrées à la production de maïs, pourrait augmenter les émissions de 50%, si sa culture implique le défrichage forcé de nouvelles terres pour faire pousser de la nourriture.
Les articles de Science, repris par le Wall Street Journal, le New York Times, le Los Angeles Times, et virtuellement n’importe où ailleurs, ont fait les gros titres, tels "Les biocarburants considérés comme une menace pour le Climat". Cette question agite profondément les milieux scientifiques. Selon la journaliste du Washington Post Juliet Eilperin, d’éminents scientifiques ont réagi aux nouvelles études en envoyant une lettre au Président Bush et à la Présidente de la Chambre des représentants, pour les inciter à reconsidérer les politiques énergétiques.
"Alors que les responsables politiques aux Etats-Unis et en Europe ont tenté de mettre en place des garde-fous pour garantir le fait que les biocarburants ne seront pas cultivés aux détriment des espaces naturels vierges, les articles montrent que la conversion de la terre résulte souvent de cette expansion", ont écrit les 10 scientifiques.
"Il est un besoin urgent d’une politique qui garantisse que les biocarburants ne seront pas produits au détriment de forêts, prairies ou de terres agricoles productives."
Ces études offrent de nouvelles preuves importantes pour renforcer le message que diffusait le WorldWatch Institute dans son livre, en 2007 "Les biocarburants pour le Transport" :
"Parce que l’augmentation de la superficie des terres utilisées pour produire de la nourriture peut entraîner des rejets de grandes quantités de carbone à partir du sol et de la biomasse existante, ils peuvent réduire à néant les bénéfices des biocarburants pour des décennies."
Aujourd’hui, cette affirmation est avérée, l’expansion de certaines cultures de biocarburants pourrait effectivement empirer les problèmes climatiques.
Il est temps pour les décideurs politiques, à Washington et dans le monde entier, de réduire les subventions accordées aux biocarburants issus de plantes alimentaires, et à les augmenter vers les biocarburants qui réduisent rééllement les émissions de gaz à effet de serre, et permettent par la même occasion de lutter contre d’autres problèmes environnementaux.
L’automne dernier, le Worldwatch Institute a travaillé avec le Sierra club, pour éditer le rapport "Destination Iowa : Vers un Avenir durable pour les biocarburants", qui prononçait des recommandations pour que l’Etat de l’Iowa, l’un des leader américains pour la production d’éthanol, parvienne à un tel résultat.
Certaines de ces recommandations pour un avenir durable des biocarburants, incluaient :
- D’accélérer le développement des biocarburants cellulosiques, et les infrastructures afférentes pour la récolte, le transport et les procédés de transformation.
- D’encourager la technique culturale simplifiée (no-till), la couverture végétale, et les zones ripariennes.
- D’aider les agriculteurs qui voudraient investir dans des cultures énergétiques durables telles que le couvert végétal, les arbres à croissance rapide.
- De réduire les subventions envers les producteurs de biocarburants issus de plantes alimentaires, et augmenter celles qui encouragent celles qui ont une faible empreinte carbonique, comme les déchets de culture, et les biocarburants dérivés de plantes cellulosiques.
- D’accroître l’investissement dans l’énergie renouvelable, solaire, éolien et toutes les autres formes, pour permettre un meilleur rendement en terme de protection du climat que les biocarburants actuels.
Le message principal que doit tirer le monde des études parues, est que le système agricole actuel, comme le système énergétique actuel, n’est pas durable. Et à moins que cela ne soit réglé, la production croissante, à la fois de nourriture et de carburant, provoquera des ravages.
Un article récent publié dans Environnmental Health Perspectives soulignait que des niveaux élevés de consommation de viande conduisent également au défrichement et à la hausse des émissions de gaz à effet de serre, au même titre que le maïs. Dans les seuls derniers mois de 2007, plus de 3 000 km carrés de forêts ont été défrichés en Amazonie pour faire de la place aux élevages de bétail et pour faire pousser les plants de soja pour l’ alimentation des bêtes."
Christopher Flavin est président du Worldwatch Institute, Organisation de recherche en environnement basée à Washington.
[Traduction T.P. – Enerzine -Photo page d’accueil : Soilscience]
Oui, il est URGENT que concrètement les pouvoirs publics de France, de l’UE, et des autres grandes puissances prennent CONSCIENCE de cet état de fait et qu’on CORRIGE le tir PAYS par PAYS. Il faut CONCRETEMENT: 1)développer AGROCARBurants Ligno-CELLULOSIQUES, et les infrastructures afférentes 2)INVESTIR dans arbres à croissance rapide pour reconstituer le POUMON + cultures énergétiques durables telles que le couvert végétal (faisant aussi engrais vert) 3)REDUIRE les subventions envers les producteurs de biocarburants issus de plantes alimentaires (maïs, blé, colza,..) 4)INVESTIR dans les énergies renouvelables, MIX de solaire, éolien, géothermie, Biomasse terrestre (résidus bois, lisier, résidus agri,…) et Biomasse marine (algues,…), Micro-Cogénération gaz ou Biogaz, etc… Bon courage, mais FAUT FAIRE VITE !!! A+ Salutations Guydegif(91)
Nos grands écolos bobos découvrent qu’UNE année de récolte de n’importe quoi (bois, herbe, résidus, colza, maïs, blé, noix de coco, etc.) ne peut pas remplacer les MILLIONS d’années de récoltes passées qui sont en stock sous nos pieds sous forme de charbon, de lignite, de gaz, de pétrole. Comprendre ce qu’est un ORDRE de GRANDEUR, éviterait bien des fadaises.
La solution ça fait déjà un bout de temps qu’on la connaît : planter dans les déserts des plantes comme le Jatropha et les transformer par exemple en Huile Végétale Pure que l’on peut utiliser, avec seulement quelques réglages, dans les moteurs diesels.
Dans les années 70 beaucoup de choses avait été dites sur ce qui va arriver, mais pas de réaction. Maintenant que nous apercevons le mur des limites de la croissance nous croyons que nous allons pouvoir corriger rapidement toutes nos erreurs. Utopie ! Utopie ! Il faudra des décénies pour changer de cap et pendant ce temps là la mer va monter de 6mètres et non 1m comme annoncé. Il faudrait commencer à songer à accueillir les 2 milliards de personnes qui vont être déplacées, trouver d’autres ressources de nourriture avec la pertes des tous les riches estuaires. Les stocks mondiaux de céréales sont au plus bas (55 jours) depuis la fin de la guerre de 40. C’est pas du tout sûr que nous ferons encore rouler nos voitures en 2030 faute d’énergie et de métaux. Le gâteau pour chaque humain est divisé par cinq en un siècle et ce qui reste est dégradé par surexploitation. Il nous reste au maxi dix ans pour limiter la casse !
assez d’accord avec Guydegif.et surtout sur le « pays par pays ». Il n’y a pas de solution universelle, elle doit s’apprecier en fonction de la situation locale.Que l’Indonésie ou la Malaisie déforestent si c’était pour assurer leurs propres besoins energétiques, ça pourrait se comprendre. Qu’elles déforestent pour exporter de l’huile de palme qui permet à nos riches pays de satisfaire les objectifs de l’UE en termes de biomasse,de certificats verts, etc…c’est déjà beaucoup plus contestable.
Pour se rendre compte de l’impact de cette déforestation, je vous conseille de jeter un oeil à « We Feed the World » (excellent docu sur l’industrie agro-alimentaire). On peut y voir les zones de l’Amazonie qui ont été converti pour faire pousser du soja utilisable comme carburant. Remplacer de la forêt vierge par une plante qui n’est pas adaptée à la terre d’amazonie n’est tout simplement pas une solution durable!
Beaucoup d’espoirs semblent en effet reposer sur les algues comme expliqué par cet article: