PlasticsEurope a dressé son panorama annuel de la gestion des déchets plastiques en Europe et en France, à 10 jours de la conférence internationale Identiplast qui a lieu cette année à Paris sur le thème « Zéro plastique en décharge ».
Les plastiques forment une famille très nombreuse. Avec près de 288 millions de tonnes produites en 2012 leur production a progressé de 2,9% sur un an. Grâce à la capacité de ces matériaux à apporter la bonne combinaison de caractéristiques à un besoin précis, les plastiques se sont imposés dans tous les secteurs depuis plus de cinquante ans.
Qui dit consommation dit déchets et cet aspect de la vie des plastiques est devenu la préoccupation depuis plusieurs années de leurs producteurs.
Les déchets dits de post consommation (pc) sont ceux qui résultent de l’usage des produits par les particuliers ou les professionnels. En 2012, l’Europe en a généré 25,2 millions de tonnes, issues pour 40% de produits à courte durée de vie (les emballages) et pour 60% de produits à longue durée de vie (automobile, construction et bâtiment, équipements électriques et électroniques, agriculture…).
[ Production mondiale de matières plastiques ]
On constate que si le volume global des déchets pc est resté stable (+0,1%), leur valorisation a atteint 61,9% (recyclage mécanique et chimique, 26,3% et valorisation énergétique, 36,0%) progressant ainsi de 4%. Avec un taux de 38,1% la mise en décharge, a diminué de 5,5%.
[ Europe : comparatif de la valorisation des déchets par pays ]
Ce sont les emballages plastiques qui enregistrent les meilleurs taux de recyclage avec 34,7%, soit une progression de 3,3%. Ils sont suivis par ceux du bâtiment et de la construction avec un taux de 21,5%, soit + 5,9%, et par l’automobile.
La mise en décharge a également diminué de 6 % pour les plastiques issus de véhicules hors d’usage, de 8,7% pour les emballages et de 7,5% pour les déchets du bâtiment et la construction.
Il n’est pas surprenant que plus des ¾ des déchets soient générés par le Top 7 des pays les plus peuplés et à pouvoir d’achat élevé, l’Allemagne (18%), le Royaume-Uni (15%), la France (13%), l’Italie (13%), l’Espagne (8%), la Pologne (6%) et les Pays-Bas (4%). Le quart restant est généré par les 22 autres pays !
On note en effet que les taux de valorisation s’échelonnent de 12,4% (Malte) jusqu’à quasiment 100% (Suisse). Trois groupes se dessinent : un peloton de tête comptant 9 pays, avec des taux allant de 92,3% pour la Norvège et 99,8% pour la Suisse, suivi d’un groupe intermédiaire de 13 autres enregistrant des taux entre 41,5% et 62,6% et enfin un groupe de traîne, avec 7 pays avec des taux variant de 12,4% à 30%.
La France ne figure pas dans le peloton de tête, mais est le deuxième pays du groupe intermédiaire avec 62%.
Pour le recyclage, la Norvège vient en tête avec 36,9% de plastiques recyclés, le taux moyen dans les 27+2 pays d’Europe étant de 26,3%. La France avec un taux de 20%, se situe bien en dessous.
Les 7 premiers pays en tête du classement, marquent leur différence grâce à une politique de gestion des déchets plastiques volontariste : restrictions sévères à la mise en décharge et développement conjoint du recyclage et de la valorisation énergétique.
[ Le recyclage augmente plus vite que la valorisation énergétique ]
La France, où la situation s’améliore, est sur la bonne voie
En 2012, la France a généré 3,3 millions de tonnes de déchets plastiques dont près des 2/3 proviennent des emballages, et le tiers restant de produits du bâtiment, de l’automobile, des équipements électriques et électroniques et d’autres secteurs comme l’agriculture, les équipements ménagers et les loisirs.
Leur valorisation a atteint 62% contre 60,9% en 2011. En volume, cette progression se traduit par la non mise en décharge de 100.000 tonnes de plus. À noter que ces 100.000 tonnes ont été à 100% recyclées. Le taux de mise en décharge baisse dans les mêmes proportions à 38% (39,1% en 2011).
Zoom sur le recyclage des emballages plastiques
Si l’on regarde les performances enregistrées dans les 27+2 pays d’Europe, les Pays-Bas arrivent en tête avec 50,6%, suivis de près par la Tchéquie, la Suède, l’Estonie et l’Allemagne.
Le taux exigé par la directive européenne a été fixé à 22,5%. La moyenne des résultats est de 34,7%, soit 12,2% au dessus de ce seuil. Un seul pays (Malte) est en dessous. La France est à 23,9%.
Selon le type d’emballages, industriels et commerciaux ou ménagers, on note là encore des approches différentes, certains pays se focalisant plus sur le recyclage des emballages plastiques industriels, comme la Slovaquie (76%), la Slovénie, les Pays-Bas, le Danemark, et d’autres plus sur les emballages plastiques ménagers comme la Tchéquie (52, 2%), l’Estonie et l’Allemagne et particulièrement sur leur collecte. La France, quant à elle, enregistre un taux de 22,2%.
La clé de l’amélioration des taux de recyclage des emballages plastiques ménagers se situe donc bien dans l’amélioration de leur collecte.
Les résultats encourageants de l’expérimentation sur l’extension des consignes de tri avec Valorplast.
Valorplast qui organise depuis 1993 le recyclage des bouteilles plastiques collectées par les collectivités territoriales en France, s’est engagée depuis 2008 dans l’expérimentation financée par Eco-Emballages portant sur l’extension des consignes de tri à tous les déchets plastiques d’emballages ménagers*. Valorplast a travaillé en particulier sur l’adaptabilité des centres de tri et de surtri et sur l’identification de débouchés pour les matières recyclées.
Les premiers retours sont très encourageants car ils montrent qu’une extension possible permettrait de monter le taux de recyclage de 21% (situation en 2010) à près de 40% à terme.
• Sur le plan logistique, l’expérimentation a montré que les collectivités et leurs prestataires ont su s’organiser pour la collecte supplémentaire sans augmentation des moyens.
• Dans les conditions actuelles, la grande majorité des centres de tri sont fortement impactés par l’arrivée des nouveaux flux. Un petit nombre de centres de tri obtient néanmoins des résultats encourageants, permettant de dessiner les contours d’un futur référentiel.
• Il est confirmé qu’une partie des plastiques nouvellement collectés (polypropylène) a pu déjà rejoindre les filières existantes pour un recyclage de bonne qualité. Pour les autres (PS, PVC, PET grade barquette) le développement en est à ses débuts.
• Des débouchés possibles se confirment dans l’industrie, le bâtiment, l’automobile mais aussi dans l’alimentaire et la fibre. La demande est forte en polypropylène et en polyéthylène grade film (sacs).
• Pour la partie non recyclable, l’intérêt d’une filière pérenne de valorisation énergétique est confirmé.
Le Zéro plastique en décharge en 2020, Identiplast 2013
Pour arriver au Zéro plastique en décharge il faut atteindre les 100% de collecte et les 100% de valorisation. En organisant Identiplast au Conseil Économique et Social et Environnemental à Paris, l’organisation européenne des producteurs de matières plastiques place d’emblée le sujet dans un contexte politique, économique et social ; à sa juste place.
Les chiffres de la valorisation en Europe montre en effet quel impact ont eu les décisions politiques de certains pays. Les préconisations de la Feuille de Route de la Conférence Environnementale française de 2013 vont dans le même sens.
A noter parmi les valorisations les plus efficientes des plastiques une société française en pointe et cotée en bourse : Carbios .
Mettons que les chiffres sont exacts et qu’il n’y a pas de biais. Certes, la France dans ce cas là n’apparait pas dans le peloton des meilleurs elèves ni pour le recyclage, ni pour la valorisation energétique.. Mais on voit aussi qu’une bonne incinération est préférable à un enfouissement. Et que l’incinération « moderne » ( avec les traitements de fumées qui vont bien) sont la façon des « modèles » souvent cités de valoriser une grande partie des plastiques. Je soumets cette reflexion à la plupart de nos « écologistes » qui devant tout projet d’usine de valorisation de l’énergie des OM vont immédiatement se mobiliser contre. Et quitte à être passible du bucher, je me suis toujours demandé pourquoi ce type d’usine ne pourrait pas, en fonction des besoins de chaleur, être complémenté par des apports en biomasse. On élimine les déchets en été, et on les valorise avec complément biomasse en hiver. C’est certainement parce que l’incinération des ordures c’est pas bien et que la combustion de biomasse c’es bien, et que quand on est « écolo » on ne mélage pas les torchons et les serviettes…..