Si de nombreux pays s’accordent aujourd’hui sur la nécessité d’une réduction planétaire des émissions de gaz à effet de serre, une tel effeort sera-t-il vraiement suffisant pour stopper le processus de réchauffement déjà bien engagé ?
Selon une nouvelle étude menée par la fondation de recherche "Carnegie Institution", de Washington, réduire les émissions globales ne suffira pas. Pour stopper le réchauffement planétaire, il faut trouver le moyen de stopper complétement et dès aujourd’hui les émissions de CO2.
Pour réaliser leur étude, publiée dans Geophysical Research Letters, les climatologues Ken Caldeira et Damon Matthew ont modélisé le système climatique terrestre pour simuler la réaction de la planète envers différents niveaux de carbone dans l’atmosphère au cours des 500 prochaines années.
Ce modèle, un programme informatique sophistiqué développé à l’université de Victoria, au Canada, prend en compte les flux de chaleur entre l’atmosphère et les océans, ainsi que d’autres facteurs tels que la capture du dioxyde de carbone par la végétation terrestre. C’est la première étude qui tente d’évaluer quel niveau de réduction devra être atteint pour empêcher la poursuite du réchauffement planétaire.
"La plupart des discussions scientifiques et politiques sur les changements climatiques ont principalement porté sur le niveau d’émission à atteindre pour stabiliser la présence de gaz à effet de serre dans l’atmosphère", explique Caldeira. "Mais la stabilisation émissions des gaz à effet se serre n’est pas la stabilisation du climat. Nous, nous avons étudié quelles émissions étaient nécessaires pour stabiliser le climat dans un avenir prévisible."
Les chercheurs ont étudié quel changements sur le climat impliquaient chaque niveau d’émission de dioxyde de carbone, et ont conclut que la moindre augmentation d’émission conduit à une réchauffement supplémentaire.
Pour éviter un réchauffement supplémentaire, il faut éviter toute émission supplémentaire.
Dans leur simulation, des émissions réduites à zéro dans leur simulation, ont lentement amené à la diminution de la présence de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, sous l’effet des "puits" à carbone que sont les océans et la végétation terrestre.
Ils ont néanmoins été surpris de constater que le modèle prédit le maintien de la température du globe pendant au moins 500 ans après la cessation des émissions de GES. Ce sont les océans qui en conservant la chaleur, ralentissent la diminution de la température atmosphérique, quand bien même la présence de CO2 dans l’atmosphère diminuerait. Continuer à émettre des gaz à effet de serre, même à un niveau inférieur à aujourd’hui, ne ferait qu’empirer la situation, et les effets perdureraient pendant des siècles.
"Et si nous découvrions demain qu’une catastrophe climatique est imminente si la planète se réchauffe encore ?" s’inquiète Caldeira."Pour réduire les émissions suffisamment et éviter un=e telle catastrophe, nous devrions les réduire à un niveau proche de zéro – et maintenant."
Même si l’on parvenait à geler les émissions au niveau actuel, les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone devraient continuer à augmenter. Si nous pouvions stabiliser ces concentrations de dioxyde de carbone, ce qui signifierait de profondes réduction des émissions, la Terre continuerait quand même à se réchauffer.
"Il n’est pas si difficile de surmonter des défis technologiques" rassure Caldeira. "Nous pouvons développer et déployer les éoliennes, les voitures électriques, et ainsi de suite, et bien vivre sans pour autant endommager l’environnement. L’avenir peut être meilleur que le présent, mais nous devons prendre des mesures pour commencer à donner des coups de pieds dans notre habitude du CO2, sans être en situation de manque plus tard."
http://www.ciw.edu
Matthews, H. D., and K. Caldeira (2008), Stabilizing climate requires near-zero emissions, Geophys. Res. Lett., 35, L04705, doi:10.1029/2007GL032388.