A l’occasion du débat national sur la transition énergétique qui s’est déroulé le 15 avril dernier, le rapport sur les perspectives de développement des énergies marines renouvelables a été rendu public.
Disponible en ligne>>, ce rapport est le fruit d’une mission conjointe du Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable et du Conseil Général de l’Économie, de l’Industrie, de l’Énergie et des Technologies. Il dresse un inventaire des technologies existantes (énergie hydrolienne, éolien offshore flottant, énergie houlomotrice et marémotrice, énergie thermique des mers, climatisation par eau de mer (SWAC) et énergie osmotique) et examine les enjeux industriels, économiques, juridiques et environnementaux associés à l’essor de cette nouvelle filière de production d’énergie.
Delphine Batho avait annoncé précédemment que le soutien de l’Etat à cette nouvelle filière industrielle serait amplifié et accéléré pour parvenir à maturité en 2014-2015. L’objectif est de permettre à la France de prendre une place de premier rang dans cette filière en pleine effervescence. La ministre avait rappelé que la France possédait le deuxième gisement hydrolien en Europe et comptait « des acteurs historiques comme DCNS et d’autres regroupés au sein de l’institut France Energies Marines ».
Le rapport devrait constituer une contribution ‘essentielle’ en vue de la mise en place d’un dispositif de soutien adapté aux fermes pilotes hydroliennes.
On apprend que ces technologies** bien que diversifiées sont à différents niveaux de développement :
- L’éolien offshore posé est dès à présent au stade commercial ;
- L’éolien offshore flottant et l’hydrolien suivront à court ou moyen terme ;
- Le houlomoteur et le thermique seront opérationnels à moyen ou long terme.
- Le stade commercial est atteignable en 2020 pour l’hydrolien ainsi que pour l’éolien flottant. L’hydrolien, prévisible et de gisement limité et localisé, est mûr et est un secteur qui présente une forte compétition entre acteurs, les Britanniques étant, du point de vue du déploiement des fermes pilotes, en avance de quelques années (mais possiblement avec un goulot d’étranglement au niveau de l’interconnexion électrique) et partageant avec la France un gisement rare et exceptionnel ; l’éolien flottant est moins avancé avec seulement deux prototypes en vraie grandeur fonctionnels en mer, mais avec un fort potentiel à l’export, et une situation dans laquelle la France n’est pas en retard.
Quant aux filières jugées les moins mûres:
- Le SWAC progresse; il possède un important marché dans les zones tropicales mais également en métropole lorsque la climatisation est très utilisée;
- L’ETM est coûteux mais progresse avec un important marché de niche insulaire ;
- Le houlomoteur, de gisement diffus considérable, en est au stade d’un foisonnement de technologies encore peu éprouvées (140 technologies et, en France, au moins six en compétition sérieuse) ;
>> Rapport de la mission d’étude sur les énergies marines renouvelables : ici (.pdf)
** Glossaire :
L’Energie marémotrice : Elle résulte de l’exploitation de l’énergie potentielle de la marée en utilisant les différences de niveau entre haute et basse mer. On la capte en utilisant les variations du niveau de la mer, en remplissant, puis en vidant des réservoirs par l’intermédiaire de turbines ; Le phénomène de marée est dû à l’action gravitationnelle combinée de la lune et du soleil et des frottements sur le fond des océans. Les variations périodiques du niveau de la mer sous l’effet de la marée sont donc particulièrement prédictibles.
L’Energie hydrolienne (ou hydrocinétique) : Elle utilise l’énergie cinétique des courants marins issus des marées qui vont actionner des turbines hydroliennes, généralement sous marines ; il y a aussi des hydroliennes avec une partie flottante. Cette énergie fluctue à l’échelle journalière et bimensuelle sauf pour les courants océaniques.
L’Eolien offshore « flottant » : Il produit de l’énergie au moyen de turbines solidaires d’un support flottant à la surface de l’océan. Une éolienne est un dispositif qui transforme l’énergie cinétique du vent en énergie mécanique, puis grâce à un aérogénérateur en énergie électrique.
L’Energie des vagues et de la houle, ou houlomotrice : Elle est l’énergie mécanique des vagues et de la houle formée par l’effet du vent soufflant sur la surface de l’océan ; ce dispositif renferme un système de poids qui va osciller avec le phénomène de houle, remplissant puis vidant alternativement des pompes hydrauliques, ce qui a pour effet final de charger des accumulateurs à haute pression et d’entraîner des générateurs d’électricité. Cette filière est fortement marquée par les effets saisonniers.
L’Energie thermique des mers – ETM (ou énergie maréthermique) : Elle résulte de l’échange thermique entre la chaleur transmise par le soleil aux eaux de surface des océans (principalement dans les zones tropicales) et les eaux froides des profondeurs ; elle exploite la différence de température entre les eaux superficielles des océans, et les eaux profondes, beaucoup plus froides : les usines se composent d’un ensemble évaporateur-turbinecondenseur et de conduites et de pompes d’alimentation pour récupérer et acheminer les eaux froides des profondeurs et les eaux chaudes de la surface. Les SWAC utilisant l’eau froide profonde de la mer pour le conditionnement d’air en zone climatique chaude, ont aussi un grand potentiel et permettent l’effacement de consommation d’électricité par substitution. Ces deux dernières technologies pourraient être couplées, avec un SWAC en aval de la restitution d’un ETM pour utiliser l’écart de température de l’eau restituée avec celle de la mer qui restera valorisable.
L’Energie Osmotique : Elle vient du potentiel physico-chimique produit par la différence de salinité entre l’eau de mer et l’eau douce. Lorsque deux masses d’eau de concentration en sel différentes sont en contact, les molécules d’eau douce ont naturellement tendance à passer du compartiment le moins condensé, vers le plus condensé, pour rétablir l’équilibre de concentration. C’est le phénomène de la pression osmotique. Le principe est simple et connu, et requiert des membranes élaborées, utilisables à grande échelle dans les estuaires.
Enfin des mesures concrètes pour fonder en France et en Europe une vraie filière industrielle EMR? Souhaitons le! Souhaitons que cela ne soit pas là une compilation de constat de bon sens et de bonnes intentions sans lendemain. Un démonstrateur coute pusieurs millions d’Euros, parfois plussieurs dizaines de milleirs d’Euros, et parfois plusieurs fois. Les essais-errurs sont nombreux et ne signifient pas qu’une idée ou un axe de dévelppement est mauvais. Qui est capable de soutenir ces investissements rentables dans 20 ans? Qui à part l’état en association étroite avec les multinationales d’énergie (Totale, EDF, Siemens, Alstom, DCNS, EON, etc)? Qui va payer? Nous! Nous devons aussi accepter de payer l’énergie à son vrai prix. La saison des cadeaux est peut être en voie de se finir. Etes vsou prêt à payer pour le développement de ces énergies et de leur corollaires (réseau, régulation, stockage, occupation et partage de l’espace, nuisances induites…)? Tout cela va se faire graduellement, mais il faut commencer maintenant. Ne ratons pas ce train.
voilà un rapport à prendre pour ce qu’il est: un point sur l’état d’avancement sans chiffres ni dates. une curiosité: l’installation de « fermes-pilotes » d’éoliennes flottantes en « zones côtières profondes » en Bretagne et en PACA. Euh 35m (Bretagne) , c’est profond? on voit ici comment on passe de « démonstrateur » à « ferme pilote « , et bientôt zone pilote? on évoque en effet le « zonage » à faire pour planifier les raccordements pour les EMR. Autre curiosité: aucune allusion au tourisme dans les conflits d’usage. Pourquoi pas une « zone pilote » d’ éoliennes « flottantes » (à marée haute peut-être!) dans la baie du Mont Saint Michel ?