L’énergie thermique des mers (ETM) consiste en l’exploitation de la différence de température entre les eaux de surface et les eaux profondes des océans, une technique particulièrement adaptée à la zone intertropicale où le gradient de température est important.
Contrairement aux autres énergies renouvelables, l’ETM fournit une énergie de base, stable, garantie, et permet une production d’électricité non intermittente, renouvelable et décarbonée, sans aucune incertitude sur la ressource (accès, disponibilité, coût).
C’est également une technologie très respectueuse de l’environnement (faible impact visuel et paysager, absence de rejet de gaz à effet de serre) et qui concourt à la stabilité des réseaux insulaires fragiles.
La France détient une des technologies les plus avancées.
Le projet NEMO – une centrale de production d’énergie thermique des mers flottante d’une puissance installée de 16 MW, implantée en Martinique.
NEMO est un projet stratégique de développement de cette technologie française. C’est la première étape mondiale pour parvenir à la maturation industrielle d’une technologie innovante, principalement consacrée au monde insulaire et tropical.
Ce projet pilote s’appuie sur le prototype à terre mis en œuvre par l’expert naval DCNS depuis 2010 à la Réunion et qui a permis de qualifier la technologie ETM. D’un démonstrateur à la Réunion au projet NEMO de ferme pilote en format industriel à la Martinique, l’Outre-Mer est au cœur de la stratégie de développement commercial de la technologie et de consolidation de cette filière industrielle française.
Il permet de développer une technologie d’énergie renouvelable innovante conçue comme une réponse spécifique aux problématiques des zones insulaires tropicales non interconnectées.
Le projet NEMO est une plateforme flottante qui constitue le format « en mer » (offshore) du développement de la technologie ETM. A terme, cette technologie offshore vise les sites isolés densément peuplés, nécessitant une production d’électricité dans des zones où le coût de l’énergie fossile est élevé. L’ETM offshore apporte une alternative jusqu’alors inexistante aux centrales thermiques pour la production d’électricité de base (non intermittente) dans les zones insulaires tropicales. D’autres versions « à terre » (onshore) de cette technologie offriraient aussi de nouveaux débouchés commerciaux, ainsi qu’un moyen de valoriser les co-produits de l’ETM (climatisation, désalinisation, aquaculture, agriculture….).
Un partenariat 100% français structurant une nouvelle filière industrielle
NEMO est soutenu par un partenariat 100% français associant Akuo Energy, en tant que développeur de projet et DCNS en tant qu’industriel et fournisseur de technologie ETM, qui ont l’opportunité de constituer avec ce projet une équipe de France championne à l’export de cette technologie. Les composants les plus importants de la technologie sont, en outre, produits en métropole avec des partenaires français.
La Région Martinique s’est également fortement engagée dans le projet traduisant la volonté de l’île de s’inscrire dans cette histoire industrielle française.
Le partenariat sera structuré autour de l’actionnariat de la société de projet, composé majoritairement d’AKUO Energy avec une participation minoritaire de DCNS ainsi que du Conseil régional de Martinique via la Société d’Economie Mixte Energie de Martinique (EDM). Des partenaires financiers institutionnels sont pressentis pour compléter ce tour de table.
Enfin, le projet est soutenu au travers de partenariats structurés avec les régions Martinique et Réunion, et de démarches associées avec plusieurs instituts de recherche comme l’IFREMER, France Energies Marines, LEGOS (CNRS) et le LEMAR (Université de Bretagne Occidentale). Un déploiement commercial à l’international à fort potentiel NEMO constitue le premier pas vers la construction d’une filière industrielle initiée en territoire français et dont les perspectives commerciales internationales à l’export sont extrêmement prometteuses. En effet, des développements importants sont possibles dans la zone intertropicale, à la fois dans les grands archipels (Indonésie, Philippines), les systèmes insulaires (Caraïbes, Pacifique, Océan Indien) ainsi que les zones côtières (Mexique).
Perspectives d’emplois
Le partenariat dispose en France des compétences et du savoir-faire nécessaires à la réalisation de la centrale en mer NEMO ainsi qu’au développement commercial de la technologie.
Les composants les plus importants seront ainsi produits en Métropole, tandis que la mise en œuvre opérationnelle s’appuiera sur des bases arrières ultramarines. La plateforme pilote NEMO sera construite et assemblée dans un chantier naval français et permettra pour sa réalisation la création de près de 1300 emplois.
Les constructions en phase commerciale de centrales offshore devraient mobiliser plus de 2000 emplois en France pendant 4 ans par centrale.
Je suis emballé ! Je croyais qu’on en était à des stades de développement beaucoup moins avancés… Entre ça et les hydroliennes, voilà enfin des perspectives de renouvelables denses.
On attend avec impatience les résultats, car jusqu’ici, aucun projet de ce type n’a encore abouti
« La plateforme pilote NEMO sera construite et assemblée dans un chantier naval français et permettra pour sa réalisation la création de près de 1300 emplois. » 1300 emplois pour 16 MW? Ca parait beaucoup, non?
C’est peut-être une confusion courante entre le nombre emploi plein temps, et le nombre de personnes mobilisées ? A moins que ce ne soit une tête de série ?
Les projets flottants ont l’inconvenient d’être soumis au mouvrement des vagues. Le système CETO , basé sur des bouées flottantes dont le mouvement active des bielles poussant des piston calés sur le fond du rivage a été totalement détruit en janvier 2014 par le cyclone BEJISA à la Réunion, ou plus exactement par la houle de 12-14 m consécutive aux vents du cyclone. Donc en zone tropicale, il vaut mieux dimensionner les ouvrages en tenant compte de ces éventualités ; Or l’enthousiasme de l’article n’évoque absolument pas les précautions minimales qui devraient être prises pour éviter les déboires d’autres système flottants. (Echec de l’utilisation du système PELAMIS au Portugal en 2008/2009). Une remarque d’ordre général. Pourquoi tous ces systèmes dont la mouvance « bien-pensante » nous promet monts et merveilles ne débouchent-ils pas sur des réalisations industrielles fiables et en grande série ?
Bonne question, les cyclones, mais mauvaise réponse. On ne progresse pas en matière technologie lourde appliquée par de petits bonds réguliers et prévisibles, avec seulement de petits revers de temps en temps. Cette progression quelque peu cahotique vue de près est d’autant plus chahutée que nous travaillons sur la mer, sur les océans. Nous recherchons des ENR (EMR) très denses, donc il faut aussi en payer le prix : un système violent et potentiellement très destructeur. Les concepteurs doivent en tenir compte, et les méthodes doivent elles aussi évoluer. Il est un fait qu’un grand nombre d’expériences récentes démontrent à la fois à nouveau la puissance des océans (qu’il faudra exploiter) mais aussi la bêtise, l’inaptitude voire la vanité des concepteurs et fabricants de ces machines, pour le moment. Il faudra donc encore du temps, des moyens et de l’intelligence collective pour arriver à des systèmes durables. L’avenir des EMR n’est pas remis en cause il est juste repoussé. Je conviens avec vous que c’est bien dommage d’avoir mis à l’eau le CETO (à nos frais!) et bien d’autres machines complètement débiles, et faciles à expertiser dans ce sens longtemps en avance dans le processsu de développement, et il y en aura d’autres peut être encore plus « fragiles ». Mais c’est ainsi que va le progrès et l’industrie lourde : les ingénieurs et financeurs ont un mal fou à se remettre en cause en phase projet. Ils évitent très soigneusement (!) la contradiction et la vraie expertise si elle remet en cause leurs idées « brillantes ». Et notons enfin qu’il est tellement plus facile de « bruler » quelques millions (centaines de millions) quand il s’agit d’argent public. Le nucléaire nous le prouve et prouvera encore tous les jours, mais de manière plus discrète, plus perverse aussi.