Parlant du gaz de schiste, la Ministre de l’écologie et de l’énergie, Delphine Batho avait souligné le 20 juillet sur BMV TV, que « nulle part dans le monde il n’a été prouvé que cette exploitation pouvait se faire sans dégâts considérables sur l’environnement et avec des risques importants pour la santé ».
Elle avait également évoqué le problème inhérent à la technique utilisée pour explorer et exploiter ce type d’énergie fossile « avec des produits chimiques qui ensuite vont dans les nappes phréatiques ».
Piqué au vif, l’Amicale des Foreurs et des Métiers du Pétrole (AFMP) était alors monté au créneau en écrivant le 30 juillet une lettre ouverte à la Ministre. En voici la teneur intégrale :
"Ces déclarations (NDLR : voir introduction) sont fort surprenantes car elles ne sont pas le reflet de la réalité et nous doutons fort qu’elles vous aient été suggérées par les experts très compétents de votre ministère. Elles reflètent par contre parfaitement les arguments qu’avancent divers collectifs dont nous avons eu plusieurs fois l’occasion de vérifier qu’ils n’avaient aucune connaissance des techniques du forage et bien moins encore de la technique, très pointue, de la fracturation hydraulique."
L’essentiel de ces arguments provient du film « Gasland » qui a créé un trouble considérable auprès du grand public : "nous avons, en de nombreuses occasions, démontré que ce film était une mystification et qu’il ne permettait aucunement d’étayer techniquement un rejet de l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels. Nous devons toutefois reconnaitre que des pratiques non respectueuses des règles de l’art de la profession, qui ont eu cours ponctuellement aux Etats-Unis, ont alimenté ce trouble."
Reprenant les éléments de votre déclaration, nous affirmons de notre coté que les experts de la profession, en France et ailleurs, savent parfaitement comment isoler les nappes phréatiques traversées au cours du forage :
"Il est donc parfaitement injuste de laisser entendre, comme vous le faites, que des produits chimiques vont se retrouver dans les nappes phréatiques. Près de 6 000 puits ont été réalisés en France, des produits « chimiques» y ont été utilisés tant dans les boues de forages que pour le traitement des zones productrices (acidification par exemple) : à notre connaissance, selon les dires du BRGM, deux cas mineurs de pollution de nappe phréatique seulement ont été enregistrés. Faut-il opposer le principe de précaution à un tel niveau de risque ? Bien peu d’activités humaines deviendraient alors acceptables !"
Qu’il est également injuste de faire état de « dégâts considérables sur l’environnement » :
– "La fracturation hydraulique est une technique qui a fait des progrès considérables depuis une décennie. Aujourd’hui les ingénieurs disposent d’outils très performants capables de suivre l’orientation, la taille et la progression des fissures créées sous l’effet du pompage sous pression. Laisser entendre que les fissures pourraient se développer sans contrôle et atteindre des aquifères est une parfaite aberration."
– "Un autre sujet fait l’objet d’une polémique injuste : il concerne l’eau qui est utilisée pour les opérations de fracturation. Il est exact qu’il faut de 10 000 m3 à 20 000 m3 d’eau pour la fracturation d’un drain horizontal de 1500 m : mais il n’en faut plus ensuite au cours de la période d’exploitation (10 à 15 ans). Sachez, à titre de comparaison, que la consommation d’un terrain de golf est de 100 000 m3 /an, que l’irrigation de 10 ha de maïs peut nécessiter 20 000 m3 /an. L’eau issue d’un puits, après les opérations de fracturation, peut être réutilisée pour une autre fracturation, après traitement. Des ressources en eau alternatives peuvent également être utilisées quand cela est possible, par exemple les eaux issues de recyclage d’effluents urbains ou industriels après traitement. Enfin, les eaux collectées en surface, ou eaux de ruissellement, sont intégralement récupérées et retraitées. Les techniques de retraitement des effluents sont parfaitement maîtrisées et respectent totalement la Directive Cadre sur l’eau."
– "Que parler, comme certains le font, de « mitage » du territoire est une autre aberration : les images de « Gasland » ne peuvent être transposées chez nous où seul l’État est propriétaire du sous-sol, contrairement aux États-Unis où chaque propriétaire souhaite avoir un puits sur son terrain et donc en retirer des royalties."
"Qu’en ce qui concerne les produits chimiques soi-disant nocifs pour la santé, il s’agit là encore d’une tromperie grotesque. Ces produits sont au nombre d’une douzaine, la majorité d’entre eux sont des produits courants d’usage ménager, cosmétique ou alimentaire (comme le guar qui est avec le sable le principal additif à l’eau de fracturation)."
"Dans ces conditions il nous semble inutile de continuer à camper sur une position idéologique qui n’a pas de véritable fondement technique, et de faire preuve de pragmatisme car, qu’on le veuille ou non, il faudra encore compter sur les énergies fossiles pendant de nombreuses années. Alors, pourquoi ne pas les produire chez nous si nous en avons le potentiel, lequel potentiel, soit dit en passant, n’est même pas évaluable actuellement puisque toutes les demandes de permis sont rejetées ou bloquées."
"Notre pays est dans une position financière et sociale telle qu’il serait suicidaire de céder au chantage d’une minorité dont on voit bien les préoccupations environnementales de proximité parfaitement égoïstes (pas de ça chez moi) ou purement idéologiques (en finir avec les énergies fossiles sans dire comment nous pouvons réellement nous en passer à moyen terme)."
"Nous comptons, Madame la Ministre, sur votre sens de l’intérêt général pour en finir avec des positions qui ne sont pas fondées techniquement et qui ne feront qu’enfoncer un peu plus notre pays dans le marasme."
"Nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de notre respectueuse considération."
Jacques Sallibartant (Président)
Jean-Claude Rémondet (Vice-président)
Hélas, comme sur le nucléaire, ceux qui connaissent les questions techniques n’ont guère la possibilité de se faire entendre des décideurs politiques et encore moins du public, la presse ne donnant crédit qu’à ceux qui n’y connaissent rien pourvu qu’ils soient indépendants.
C’est le dilemme habituel de l’expertise technique : ceux qui s’y connaissent le plus sont ceux qui travaillent sur le sujet et sont donc partis liés. Pour travailler sur des expertises de projets scientifiques, j’y suis habitué. Il vaut mieux souvent faire appel à quelqu’un qui s’y connaisse un peu moins mais a sa liberté de pensée et de parole, capable de discuter technique avec les experts des entreprises, plus pointus mais forcément partiaux.
Un petit chantage à l’emploi et à la CROASSANCE ! C’est pathétique, mais presque!
C’est amusant je dis exactement la même chose quand j’essaye de faire comprendre aux gens que le solaire, l’éolien, l’hydro (mer et terre) et la biomasse preuve technique à l’appui peuvent sans souci subvenir à nos besoins énergétiques (et j’écris bien énergétique et non électrique comme le nucléaire). Mais la encore on n’arrive pas vraiment à se faire entendre sans se faire traiter d’uluberlu ou autre ayathola vert!!
Il me semble qu’à une époque pas si lointaine de grands experts à grand coup de rapports scientifiques nous disaient que l’amiante n’avait aucun impact sur la santé… Alors effectivement les avis d’expert on en revient un peu quand on voit maintenant toutes les précautions et les coûts pour enlever un toiture en fibro-ciment… et malheureusement le coût humain de tout ça juste pour faire plaisir à quelques indusrielles
fera son effet et la France sera la dernière en Europe à exploiter ce gaz. Une fois que la Pologne, l’Allemagne, l’Italie du nord et autres s’y seront mis, nous serons les bons derniers. En attandant des centaines de millions d’€ seront parties à l’étranger sans compensation.
38 % de la consommation de gaz naturel en Europe est destinée au secteur résidentiel/tertiaire, en particulier à la production d’eau chaude et au chauffage des particuliers. Il y a 1000 façons d’économiser le gaz nature dans le secteur résidentiel/tertiaire.
il y a longtemps que l’on sait que ce film est bidonné. non pas que l’image de l’inflammation à la sortie du robinet d’eau soit truquée, mais parce que ce phénomène est antérieur à l’exploitation des gaz de schistes (qui n’a pas du arranger les choses, c’est sûr…)
Sur le meme site …
On voit bientôt voir arriver, et cela a déjà commencé, un cohorte d’experts nous prouver que l’exploitation du gaz de schiste n’est en rien dommageable pour l’environnement et que, face au chomage, ces écolos sont bien des égoïstes !