Lundi, le Premier ministre François Fillon a effectué un déplacement à la centrale atomique du Bugey située dans l’Ain (01) portant sur le thème de la sûreté nucléaire.
Dans un contexte post-Fukushima, il a notamment réaffirmé "l’engagement intangible des pouvoirs publics" à garantir la sûreté du parc nucléaire français tout en rejetant également "les approches manichéennes dans lesquelles beaucoup voudraient nous enfermer".
François Fillon n’a pas hésité à affirmer que la France contrairement à l’Allemagne, a "de son côté assumé son choix du nucléaire" et "conserve une avance technologique et une maîtrise internationalement reconnue."
Il a enfin plaidé pour "une voie responsable" où cohabiteront énergies fissiles et renouvelables.
Questions-réponses du Premier ministre à la Centrale nucléaire du Bugey (Ain)
JOURNALISTE (Géraldine Amiel, Dow Jones Wall Street Journal)
Bonjour Monsieur le Premier ministre. Deux questions, vous réitérez un appel à la création de standards internationaux, de normes internationales. Et dans ces cas-là, vous dites que ça va prendre du temps, est-ce que notamment l’une de vos difficultés ne serait peut-être pas d’enrôler les Etats-Unis puisque, notamment lors de la réunion du 7 juin, le régulateur américain a bien dit que ce qui s’était passé à Fukushima était un accident japonais, un problème japonais et qu’eux allaient très, très bien.
Ma deuxième question c’est : une centrale française actuelle n’est pas capable de résister à un acte terroriste si je ne m’abuse, en tout cas tel qu’envisagé pour la conception de réacteurs de 3ème génération, est-ce que vous ne pensez pas que ça, ça pose un vrai problème, notamment parce que maintenant, le nucléaire s’est invité dans le cadre de la campagne électorale et que l’opinion publique n’a pas le même temps que le temps des stress tests ? Merci.
FRANÇOIS FILLON
Il ne faut pas tout mélanger, la campagne électorale et la sûreté nucléaire, heureusement ça n’a rien à voir. D’abord sur notre volonté de parvenir à des standards internationaux au plus haut niveau de sûreté, c’est exactement la politique que conduit la France en se basant sur deux choses : d’abord sur notre expérience qui est très grande dans ce domaine. Et puis deuxièmement sur une constatation qui est une évidence, un accident nucléaire a des conséquences internationales, il concerne l’ensemble de la communauté internationale et, donc, il est naturel que cette communauté internationale se dote des plus hauts standards de sûreté.
C’est vrai que jusqu’à maintenant, chaque pays avait ses méthodes et ses standards, ça ne peut pas continuer et tout l’effort de la France, l’effort conduit par les ministres, l’effort qui sera conduit dans le cadre des organisations internationales vise à amener l’ensemble de la communauté sur ces standards. Alors qu’il y ait des résistances, qu’il y ait des discussions c’est normal, la route sera longue mais on ne lâchera pas sur ce sujet. Et je pense que chacun doit bien comprendre que c’est une des conditions de la crédibilité du nucléaire. Si on veut rassurer l’ensemble de nos concitoyens sur ces questions de sûreté, il faut que les standards soient les mêmes dans tous les pays qui exploitent des centrales.
Sur la question de la sûreté face aux attentats terroristes, les centrales sont naturellement dimensionnées et surveillées pour résister à un certain nombre d’attaques terroristes. Le sujet auquel vous faites allusion, c’est l’idée d’un gros porteur qui serait lancé contre une centrale, à l’image de ce qui s’est passé aux Etats-Unis le 11 septembre. Nous avons d’ailleurs conçu les nouvelles centrales que nous construisons pour résister à ce type d’attaque. En même temps, il y a d’autres moyens que le béton pour empêcher ce type d’attaque. Et je n’ai pas besoin d’en dire plus, sachez simplement que nous sommes extrêmement vigilants sur tout aéronef qui s’approche d’une centrale nucléaire. Et il y a toute une série de dispositions en matière de surveillance et d’intervention qui est prévue pour assurer cette sécurité. Monsieur ?
JOURNALISTE (Fabrice Node-Langlois du Figaro)
Monsieur le Premier ministre bonjour. Vous venez de le dire, la sûreté est la priorité des priorités, elle a un coût, elle a un prix et, sauf erreur de ma part que Monsieur Proglio pourra corriger, il a déclaré (il me semble) il y a quelques semaines que la sûreté notamment pourrait justifier de porter le fameux tarif AREN à 46 euros contre 41 aujourd’hui. Est-ce que vous le suivez sur ce point ?
FRANÇOIS FILLON
D’abord, il y a des décisions qui ont été prises sur le tarif AREN qui, je crois, ont été des décisions de bon sens et qui ont été saluées par tout le monde comme telles. Bien sûr, il faudra prendre en compte les dépenses liées à la sûreté mais pas seulement les dépenses liées à la sûreté. Il faudra prendre en compte aussi toutes les dépenses qui sont liées au développement des énergies renouvelables. Vous savez que pour développer ces énergies renouvelables, nous avons choisi de mettre en place des tarifs qui sont très incitatifs, mais ces tarifs incitatifs ont des conséquences sur le prix de l’énergie. Donc oui, il y a une augmentation du prix de l’énergie liée à l’ensemble de ces contraintes, mais le rôle du Gouvernement c’est de veiller aussi à ce que cette augmentation soit la plus maîtrisée possible, qu’elle ne vienne pas peser de façon brutale par des accoups sur le pouvoir d’achat des Français, qu’elle ne vienne pas mettre en cause la compétitivité de l’industrie française qui bénéficie d’un avantage de compétitivité grâce au nucléaire. Et donc nous avons une discussion permanente avec les exploitants sur ce sujet, pour faire en sorte de lisser l’ensemble de ces investissements. Madame ?
JOURNALISTE (Tara Patel de Bloomberg)
Est-ce qu’il y aura d’autres centrales nucléaires construites en France après Penly pour compenser l’arrêt en Allemagne, c’est-à-dire de renforcer le pouvoir d’exportation d’énergie nucléaire ?
FRANÇOIS FILLON
Ecoutez, pour l’instant on a lancé la construction de deux nouvelles centrales, qui sont des centrales d’un type nouveau, qui apportent une amélioration considérable en matière de sûreté.
L’objectif de la France, c’est d’abord d’assurer son indépendance énergétique. Naturellement, il y a un maillage de l’ensemble des réseaux européens qui permet à ces réseaux de se soutenir les uns les autres, et d’étaler des pointes qui ne sont pas forcément les mêmes dans tous les pays. Enfin l’objectif de la France, ce n’est pas de construire des centrales nucléaires à la place de l’Allemagne qui n’en veut plus. Je ne dis pas qu’il n’y aura pas des échanges entre l’Allemagne et la France, mais il faut qu’il soit clair que la solution au problème énergétique allemand ne se trouve pas dans la construction de centrales nucléaires en France. Une autre question ?
JOURNALISTE (Agence Environnement et Développement durable)
Comment réagissez-vous au rapport de l’ASN concernant l’EPR de Flamanville paru cette semaine dans Le Canard Enchaîné, qui remet en cause… qui pointe notamment le coût et des problèmes de sûreté et de maintenance ?
FRANÇOIS FILLON
Alors d’abord, il faut savoir qu’il n’y a pas besoin du Canard Enchaîné pour connaître ce rapport puisqu’il est sur le site Internet de l’ASN depuis le début.
Donc j’invite tous ceux qui ont besoin de s’informer sur les questions de sûreté nucléaire, ce n’est pas la peine de lire Le Canard Enchaîné, il suffit d’aller sur le site de l’ASN, vous aurez l’ensemble des informations avant qu’elles soient publiées naturellement dans cet excellent journal.
L’ASN fait son travail, elle analyse le chantier qui est un chantier d’une tête de série, donc d’un premier réacteur. Elle l’analyse au regard de l’expérience que nous avons acquise dans la gestion des installations nucléaires. Et donc elle fait des suggestions. Elle a fait notamment une suggestion pour faire en sorte que le bâtiment de contrôle de cette nouvelle centrale nucléaire soit résistant aux séismes. EDF va devoir mettre en œuvre, comme c’est une obligation pour l’exploitant, toutes les suggestions de l’ASN. Donc il n’y a pas de secret, il y a une totale transparence et un mécanisme qui permet en continu d’apporter des améliorations, y compris sur un chantier comme celui de l’EPR.
ces amis du CAC40 et grands argentiers de l’UMP auraient fait du charbon il aurait dit exactement la même chose… Degré 0 de la social-écologie
Ou ment deliberement. Bien sur qu’un avion de ligne lance contre un EPR le detruirait ou sa source froide c’est evidence, comment resister a 500t de kerozne et de metal lances a 900 km/h ? Fillon, le fossoyeur du solaire francais se fout de nous une fois de plus. Et pourquoi ne repond-il pas a la question sur le tarif AREN a 46 c€/kwh mais repond par le prix des EnR ? Parce que augmenter le prix de l’electricite n’est pas electoraliste, on a le progmatisme d’opportunite dans ce gouvernement.
Premièrement, le H de ARENH veut dire Historique, c’est à dire des centrales amorties de longue date. Comment pouvez vous comparer des centrales nucléaires amorties avec des centrales éoliennes ou solaires toutes neuves??? C’est comparer des choux et des carottes! Pensez-vous une seconde que le prix du MWh sorti de Flamanville en 2014 sera à 42 €? Désolé Lion mais c’est de la démagogie. Secundo, la réponse de Fillon qui place le développement des EnR en face de l’Arenh est totalement et volontairement hors sujet : on essaie de nous faire croire qu’augmenter l’Arenh servira à ‘payer’ les EnR (histoire de dire que si on a pas de nucléaire on ne peut pas se payer des EnR), hors le ‘surcout’ des EnR n’est absolument pas compensé par l’Arenh mais par la CSPE, directement assumée par les consommateurs. Nous sommes donc bien dans un discours de sauvegarde des intérêts d’EDF et de ce qu’on appellera un jour l’énergie du 20° siècle et non celle du 21°s. SVP messieurs les politiques, en cette période pré-électorale essayer donc de bâtir un discours politique qui parle de l’avenir et non du passé!
« Comment pouvez vous comparer des centrales nucléaires amorties avec des centrales éoliennes ou solaires toutes neuves??? C’est comparer des choux et des carottes! » Non ce n’est si pas anchronique que cela pour la bonne et simple raison que notre système nucléaire amorti n’a donné que la moitié de ce qu’il peut au minimum produire. En 2011, les 58 réacteurs ont produits 10 000 milliards de kWh sur un total de 18 000 à 20 000 milliards prévus (et peut être nettement plus); On compare bien la production d’un système mature mais qui a encore du potentiel avec un système jeune. Après 2030, ce sera une autre histoire.
Les concurrents d EDF comme GDF Suez ont ete oblige d acheter au prix de l Arenh pour faire vivre la concurrence. Cependant c est ridicule de croire que GDF Suez qui produit son electricite a l etranger et qui a un savoir faire dans les reacteurs nucleaire avec l ATMEA puisse s y retrouver en terme de coup de revente. Si il existe une libre concurrence sur le secteur de l energie et si la France le souhaite il faut que le gouvernement fasse plus d ouverture de marche et en fasse beneficier GDF Suez ou les concurrents plus souvent plutot que de conserver le monopole EDF.
« Si il existe une libre concurrence sur le secteur de l energie et si la France le souhaite il faut que le gouvernement fasse plus d ouverture de marche et en fasse beneficier GDF Suez ou les concurrents plus souvent plutot que de conserver le monopole EDF. » La libre concurrence n’existe pas dans le secteur de l’énergie… puisqu’on interdit aux electriciens Allemands de produire librement !
Ooooh joli ! On ne l’a pas vu venir celle là 😀