La Cour des comptes a publié mardi un rapport inédit sur l’ensemble des coûts liés à la production d’électricité nucléaire en France, une initiative qui fait suite à la demande de François Fillon de tenter de rétablir une vérité chiffrée sur la filière tout entière.
Dans la matinée sur France 2, la ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet avait affirmé avant la publication officielle du rapport avoir perçu "des incertitudes sur certains coûts", tout en ajoutant qu’il faudra "préciser pour être sûr que tout soit bien intégré."
"Le nucléaire reste, même avec ces incertitudes, une énergie relativement peu chère", a déclaré la ministre.
Au contraire, les élus et associations écologistes ont affirmé le matin même que le rapport de 400 pages "met en pièce le mythe du nucléaire bon marché", pointant du doigt une "énergie aux coûts non maîtrisés".
Que dit le rapport ?
Le rapport de la Cour rassemble toutes les données factuelles disponibles actuellement sur les éléments qui constituent les coûts, passés, présents et futurs, de la production d’électricité nucléaire en France, sans prise de position ni sur le niveau souhaitable de cette production, ni sur les modalités de son financement.
A – Des dépenses passées relativement bien identifiées
1 – Un investissement initial lourd
Le montant total de construction des installations nécessaires à la production d’électricité nucléaire s’est élevé à 121 milliards d’euros 2010 (Md$) (hors construction de Superphénix). La construction des 58 réacteurs actuels, qui représentent une puissance installée de 62 510 mégawatts (MW), a coûté 96 Md€ 2010.
Il faut ajouter à cet investissement initial, pour 6 Md€, le coût de construction de la première génération. En outre, les investissements nécessaires au cycle du combustible, en particulier la mise en place de la filière de retraitement qu’exploite aujourd’hui AREVA, représente un coût pour la France de 19 Md€ 2010.
2 – Un coût de construction au mégawatt qui progresse dans le temps
Le coût de construction initial, ramené à la puissance des réacteurs, progresse dans le temps, de 1,07 M€ 2010/MW en 1978 (Fessenheim) à 2,06 M€ 2010/MW en 2000 (Chooz 1 et 2). Avec un coût de construction estimé à 6 Md€ pour l’EPR de Flamanville (tête de série) et une puissance de 1 630 MW, le coût au MW est de 3,7 M€.
3 – Des dépenses de recherche importantes
En tenant compte également des dépenses de recherche, publiques et privées, qui représentent 55 Md€ 2010 (1 milliard d’euro par an en moyenne), et du coût de Superphénix (12 Md€ pour l’investissement, le fonctionnement et l’arrêt), le montant total des investissements passés ressort à 188 Md€ 2010.
B – Des charges courantes d’exploitation bien cernées
Ces charges d’exploitation annuelles d’EDF se sont élevées à 8,9 Md€ 2010 pour une production de 407,9 terawatt-heure (TWh) en 2010. Ces charges sont bien identifiées et leur chiffrage ne pose pas de problème majeur. Parallèlement, les dépenses sur crédits publics se sont élevées à 414 millions pour l’effort de recherche et à 230 M€ pour les coûts relatifs à la sûreté, la sécurité et l’information des citoyens, soit un total de 640 M€ en 2010.
C – Des charges futures incertaines par nature
Le total de ces charges à fin 2010 est estimé à 79,4 Md€ 2010, dont 62 Md€ 2010 pour EDF.
Parmi ces coûts, les dépenses de démantèlement, c’est-à-dire les dépenses de « démolition » des centrales, sont estimées aujourd’hui à 18,4 Md€ 2010, en charges brutes, pour le démantèlement des 58 réacteurs du parc actuel. La Cour considère que les méthodes utilisées par EDF pour ce calcul sont pertinentes mais ne peut pas en valider les paramètres techniques, en l’absence d’études approfondies par des experts.
Un autre coût futur important est la gestion à long terme des déchets, pour un coût estimé à 28,4 Md€ 2010. Cette estimation est fragile car le projet envisagé pour le stockage des déchets à vie longue, c’est-à-dire leur enfouissement en grande profondeur, n’est pas encore définitif.
La Cour conclut de ses investigations que les coûts futurs sont bien tous identifiés par les exploitants, mais ne sont pas évalués avec le même degré de précision. Même si de nombreuses incertitudes pèsent, par nature, sur ces estimations, la Cour estime que les risques d’augmentation de ces charges futures sont probables.
D – Des investissements de maintenance qui vont augmenter
Le programme d’investissements de maintenance d’EDF, pour les années 2011 – 2025, préparé en 2010, s’élevait à 50 Md€, soit une moyenne annuelle d’environ 3,3 Md€, ce qui correspond presque au double des investissements réalisés en 2010 (1,7 Md€). Les investissements à réaliser pour satisfaire aux demandes de l’ASN sont aujourd’hui estimés à une dizaine de milliards d’euros, dont la moitié serait déjà prévue dans le programme initial de 50 Md€.
E – Un coût de production global qui va augmenter
La production d’électricité nucléaire est une industrie très capitalistique à cycle long pour laquelle le coût du capital est une variable qui a un impact très significatif sur le calcul du coût global. En prenant en compte la rémunération du capital, selon la méthode dite du coût courant économique, qui reflète l’ensemble des coûts sur toute la durée de fonctionnement du parc et permet des comparaisons entre modes d’énergie, le coût moyen du MWh produit s’élève à 49,5 € avec les données de 2010.
La Cour montre que si l’impact de l’évolution des charges futures liées au démantèlement et à la gestion des déchets est limité, à l’inverse l’évolution des investissements de maintenance est nettement plus sensible, de l’ordre de 10% du coût moyen.
F – Le choix stratégique de la durée de vie des centrales
Davantage que les paramètres de démantèlement ou de stockage ultime, l’analyse de la Cour montre que la durée de fonctionnement des centrales du parc actuel constitue une donnée majeure de la politique énergétique. Elle a un impact significatif sur le coût de la filière en permettant d’amortir les investissements sur un plus grand nombre d’années. D’autre part, elle repousse dans le temps les dépenses de démantèlement et le besoin d’investissement dans de nouvelles installations de production.
Or, la Cour constate que d’ici la fin de l’année 2022, 22 réacteurs sur 58 atteindront leur quarantième année de fonctionnement. Par conséquent, dans l’hypothèse d’une durée de vie de 40 ans et d’un maintien de la production électronucléaire à son niveau actuel, il faudrait un effort très considérable d’investissement équivalent à la construction de 11 EPR d’ici la fin de 2022. La mise en œuvre d’un tel programme d’investissement à court terme paraît très peu probable, voire impossible, y compris pour des considérations industrielles.
Cela signifie qu’à travers l’absence de décision d’investissement, une décision implicite a été prise qui engage déjà la France : soit à faire durer ses centrales au-delà de 40 ans, soit à faire évoluer significativement et rapidement le mix énergétique vers d’autres sources d’énergie, ce qui suppose des investissements complémentaires.
Quels que soient les choix retenus, afin de maintenir la production actuelle, des investissements importants sont à prévoir à court et moyen terme représentant a minima un doublement du rythme actuel d’investissement de maintenance. Ce doublement fera augmenter le coût moyen de production de l’ordre de 10 %.
La Cour juge souhaitable que les choix d’investissements futurs ne soient pas effectués de façon implicite mais qu’une stratégie énergétique soit formulée, débattue et adoptée en toute transparence et de manière explicite.
Accés aux rapports de la Cdc :
– Rapport complet 437 pages (.PDF) : ICI
– Discours de Didier Migaud (.PDF) : ICI
– Tableaux et schémas (.PDF) : ICI
Aujourd’hui, on a la preuve que les anti-nucléaires nous ont menti pendant des années, en affirmant que le nucléaire n’était pas rentable à cause de ses « coûts cachés ». Aujourd’hui dans une interview au Monde, on a Didier MIGAUD, premier président de la Cour des Comptes, qui nous dit que « les magistrats n’ont relevé aucun coût caché » : « Au contraire, les élus et associations écologistes ont affirmé le matin même que le rapport de 400 pages « met en pièce le mythe du nucléaire bon marché » » Ah parce que 55€/MWh tout compris c’est cher ? Au moins maintenant les chiffres commencent à être bien connus, et les anti-nucléaires pourront arrêter de raconter autant de conneries en surfant sur l’ignorance des gens.
Ce qui est bien avec le nucléaire, c’est qu’on est toujours sur que la facture va exploser les devis initiaux… Maintenant c’est 50€ pour le MWh du nucléaire ancien ou amorti. L’EPR devrait être à 80€ (et par la suite on nous fera le même coup avec des révisions à la hausse au bout de 20/30ans). Face à cela les plus chères des ENR (éolien off shore ou solaire PV) ne sont plus que 2 fois plus chère, en comparaison avec l’EPR. La communication de l’UMP et des ses potes pro-nucléaires était de dire que les ENR sont 10 fois plus chères que le nucléaire…. C’est un discours qui a tenu 5ans, histoire de bien faire prendre du retard à la France, merci et au revoir!
« L’inflation Ce qui est bien avec le nucléaire, c’est qu’on est toujours sur que la facture va exploser les devis initiaux… » D’autant plus que l’inflation ne concerne que le nucléaire, c’est bien connu. « Face à cela les plus chères des ENR (éolien off shore ou solaire PV) ne sont plus que 2 fois plus chères, en comparaison avec l’EPR. » Comme d’habitude, l’idiotie qui consiste en la comparaison de deux technologies qui ne rendent pas le même service : une production massive et pilotable face à une production faible et aléatoire. Le marché de capacités devrait remettre un peu d’ordre la dedans. Pendant ce temps là, les mots « coûts » et « cachés » viennent soudainement de disparaitre du vocabulaire des anti-nucléaires ! Un phénomène extraordinaire !!!
Hum… ou est la transparence du nucléaire qui ne peut pas donner ses couts de démantèlement et de traitement des déchets? Ce ne sont cdonc pas des couts cachés? Quand à ce qui n’est pas dit dans l’article ci-dessus, mais justement souligné dans les échos, c’est que le MWh du nucléaire amorti (au passage avec des 55milliards d’argent public) devrait atteindre les 57€! Et l’EPR va sans doute produire un MWh à 90€ (haut de la fourchette de la cour des comptes), en attendant d’autres couts cachés et autres explosions de factures… Soit 20€ de plus que le prix de production éolien! c’est plus cher que le gaz, l’hydraulique, le charbon, la biomasse et les biogaz… Et bientot plus cher que le PV!
« Hum… ou est la transparence du nucléaire qui ne peut pas donner ses couts de démantèlement et de traitement des déchets? » Mais bien sûr que si elle peut ! Je répète l’article : Parmi ces coûts, les dépenses de démantèlement, c’est-à-dire les dépenses de « démolition » des centrales, sont estimées aujourd’hui à 18,4 Md€ 2010, en charges brutes, pour le démantèlement des 58 réacteurs du parc actuel. La Cour considère que les méthodes utilisées par EDF pour ce calcul sont pertinentes mais ne peut pas en valider les paramètres techniques, en l’absence d’études approfondies par des experts. Ce que dit donc le rapport, c’est que le montant de ces charges « incertaines par nature » ne peut pas être certain tant que des études plus approfondies n’auront pas été réalisées. Autrement dit, vous ne pouvez pas être certain du coût de la maison que vous voulez construire tant que la mairie ne vous a pas validé le permis de construire, le calendrier de chantier, que les architectes de France ne vous ont pas validé les matériaux de la facade, etc. Surtout si vous cherchez à évaluer ce coût de construction 15 ans avant le début du chantier. Bref, cette incertitude est logique. « (au passage avec des 55milliards d’argent public) » Ceci est un mensonge : l’article ci-dessus parle de « dépenses de recherche, publiques et privées, qui représentent 55 Md€ 2010 ». C’est drôle, une fois que les faits sont exposés, cela devient assez inconfortable pour vous…
plus cher que l’éolien en tout cas : coût de production de 52 €/MWh estimé en 2008 par la Commission Energie du gouvernement présidée par J.Syrota. depuis l’éolien a baissé et le nucléaire ne fera qu’augmenter. sans compter que le niveau d’assurance du nucléaire (90M€ de responsabilité civile) est ridicule à la vue des risques qui se chiffrent en Mds€ et non M€, un rapport de 1 à 100, voir 1000 ! les primes vont exploser si EDF s’assure correctement
Je ne vois pas ce qu’il y a d’inconfortable à constater que le nucléaire transparent et amorti (ha ha) coute plus de deux fois plus cher que ce que votre com officielle disait il y a qq années (25€ du MWh) et que le cout actuel donné par la cour des comptes va « proablement » encore augmenter… Quand au nucléaire « du futur » il ne produit aucun KWh mais est déjà plus cher que la plupart des ENR… Votre avenir dans le nucléaire, si vous êtes jeune est assez bouché…Dans 20ans on aura pas construit plus d’un ou 2 EPR et les centrales actuelles seront à bout de souffle, les ENR encore plus matures, la gestion du réseau bien plus fine et intelligente, le stockage une réalité. VOus êtes quand meme un marrant, pour vous c’est normal qu’on ne sache pas encore les détails du démantèlement et de la gestion des déchets mais si l’on ose vouloir appliquer ces incertitudes aux couts et à la gestion du réseau avec beaucoup d’ENR c’est un crime contre votre vision mono-énergie de la France… Reveillez-vous, le nucléaire c’est 2% de l’énergie dans le monde et cette part ne va que baisser…
Merci Enerzine pour ce résumé; à quand une augmentation du prix de l’ARENH afin que aussi les opérateurs tiers actuels paient les coûts futurs!?
@ Stefan : « Oui c’est cher plus cher que l’éolien en tout cas : coût de production de 52 €/MWh estimé en 2008 par la Commission Energie du gouvernement présidée par J.Syrota. » Si ce que vous disiez était vrai, pourquoi serions nous toujours en train de subventionner cette filière ? De mémoire le prix du MWh éolien onshore était à 80€. Y a t’il un spécialiste pour confirmer ou infirmer ? « sans compter que le niveau d’assurance du nucléaire (90M€ de responsabilité civile) est ridicule à la vue des risques ! les primes vont exploser si EDF s’assure correctement » L’amendement de la convention de Paris est en cours depuis 2004 : C’est donc pas nouveau, et EDF, comme tous les autres exploitants, est au courant que c’est dans le tuyau. Vu l’absence de contestation pour cette réforme bien connue et souhaitée par tout le monde, je doute que cela change grand chose au prix du nucléaire. C’est pas quelques millions d’euros par réacteur et par an qui vont faire beaucoup évoluer la situation. @ Renewable : « Je ne vois pas ce qu’il y a d’inconfortable à constater que le nucléaire transparent et amorti (ha ha) coute plus de deux fois plus cher » Détournement de conversation pour faire oublier votre petit mensonge… « que ce que votre com officielle disait il y a qq années (25€ du MWh) » Ah bon ? Vous avez des sources ? « Votre avenir dans le nucléaire, si vous êtes jeune est assez bouché… » Il est tellement bouché qu’EDF va embaucher 6000 personnes en 2012, dont un tiers juste pour le nucléaire. Vous connaissez beaucoup de boites qui embauchent 2000 ingénieurs et techniciens par an dans le PV ou l’éolien ? C’est plutôt l’inverse en ce moment… « Dans 20ans on aura pas construit plus d’un ou 2 EPR et les centrales actuelles seront à bout de souffle, les ENR encore plus matures, la gestion du réseau bien plus fine et intelligente, le stockage une réalité. » Il y a pas très longtemps, vous et votre camps prévoyiez la fin du nucléaire suite à Fukushima, la fermeture des réacteurs partout, l’exposition au grand jour des « coûts cachés » de la filière nucléaire avec l’audit de la Cours des Comptes… Permettez moi donc de ne pas trop croire vos prévisions 🙂 « VOus êtes quand meme un marrant, pour vous c’est normal qu’on ne sache pas encore les détails du démantèlement et de la gestion des déchets mais si l’on ose vouloir appliquer ces incertitudes aux couts et à la gestion du réseau avec beaucoup d’ENR » Il y a une différence entre connaitre le coût du démantellement nucléaire avec une marge d’incertitude et souhaiter une majorité d’ENR dans le mix électrique en ignorant superbement les effets sur le réseau… « c’est un crime contre votre vision mono-énergie de la France… » Ah bon, je souhaite une France mono énergétique ? Je l’ignorais. Comme d’habitude, Renewable me prête des opinions faciles à contredire plutôt que de s’attaquer à mes vrais opinions. Technique classique.
La bonne solution serait d’imposer à EDF et AREVA de s’assurer sur le risque total d’accident. S’ils trouvent un assureur (ce qui est peu probable), çà nous donnera une meilleure idée du coût réel du kWh nucléaire. Etonnant qu’aucun assureur n’accepte de se jeter sur ce juteux marché … si l’on en croit Bachoubousouc le nucléocrate averti 🙂
@ tatuapu : « Mais ils ont tort, car les asiatiques nous ont déjà « raflé » des marchés nucléaire, cf le projet nucléaire du Qatar remporté par la Corée. » Vous comparez le nucléaire, où nous sommes toujours leader et où les coréens n’ont remporté que quelques marchés à l’étranger, avec le PV, où les chinois nous ont pris TOUS les marchés et ont laissé l’industrie européenne exsangue. « N’oublions pas que les énergies renouvelables ne font peser aucune menace sur la santé publique » Non mais les centrales au charbon/gaz qui assurent le (très gros) complément, si. « et sont plus créatrices d’emplois que le nucléaire » La situation actuelle en France comme en Allemagne ne le laisse vraiment pas penser. CF le commentaire de Pamina. @ chelya : « Si vous voulez faire l’exercice pour l’éolien : 82 ?/MWh – 34% d’impots sur les bénéfices = 54 ?/MWh » Depuis quand l’impôt ==>sur les bénéfices
S’il vous plait.. Il y a une différence entre un coût et un prix, c’est simplement ce qui permet de gagner sa vie en exercant une activité… On attend avec impatience de l’éolien vendu à 54€/MWh, mais je pense quon peut l’attendre longtemps dans une contexte disons européen. Si vous voulez souligner que le nucléaire n’est pas vendu assez cher, je suis d’accord avec vous. Instaurons une taxe et un fond independant d’EDF, une sorte de CSPE, pour le démantèlement, taxe fixée à combien , 12€/MWh ? (la différence entre vos 54 et les 42 de la loi Nome?). Pour 400TWh par an, ça fait une somme rondelette (5 Mdls/an) pour provisionner le démantèlement.. Qu’en pensez vous?
« S’ils trouvent un assureur (ce qui est peu probable), çà nous donnera une meilleure idée du coût réel du kWh nucléaire.Etonnant qu’aucun assureur n’accepte de se jeter sur ce juteux marché … si l’on en croit Bachoubousouc le nucléocrate averti 🙂 » Ah bon ? Aucun assureur ne s’est jeté sur ce juteux marché ??? Allianz, Crédit Mutuel, Axa, CCR, GAN, Generali, GMF, Groupama, MAAF, MMA… cela ne dit rien pour vous ? Pour tous les anti-nucléaires ignorants (pléonasme :D), Assuratome est un Groupement d’Intérêt Economique que les traités internationaux ont mis en place pour couvrir le risque spécifique du nucléaire. Il est constitué de membres (sociétés d’assurance et de réassurance), qui mettent à la disposition du GIE des capacités financières affectées à l’assurance du risque nucléaire. Donc oui, il y a du monde sur ce marché.
Avant de disserter joyeusement sur le coût annoncé par la cour des comptes et repris dans le titre de l’article d’Enerzine (49,5 €/MWh), je vous suggère de lire les observations de la CRE aux pages 407 à 420. C’est un peu aride, mais cela montre bien que le résultat du rapport de la cour des comptes n’est un seul coût mais quatre coûts différents (de 33,1 à 49,5 € le MWh ; voir page 280). En résumé, le coût de 49,5 €/MWh ne représente pas le coût du seul parc actuel déjà amorti, mais il intègre le coût de remplacement.
« pour tous les sceptiques du solaire: le soleil procure sous nos latitudes une énergie de 1000W/m². C’est tout simplement colossal. » Non, c’est tout simplement ridicule ! L’Allemagne est un bon exemple : ils ont installé pour plus de 17GWc de PV (soit en gros un tiers de la puissance installée du parc nucléaire français), et ces 17GWc ont produit… 12TWh/an, soit 2,4% de la consommation française ! C’est ridicule ! Et en plus après il faut se coltiner l’intermittence : Un coup il faut absorber 17GW qui produisent d’un coup pendant une journée d’été, et de l’autre il faut compenser la nuit ou l’hiver leur absence de production par des centrales thermiques très chères, dont le coût n’est évidemment pas compris dans celui du kWh PV. Non, je crois de moins en moins au PV, qui a en plus le mauvais goût d’être fabriqué quasi exclusement en Chine et d’être pour l’instant encore très cher, et de plus en plus en l’éolien, qui est un peu moins intermittent, beaucoup moins cher et qui est essentiellement européen. Mais ce à quoi je crois surtout, c’est en le fait que les ENR, aussi intéressantes soit elles, ne représenteront pas avant un gros bon bout de temps (jamais?) la majorité du mix électrique. La question n’est donc pas ENR ou pas ENR (on en fera quoi qu’il arrive), mais nucléaire ou gaz. « je vois les budgets alloués à la recherche sur le nucléaire, cela laisse rêveur: quelle quantité d’énergie aurions nous pu tirer de ce m², s’il avait été attribué ne serait-ce que 10% de ces sommes à la RetD sur le photovoltaïque….. » Au vu de la faible production électrique du PV, je suis heureux qu’on ait parié sur le nucléaire.
Merci à Enerzine pour ce condensé objectif du rapport de la CdC et bravo à Bachibouzouc et Pamina pour leurs argumentaires très remarquables. Une pensée émue pour Renewelable bien empêtré dans ses contradictions… Didier Migaud a indiqué ce matin sur Europe 1 que la CdC allait probablement procéder à des analyses du même type sur d’autres sources d’énergie. Ce sera sans doute très intéressant.
Les autres energies comportent aussi des incertitudes: combien couteront le fioul, le gaz et le charbon dans 2 ans? dans 20 ans?
Maintenant qu’on en a fini avec ceux du nucléaire on va pouvoir parler de ceux des énergies intermittentes. Aux Matins de France Culture (1ere partie, 2eme partie), Jean-Guy Devezeaux (invité avec Dessus et Huet) parlait de 20€/MWh pour le renforcement nécessaire du réseau. Qui dit mieux ?
N’en déplaise aux pro nucléaires de mauvaise foi comme Bachoubouzouc, le rapport de la Cour de Comptes mentionne très clairement un coût caché : le risque d’accident majeur. On trouve en effet en bas de la page 242 : « Les estimations de l’IRSN donnent un coût moyen compris entre 70 Md€ pour un accident modéré sur un réacteur comme celui qui s’est produit à Three Mile Island en 1979, et 600 Md€ à 1 000 Md€ pour un accident très grave comme ceux de Tchernobyl ou de Fukushima. » Aucun assureur ne voulant assumer un tel risque, c’est l’Etat qui l’assure SANS RIEN FAIRE PAYER A EDF. C’est donc bien un coût caché. La Cour fait même le calcul de ce coût caché page 259 : 0,20 €/MWh par tranche de 10 Md€ de sinistre. Pour 1.000 Md€ de couverture, EDF devrait donc payer 20 €/MWh de prime, soit une augmentation de 50% du coût ! Le nucléaire est une forme de jeu de hasard : tant qu’il n’y a pas d’accident, les pro nucléaires triomphent ; le jour d’après la catastrophe, on ne les entendra plus mais il sera trop tard.
Le nucléaire est très régulièrement épinglé pour des coûts externes pris en charge par les Etats. Sauf que bien d’autres filières font régulièrement payer aux Etats des externalités diffuses dont on ne parle jamais et dont certaines peuvent d’ailleurs être de nature radioactive. Les Etats sont en tout les derniers recours en cas d’accident majeur ou de problèmes sanitaires chroniques. Il n’y a rien de nouveau. Il y a des risques et des bénéfices. Curieusement lorsqu’on se met à évaluer les externalités des filières et les coûts laissés à la charge de la société, le nucléaire n’est pas le vilain canard malgré sa réputation. Il doit y avoir une explication ?
Condoléances à nos amis du GGP. Bien sûr on ne sortira pas aussi vite du nucléaire que « nous » les anti-nucléaires, pourrions le souhaiter, mais on en sortira… D’abord parce que le futur Présient le veut, ensuite parce la Cour des Comptes vient de confirmer que des coûts avaient bien été dissimulés depuis les années 50 sans être intégrés dans le coût « historique », et que les (ridicules) provisions de démantèlement et de stcokage devaient rapidement être appréciées à leur juste valeur, et enfin parce que les français ont enfin la certitude qu’un lobby dangereux à kidnappé la démocratie énergétique. Encore quelques semaines à attendre et la machine se mettra en marche. Bonnes (grandes) vacances GGP…..
« Encore quelques semaines à attendre et la machine se mettra en marche » Vous sous-entendez que vous attendez impatiemment la déclaration de candidature du président ou bien la résurrection d’EELV ?
Le problème du nucléaire est a mon sens le retraitement des déchets… Que pourra-t’on construire à l’emplacement d’une centrale démantelée? Que fera t’on des déchêts? Est-il réaliste de penser que la proportion de particules radioactives libérées lors du démantelement ne fera pas de victimes… Comment vivre avec le risque même limité d’un accident majeur? Une transition de nos moyens de production énergétique actuels est nécessaire ne serait-ce que pour les déchets. Il en va d’ailleurs de même pour d’autres type de centrales à énergies fossiles qui dégagent aussi de radioactivité ou rejettent d’autres déchets et gaz toxiques. Les énergies renouvelables ont d’autres inconvénients majeurs, notamment la capacité plus réduite, l’intermittence, la dépendance au climat, la nécessité de stockage et de lissage, sans compter une disponibilité énergétique plus faible et pour l’instant un coût plus élevé. Des solutions existent si on désire les développer! Je ne suis pas surpris par ce rapport de la CDC, je considère que le coût n’est qu’une variable qui s’ajuste avec le temps en fonction du nombre d’acteurs, on produit de l’énergie nucléaire à bas coût car c’est un choix politique qui a été fait il y a bien longtemps. La démocratisation des ENR baissera également leur coût… Fournir de l’électricité à 7 milliards d’humains est tout simplement impossible sans un mix énergétique intelligent qui prenne en compte les spécificités de chaque région, une augmentation de notre efficacité énergétique, une réduction sensible de notre demande et une adaptation de nos moyens de transport d’énergie et de mise-à-disposition.
Cher Aue84fr, Je crois que nous partageons tous ici l’idée qu’un mix équilibré serait une excellente chose, même parmi les plus pro-nucléaire de ce forum, dont je suis. Je vous signale que même la SFEN (Société Française de l’Energie Nucléaire) préconise sur son site web un mix pour la France à échéance 2050 comprenant 50 % d’énergies renouvelables dans l’énergie utile. Que l’association « Sauvons le Climat » qui promeut le scénario NegaTep vise 50/50 renouvelables/nucléaire avec une quantité de renouvelables ambitieuse, à peu près double de celle de NégaWatt ! En fait, les pro-nucléaire sont souvent très ambitieux pour les ENR. La question c’est quelles ENR, et à quel point ? Les ENR thermique en substitution des fossiles, oui à fond : biomasse (biogaz, biocarburants, bois), solaire thermique, géothermie, etc. Les ENR électriques (PV et éolien) oui aussi, mais à la condition d’avoir des « tampons » : ballons d’Eau Chaude Sanitaire, chauffage électrique (direct ou PAC), Véhicules Electriques, et de faire beaucoup de Smart Grid. Au delà de ces bonnes paroles, qui ont un sacré côté Monde des Bisounours, j’en conviens, les questions de déchets, de démantèlement, de ressources ont des solutions techniques. On peut y mettre le prix. Ce que montre le rapport de la Cour, c’est que ça ne coûte pas sensiblement plus cher de bien faire, et même d’avoir la sécurité optimale. Alors le risque d’accident majeur ? Aujourd’hui non-chiffré, ça ne veut pas dire pas chiffrable. Il faut faire ce calcul sordide. Ca ne veut pas dire que tout se résume aux chiffres. Oui, les souffrances des uns sont incommensurables aux souffrances des autres. Mais, c’est ça le boulot des Politiques : décider si quelques morts, voir quelques centaines d’une catastrophe nucléaire (Fukushima), en marge d’une catastrophe naturelle majeure (Tohoku) causant des dizaine milliers de morts est plus ou moins importante que les milliers de décès chroniques dus aux pollutions des fossiles (cf. ExternE ou les études OMS). C’est pour ça qu’on aime détester les Hommes Politiques : parce que c’est leur responsabilité d’assumer une certaine froideur. PS : Quid des risques des ENR ? Quid de l’incendie de l’usine de batteries NGK sodium-souffre pour parcs éoliens (15 morts) ? etc… La question de Pamina sur la submersion de Lyon ou Grenoble reste sans réponse. Quel chiffrage, quelles assurances pour les barrages alpins ?
Je suis d’accord avec vous sur le bilan de Fukushima : j’adoptais volontairement le point de vue le plus alarmiste des anti-nucléaire qui nient cette évidence : – 3 morts directs (1 séisme, 2 explosions) – 1 mort retardé (infarctus ?) – 1 mort non expliqué (mais corps non irradié) – 6 personnels intervenus dans la centrale ont reçu plus 250 mSv (mais moins de 300 mSv). 403 ont reçu entre 100 et 250 mSv. On verra dans 10 à 20 ans, mais pour l’instant, ils vont bien : c’était pourtant dans le premier mois de l’intervention qu’ils ont reçu la dose. Dès avril, l’essentiel des 3500 personnes intervenant dans la zone n’a plus reçu au dessus de 10 mSv. C’est à dire, quasiment que dalle, puisque ça équivaut à deux radiographies (moyenne 3,9 mSv, et seuls 3 ont reçu entre 50 et 100 mSv). – à part ça : rien sans doute. Les 1730 habitants d’Iitate ont reçu au maximum 37 mSv, mais 1 mSv en moyenne. – hors zone, ce n’est pas avec 12 mSv/an au lieu des 3 mSv/an naturels, ni même 20 mSv/an qu’on tombe malade. Sinon, les hôtesses de l’air et pilotes d’avion ont du souci à se faire. Comme les travailleurs du nucléaire aux USA (limités à 40 mSv/an, contre 20 en France). Et je ne parle pas des Indiens du Kerala qui vivent avec une épidémiologie « normale » à plus de 80 mSv/an. Mais j’arrête là. Je ne suis pas toubib, et pour bien parler des morts et malades, il faut s’être confronté au gens pour les rassurer… Tout en sachant que, dans 10 ans, parmi les 20% qui auront un cancer parce que 1/5 de la population a de toutes façons un cancer, certains vous traineront comme un criminel devant le tribunal. Tout ça parce que des obscurantistes leur bourrent le mou, avec un risque imaginaire. Il faut être admirable pour être médecin radio-protectioniste. PS : NegaTep est infiniment plus solide que NegaWatt. Mais qu’est-ce que leurs courbes sont moches : il faut qu’ils se payent un cabinet de com !
Une energie intermittente bien répartie, c’est a dire que la production max d’un point ne dépasse pas sa consommation max ne devrait pas necessiter de renforcement réseau, mais au contraire le soulager quelquefois ( PV en ce moment) Le problème c’est de refaire de la centralisation avec une energie dont un des atout est la facilité de decentralisation
Cher inconnu, – il faudrait relire l’Histoire ! Le choix a été fait en toute connaissance de cause. (Re)lisez G. Hecht, c’est tout sauf le monde des Bisounours : élaboration de la doctrine des syndicats de gauche en pleine guerre froide avec la bombe en arrière fond ; lutte entre technologie française et étrangère ; lancement du parc REP juste au moment de l’accident de Saint-Laurent… Bref, c’était une époque où les politiques avaient le cran d’assumer, et faire des choix, y compris risqués. – Les déchets, on en a déjà largement parlé, ici. – Fukushima, on verra bien d’ici peu de temps. Mais c’est désespérant de constater que l’attention de tous est mobilisé par les hypothétiques futurs malades, et pas par les milliers de victimes directes du tsunami, morts, sans-abris, orphelins, etc. C’est comme l’histoire de l’éleveur de vaches suicidé parce qu’il ne pouvait plus vendre de lait, parce qu’il était contaminé, bien en dessous du seuil présentant un risque sanitaire : à force de crier au danger, effectivement, on cause des dommages. A vouloir persuader les autres que 20 mSv par an c’est grave, forcément on en arrive à déprécier les terrains et ruiner les gens. – Concernant le démantèlement, je me rends compte que ma phrase était ambigüe : il est déjà provisionné. – Quant à l’investissement dans des tampons c’est exactement ce que je dis qu’il faut faire… si c’est intelligent. Profiter des véhicules électriques, du bâtiment (PAC, ECS), oui. – Concernant NegaTep, il y a beaucoup d’EnR thermiques dedans : solaire thermique, bois, biomasse. – les accidents sévères ne sont pas nécessairement des catastrophes. Mettre TMI ou Saint-Laurent 1 & 2 dans le même sac que Tchernobyl c’est abuser. Ces accidents graves passés, avec fusion de coeur, démontrent bien que des mesures de protections sont efficaces. 0 morts, 0 contaminés. Il n’y a donc pas lieu de les comptabiliser !