Le consortium Novarka associant les groupes Vinci et Bouygues, doivent signer aujourd’hui un contrat pour la construction d’un nouveau sarcophage de protection autour de la centrale nucléaire de Tchernobyl.
Le montant du contrat est estimé à 430 millions d’euros. La nouvelle enceinte de confinement devrait mesurer 260 mètres de larges pour 150 mètres de long et 105 de hauteur. Le tout pèsera 18 000 tonnes de charpente métalliques et devrait englober la totalité du réacteur accidenté, ainsi que son sarcophage. Le consortium affirme que la nouvelle structure permettra aux ukrainiens de lancer la déconstruction du sarcophage, grâce à des outils robotisés. Monté en 7 mois, il n’était pas étanche aux intempéries et comportait environ 100m² d’interstices ouverts dans la structure. La nouvelle protection devrait mobiliser un millier d’ouvrier, principalement ukrainiens, et sera conçue pour durer une centaine d’années. |
(src secrétariat d’Etat chargé du Commerce extérieur, Le Monde) |
Réseau « Sortir du nucléaire » – Fédération de 800 associations Communiqué du lundi 17 septembre 2007 Nouveau sarcophage de Tchernobyl : questions sur Vinci et Bouygues – les deux entreprises comparaissent en justice demain 18 septembre suite à un décès et de graves fautes sur un autre chantier nucléaire – Les travailleurs ukrainiens du chantier auront-ils droit à de la nourriture saine ou sera-t-elle réservée aux Français ? Lundi 17 septembre 2007, Hervé Novelli, secrétaire d’Etat chargé des Entreprises et du Commerce extérieur, se rend à Tchernobyl (Ukraine) à l’occasion de la signature du contrat remporté par Vinci et Bouygues pour la construction d’un second sarcophage au dessus de celui qui recouvre actuellement le réacteur de Tchernobyl accidenté le 26 avril 1986. Le sarcophage actuel, construit dans des conditions apocalyptiques par des hommes qui se sont sacrifiés, n’est pas hermétique, se dégrade et menace de s’effondrer. Il est certes nécessaire de construire ce second ouvrage, pour autant, des questions importantes se posent concernant Bouygues et Vinci pour ce chantier prévu pour durer 4 ans et demi. 1) Hasard du calendrier, c’est demain, mardi 18 septembre, que Bouygues et Vinci comparaissent au Tribunal de Bar-le-Duc suite à un décès et de graves disfonctionnements sur autre un chantier nucléaire de grande ampleur : le site d’enfouissement des déchets nucléaires situé à Bure (Meuse). Un jeune salarié de 33 ans y a trouvé la mort le 15 mai 2002, à 228 mètres de profondeur, et « de graves manquements en matière de sécurité » ont été constatés par l’inspecteur du travail (cf ordonnance judiciaire du 20 juin 2002). Il est donc légitime de douter de la capacité des deux entreprises à réaliser à Tchernobyl un sarcophage répondant aux exigences de confinement, ou du moins de le réaliser dans des conditions parfaites de sécurité. (On notera d’ailleurs que Bouygues participe à la construction du réacteur EPR, ce qui n’a donc rien de rassurant). 2) 21 ans après la catastrophe de Tchernobyl, des millions de gens consomment encore en Ukraine (mais aussi en Biélorussie) des produits contaminés, en particulier au césium 137. Questions : – les ingénieurs et techniciens français vont-ils consommer eux-aussi des produits locaux radioactifss, ou bien seront-ils alimentés en nourriture saine acheminée depuis la France ? – si de la nourriture saine est acheminée (*), les centaines d’ukrainiens qui vont travailler sur le chantier auront-ils droit eux-aussi à cette nourriture ou bien existera-t-il deux catégories de travailleurs : les Français qui mangent sain et les Ukrainiens qui mangent contaminé ? Enfin, la nécessaire construction du nouveau sarcophage illustre à nouveau les conséquences incommensurables d’une catastrophe nucléaire, qui n’en finit plus de s’aggraver au fil du temps. C’est l’occasion pour les élus, à commencer par le très pronucléaire président Sarkozy, de prendre enfin conscience du caractère intolérable du danger qui est imposé à la population française et européenne du fait des 58 réacteurs français. Il est nécessaire de tous les fermer aussi vite que possible et, bien entendu, d’annuler la construction du réacteur EPR prévu à Flamanville (Manche). (*) Il est intéressant de noter que ce sont les entreprises nucléaires françaises (EDF, Areva, CEA, IRSN), regroupées dans une curieuse association nommée CEPN, qui expliquent depuis plusieurs années aux habitants des zones contaminées qu’il n’est « pas dangereux » de consommer les produits locaux. Cette négation du risque, pourtant réel, sera-t-elle de mise pour les techniciens français ?