L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a été informée par EDF d’un nouvel incident survenu le 8 septembre 2008 à 10h30 lors de la manutention du combustible à l’occasion des opérations de déchargement du réacteur Tricastin 2.
Le cœur du réacteur nucléaire est composé de 157 assemblages combustibles comportant chacun 264 crayons qui contiennent le combustible nucléaire. Les réacteurs doivent être arrêtés périodiquement et déchargés pour procéder au renouvellement du combustible.
Lors de cette opération, le couvercle de la cuve du réacteur et les structures internes supérieures de maintien sont retirés pour pouvoir accéder aux assemblages combustibles et pouvoir les remplacer.
Deux assemblages combustibles sont restés accrochés aux structures internes supérieures au cours des opérations d’enlèvement. L’exploitant a interrompu ces opérations et fait procéder à l’évacuation du bâtiment réacteur et à son isolement, conformément aux règles d’exploitation du réacteur. Les deux assemblages sont sous eau dans la cuve.
L’ASN et son appui technique l’IRSN suivent l’évolution de la situation. L’ASN a demandé à EDF d’étudier les conséquences de la chute éventuelle des deux assemblages dans la cuve et de définir des actions pour remédier à cet incident.
L’incident, qui est toujours en cours, n’a pas eu de conséquences pour le personnel de la centrale et n’a pas entraîné de rejets dans l’environnement, assure l’ASN. EDF a proposé à l’Autorité de classer cet incident au niveau 1 sur l’échelle INES.
Un incident de même nature s’était produit à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine en 1999.
on se demande à quoi sert cette échelle des incidents, parceque chaque fois c’est du niveau 1!Faudrait peut être la revoir, sur les 3 ou 4 incidents tous très différents, survenus à Tricastin depuis qqs mois, c’est la même chose, or à chaque fois, l’origine, les dégats, les impacts sont différents.Bref, tant qu’on continuera à désinformer le public sur le nucléaire, je resterai sceptique quant à sa sureté!
Sur l’échelle INES accessible sur le site de l’ASN on peut voir que du niveau 0 au niveau 2 il n’y a pas d’incidence sur l’extérieur de la centrale.Par exemple lors du premier « incident » au Tricastin on doit comprendre que la nappe phréatique et les points de puisage des agriculteurs voisins font partie de la centrale puisque l’incidentl fut aussi classé au niveau 1….
Voilà qui pose le problème de la sécurité en cas de nouvelle prolongation de ces centrales…La disponibilité risque de fortement chuter et les coûts d’explotation risquent d’exploser!Cela renvoie également au problème majeur du transfert de technologie vers des pays peu ou pas démocratiques ou le contrôle sera faussé d’avance et les risques pour la planète entière d’autant plus élevés… Je ne comprend pas que nos politiques (encore nos industriels du nucléaire je veux bien) acceptent d’en prendre la responsabilité! Après nous le déluge???
En effet, la majorité des incidents sont classés 1 voire 0 sur l’échelle INES. Et heureusement ! Cette échelle internationale mesure la gravité des incidents et accidents sur l’environnement et l’homme, peu importe leur origine. On la représente souvent par une pyramide, qui reflète la proportion de cas pour chaque niveau. Faut-il vraiment regretter que les niveaux 3 à 6 soient si peu courants ?L’échelle INES est exemplaire en termes de transparence mondiale. Je ne sais si d’autres industries ont son équivalent : on verrait combien les incidents mineurs y sont nombreux aussi !
L’incident survenu sur le réacteur 2 de Tricastin n’est pas analogue à celui survenu le 19 août 1998 à Nogent-sur-Seine. Dans le cas de Tricastin il s’agit de combustible moxé à 30%. C’est à dire que 30% du combustible n’est pas uniquement de l’oxyde d’uranium UO2 à U enrichi, mais renferme pour 30% d’un mixte d’oxyde de plutonium PuO2 et d’oxyde d’uranium appauvri UO2. Ne pas dire qu’il y a du plutonium est de la désinformation. Quelle est donc la composition des 2 assemblages accrochés aux structures internes du coeur ? Sont-ils partiellement (ou complètement) sortis du coeur et de combien de mètres ? Des photos ont sûrement été prises. A Nogent on voyait clairement l’inclinaison des assemblages par rapport à l’axe vertical. Les assemblages sont-ils restés dans l’axe, sont-ils légèrement inclinés ce qui pourrait être dû à la détérioration des pions de centrage comme à Nogent (mais même dans ce cas le gonflement des gaines peut jouer). L’incident survenu au démarrage de Dampierre, un 900 MW moxé, le 2 avril 2001 lors du rechargement a montré qu’il fallait que la position de chaque assemblage doit être bien définie « de manière à homogénéiser la distribution de puissance du coeur du réacteur ». Au cours du chargement on s’est aperçu au bout du 135ème assemblage que 113 d’entre eux avaient été décalés d’une place. Les calculs de configuration ont montré que, pour d’autres configurations plus pénalisantes elles pourraient provoquer un début de réaction nucléaire dans la cuve du réacteur (voir mes commentaires sur cet incident très sérieux sur ). Là non plus il n’a pas été question de plutonium dans les communiqués et c’est pourtant bien le Pu qui a justifié tous ces calculs. Question: le déchargement doit certainement aussi se faire d’une façon très programmée. Qu’en est-il de la stabilité neutronique du coeur actuellement ? Qu’en serait-il de la stabilité neutronique du coeur si les deux assemblages se rompaient avec des morceaux dans la cuve et risque de détérioration des autres assemblages ? Cela pourrait être plus grave que le seul relâchement des produits de fission et d’activation dans le circuit primaire… Il est plus que temps de sortir du nucléaire Bella Belbéoch, ingénieur retraité CEA Saclay.