L’énergie nucléaire devrait continuer à se développer au cours des 20 prochaines années, prévoit un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) publié jeudi.
Selon une évaluation minimum, la production d’électricité d’origine nucléaire devrait passer de 372 gigawatts à 473 gigawatts. Selon une projection haute, qui prend en compte de nouveaux investissements dans le nucléaire, la capacité électrique nucléaire pourrait passer à 748 gigawatts d’ici à 2030, affirme l’agence dans un communiqué.
« L’accroissement des prix du gaz naturel et du charbon ainsi que les problèmes de la sécurité de l’approvisionnement et des contraintes environnementales poussent à ce développement », analyse Hans-Holger Rogner, chef de la section des études économiques et de planification de l’AIEA.
De 2007 à 2008, la part du nucléaire était tombée à 14% alors que la production globale d’électricité s’était accrue de 4,8%. Mais l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto et le marché du carbone européen rendent lucratives l’arrêt des émissions de carbone, ce qui profite au nucléaire et aux énergies renouvelables, commente l’AIEA.
Selon elle, la chaîne nucléaire complète, de l’extraction de l’uranium à la construction des réacteurs et à la gestion des déchets émet de 3 à 24 grammes de dioxide de carbone par kilowatt-heure, à peu près la même que l’énergie éolienne et hydro-électrique et bien moins que le charbon, le pétrole et le gaz naturel.
Selon les chiffres mêmes de l’AIEA, le nucléaire n’a produit que 14,2% de l’électricité dans le monde en 2007 (2.608/18.368 TWh). Pour 2030, ce serait seulement 12,4% ou 14,4% selon les scénarios de cet organisation internationale. Où est le regain du nucléaire dans cete affaire alors qu’il est en perte de vitesse ? Ces prévisions sont pourtant présomptueuses car elles ne peuvent pas être réalisées. Impossible de disposer de 473 GW de nucléaire en 2030 (et encore moins 748 GW). En tenant compte des très nombreux réacteurs qui auront atteint leur limite d’âge d’ici là, impossible de construire tous les réacteurs et de les mettre en service d’ici 2030. Une assez bonne démonstration ici :
Les chiffres de 2007 sont difficilement contestables, c’est le passé. Donc le nucléaire fait 14 % de l’électricité mondiale en régression relative. 2 608 TWh contre 18 368 TWh au total.Il serait en perte de vitesse car il ferait seulement 12,4 % en 2030. Là il s’agit d’hypothèses.Examinons l’hypothèse basse (473 GW de nucléaire) : en 2030 les 12,4 %, c’est 3 522 TWh nucléaires produits par rapport à un total mondial de 28 366 TWh. On voit donc qu’entre 2007 et 2030, la production nucléaire augmenterait de 35 %, là où la production totale augmenterait de 54 %. En absolu tout augmente, mais en relatif, le nucléaire baisse, il y a pire comme perte de vitesse. On peut remarquer que ce qui s’est passé pour le nucléaire ces dernières années, est aussi arrivé aux EnR. En effet, entre 1996 et 2006 la part du renouvelable dans la production d’électricité est passé de 20 % à 18,6 % (source Observ’ER). Est-ce que les EnR étaient en perte de vitesse ? Pas vraiment si on regarde les chiffres. En 1996 les EnR représentaient 2746 TWh (dont 2586 hydraulique) pour une production totale de 13 705 TWh. En 2006, les EnR font 3 525 TWH (+ 28 %) pour une production totale de 18 929 TWh (+ 38 %). On voit bien, que le nucléaire n’est pas seul à décrocher face à l’augmentation globale de la production. Vous dites qu’il est impossible de disposer de 473 GW nucléaires en 2030 surtout avec les arrêts prévus. Futura prévoit qu’il restera seulement 120 GW en 2030 sur les 372 actuellement installés, car 319 réacteurs sur 439 seront arrêtés avant 2030. Cependant, ce chiffre est une hypothèse basse avec une durée de vie aux alentours de 40 ans. Si on prend une durée de vie de 50 ans, en 2030, il reste plus de 300 réacteurs et 275 GW, si on monte à 60 ans, on garde 369 GW en 2030. 60 ans c’est extrême, mais aux Etats-Unis c’est envisagé. On voit donc que le facteur déterminant est la durée de vie des réacteurs. La démonstration de Futura part comme d’habitude de chiffres justes et omet sciemment de mentionner certains paramètres. Si on veut atteindre 473 GW avec une durée vie moyenne de 50 ans, il faudra donc rajouter 200 GW. Si on prend des réacteurs type EPR de 1,6 GW, il faut en construire 125 en 22 ans ou 6 par an (lancement de la construction de 2009 à 2025 pour tenir compte d’une durée de construction de 5 ans). C’est énorme, mais pas impossible à l’échelle mondiale. La France seule, a lancé la construction de 58 réacteurs en 20 ans (de Fessenheim 1971 à Civaux 1991), soit 3 par an pour une puissance installée de 63 GW. La mise en service effective s’étant étalée sur 25 ans de 1978 à 2002. De plus, il s’agissait de créer ex nihilo des centrales nucléaires. Aujourd’hui, une partie concerne le renouvellement ou le complément de parc. L’EPR de Flamanville est réalisé sur un emplacement libre dans une centrale existante. Conclusion 473 GW en 2030, n’est pas un objectif facile, mais pas du tout impossible au niveau mondial pour les grand pays (il en existe quelques uns, beaucoup plus grands que la France). Il m’étonnerait beaucoup que les chinois, les américains et les indiens, seuls ne soient pas capables de réaliser cet objectif en faisant chacun 2 réacteurs par an, s’ils le décident au niveau politique. Pour les EnR, la problématique est la même. Pour seulement maintenir une part de 20 % dans la production en 2030, il faudrait produire 5 673 TWh (28 366 x 0,2), soit 2 148 TWh de plus qu’en 2006. Actuellement, c’est l’hydraulique qui fait 90 % du travail et on sait qu’un barrage, ça ne se construit pas plus vite qu’un réacteur (les Trois Gorges, ce n’est pas tous les jours, ni tous les ans). L’éolien, a fait 122 TWh en 2006, admettons qu’il fasse le complément de 2 148 TWh, il faudrait une puissance installée de 1 074 GW contre 94 GW installés dans le monde fin 2007. Il reste donc 22 ans pour installer 980 GW d’éolien correspondant à 490 000 éoliennes de 2 MW. Cela veut dire 22 000 éoliennes par an, sans faiblir. Pour prendre un point de comparaison, il faudrait installer tous les ans un nombre d’éoliennes équivalent au parc allemand actuel. Ce n’est sûrement pas impossible, mais pas forcément plus facile que de construire 6 réacteurs par an. Si les EnR veulent à la fois maintenir la part actuelle et en plus compenser l’arrêt du nucléaire, il faut 5 673 + 2 608 = 8 281 TWh en 2030 soit 4 756 TWh de plus. Là, il faut mettre le turbo pour être au rendez vous en 2030, et arrivé là, cela laisse encore 20 000 TWh de production d’électricité au charbon, gaz et pétrole, soit 2 000 TWh de progression par rapport à 2007. Le charbon, lui, n’est manifestement pas en perte de vitesse, ni relative ni absolue ! Perte de vitesse ou pas, tout est relatif et pendant que le « lièvre nucléaire » discute avec le « lièvre EnR », la tortue « fossile » avance inexorablement… et on sait qui franchit en premier la ligne d’arrivée.
..Bravo, Belle démonstration et Bel argumentaire!….et je rajouterai simplement…: »..et la tortue »fossile » risque de manquer de jus ou de pêche du côté de la ligne d’arrivée »…donc il faut ASAP et dès à présent ratisser large ou »construire » une palette large pour un »Bouquet varié de ressources en visant un max d’EnR dans le respect optimisé du DD ».A+ Salutations Guydegif(91)
Pour sa part, l’Agence Internationale de l’Energie voit le nucléaire à seulement 9,8% ou 13,8% selon le scénario retenu, contre 15,7% en 2004 — En 2004 : 14.408 TWh dont nucléaire 15,7 % … hydraulique 16,1 % … autres renouvelables 2,1 % (total renouvelables 18,2% ) — En 2030, selon le scénario : total de 33.750 TWh (ou 29.835) dont nucléaire 9,8% (ou 13,8%) … hydraulique 14,1% (ou 16,4%) … autres renouvelables 6,7% (ou 9,6%) … total renouvelables 20,8% (ou 26,1%). — En dehors de l’hydraulique, l’éolien n’est pas la seule énergie renouvelable pour produire de l’électricité. Il faut aussi compter sur la géothermie (la vraie, pas celle des PAC bien souvent trompeuses) et avec le solaire encore modeste mais au potentiel gigantesque …
Pour sa part, l’Agence Internationale de l’Energie voit le nucléaire à seulement 9,8% ou 13,8% selon le scénario retenu, contre 15,7% en 2004 — En 2004 : 14.408 TWh dont nucléaire 15,7 % … hydraulique 16,1 % … autres renouvelables 2,1 % (total renouvelables 18,2% ) — En 2030, selon le scénario : total de 33.750 TWh (ou 29.835) dont nucléaire 9,8% (ou 13,8%) … hydraulique 14,1% (ou 16,4%) … autres renouvelables 6,7% (ou 9,6%) … total renouvelables 20,8% (ou 26,1%). — En dehors de l’hydraulique, l’éolien n’est pas la seule énergie renouvelable pour produire de l’électricité. Il faut aussi compter sur la géothermie (la vraie, pas celle des PAC bien souvent trompeuses) et avec le solaire encore modeste mais au potentiel gigantesque …
Je reprends l’origine du débat : Futura nous dit, chiffre à l’appui qu’il est matériellement impossible de remplacer les réacteurs existants dans les délais, qu’en conséquence la puissance disponible ne pourra jamais atteindre les objectifs des scénarios de l’AIEA, même les plus bas (473 GW) et que pire, le niveau actuel disponible 372 GW ne pourra être maintenu. J’ai déjà dit qu’en construisant 6 réacteurs de type EPR par an dans le monde de 2009 à 2025, on atteignait l’objectif des 473 GW, à condition que la durée de vie moyenne des anciens réacteurs soit de 50 ans. Existe-t-il une limite réellement indépassable aux nombre de construction des réacteurs ? Examinons ce que nous connaissons : le passé des années 70 à 90. Nous constatons qu’au niveau mondial, il existe deux pics de construction. Le premier : en 10 ans, entre 1969 et 1978, 127 réacteurs ont été mis en service, soit presque 13 par an. Le deuxième : en 11 ans, entre 1980 et 1990, 227 réacteurs ont été mis en service, soit 20 par an. En restreignant la deuxième période à 8 ans de 1980 à 1987, le rythme moyen est de 24 réacteurs mis en service chaque année, avec une pointe supérieure à 30 (33 en 1984 et 32 en 1985). Nous pouvons donc estimer que le monde est capable de construire 30 réacteurs par an, si le contexte l’y pousse. Puisque, nous avons étudié l’hypothèse basse, étudions l’hypothèse haute. Admettons que l’on construise 30 réacteurs par an pendant 15 ans à compter de 2010 et que nous prenions la puissance maximale actuellement disponible. Nous aurions installé 450 réacteurs pour 720 GW pouvant produire dès 2030 environ 5 740 TWh à ajouter aux 275 GW restants produisant 1 930 TWh soit au total 7 670 TWh en 2030. Cela est à comparer au 38 600 TWh de l’hypothèse haute de l’AIEA et représente 20 %. Comparé à l’hypothèse basse de besoin (28 360 TWh), cela représente 27 % de la production. Cette hypothèse haute de construction, n’est pas totalement utopique, sachant qu’il y a sur les rangs au moins une dizaine de pays qui ont une forte expérience (Etats-unis, Japon, Russie, Inde, Chine, France…). Si les Etats-Unis et la Chine voulaient en faire 10 par an et les autres pays 3 seulement, nous y serions déjà. Conclusion : ce que Futura nous démontre comme étant impossible… a déjà été réalisé et dépassé dans les années 80 ! Est-ce que les EnR sauront faire aussi bien ?