Depuis des millénaires, les dattes façonnent l’identité culturelle et économique de l’Arabie saoudite. Aujourd’hui, une transformation majeure émerge des laboratoires de l’Université des sciences et technologies du roi Abdallah (KAUST), où une équipe dirigée par le professeur Shinkyu Park développe un système robotique intelligent pour moderniser ce secteur agricole ancestral. Ce projet ambitieux, alliant intelligence artificielle et mécanique de précision, vise à accroître la productivité des palmeraies tout en renforçant la position du royaume sur la scène technologique internationale.
La culture des dattes repose sur des méthodes séculaires : grimper aux arbres, évaluer la maturité des fruits à l’œil nu, et manier des outils tranchants en hauteur. Ces pratiques, bien que valorisantes, exposent les agriculteurs à des risques physiques considérables. Parallèlement, avec une hausse de 10 % des exportations annuelles entre 2022 et 2024, le marché exige une production plus efficiente.
« L’automatisation réduira les dangers pour les travailleurs tout en standardisant la qualité des récoltes », souligne Shinkyu Park, mettant en lumière l’équilibre nécessaire entre tradition et progrès.
Le système de KAUST intègre des bras robotisés équipés de capteurs visuels capables de distinguer les fruits, les fleurs et les structures des palmiers. Ces robots reproduisent la dextérité humaine avec une précision accrue, évitant tout dommage aux arbres ou aux dattes. L’IA, entraînée sur des données agricoles locales, apprend à optimiser chaque action – de la taille des branches à la pulvérisation phytosanitaire – en quelques mois, un apprentissage qui prendrait des décennies à un agriculteur.
« Les machines débutent comme des novices, puis maîtrisent les gestes complexes grâce à l’analyse continue des données », précise le chercheur.
Pour garantir l’inclusivité, le projet propose un système de location (Robots-as-a-Service), permettant aux petits exploitants d’utiliser les robots sans investissement initial élevé. Ce modèle, soutenu par un financement de 100 millions de riyals (25 millions de dollars) du Centre national des palmiers et dattes, vise à démocratiser l’accès à l’innovation.
Au-delà de la productivité, cette technologie positionne l’Arabie saoudite comme un hub d’excellence en agritech. En attirant des chercheurs et en formant des ingénieurs locaux, le royaume investit dans une main-d’œuvre qualifiée, prête à relever les défis agricoles futurs.
« Cette initiative ne se limite pas à l’automatisation : elle stimule un écosystème d’innovation aligné sur les objectifs de sécurité alimentaire », ajoute Shinkyu Park.
Les tests sur le terrain débuteront en 2025, avec une généralisation prévue d’ici 2028. Si les résultats confirment les attentes, ce système pourrait servir de référence mondiale pour l’agriculture intelligente, tout en préservant le patrimoine agricole saoudien.
Source : Kaust