"Pour les petits et moyens acteurs de la filière photovoltaïque française c’est une catastrophe", un arrêté en date du 1er septembre 2010 a confirmé la diminution de 12% des tarifs d’achat de l’électricité solaire photovoltaïque excepté pour les particuliers, a indiqué l’APESI dans un communiqué.
Selon l’Association des Producteurs d’Électricité Solaire Indépendants, cette mesure est arrivée malgré les promesses de stabilité qui avaient été renouvelées par le gouvernement après la baisse de début d’année. "C’est bien peu de temps pour repenser toute l’économie de projets développés depuis plusieurs mois. Mais que veut donc le gouvernement ?"
Depuis l’annonce de cette baisse des tarifs d’achat de lélectricité solaire le 23 août dernier par le ministère de l’écologie, le rapport Charpin est passé par là, et Les Echos ont évoqué hier une baisse à venir du crédit d’impôts sur les installations photovoltaïques dans le résidentiel (25% au lieu de 50%).
En fait, l’APESI dénonce la prise en otage du secteur et la condamnation des entrepreneurs du métier, sans concertation aucune. Elle résume assez bien le reflet de la situation dans laquelle se trouve le secteur actuellement :
Le solaire : un indispensable du mix énergétique français
Le Président de la République affirmait il y a à peine un an « Là où on dépense un euro pour le nucléaire, on dépensera un euro pour les énergies propres. » Et voilà qu’aujourd’hui l’objectif de 5400 MW du Grenelle de l’environnement se transforme subitement en limite à ne pas dépasser !
Devenu la bête noire des politiques dans ce climat de restrictions budgétaires, le solaire représente pourtant des avantages considérables en termes industriels et sociaux.
Un tarif n’est pas une politique
Aucun industriel n’est opposé à la baisse des tarifs d’achat. Mais ce type de projet industriel avec des durées de réalisation importantes nécessite une stabilité et une sécurité juridique pour pouvoir se développer. Or depuis quelque temps, le gouvernement semble naviguer à vue dans ce domaine, focalisé sur la réduction des coûts et la chasse aux niches fiscales.
Les évolutions tarifaires au coup par coup, sans concertation ni objectif industriel défini impactent lourdement les PME-PMI. Une simple analyse rapide du secteur suffit pour se rendre compte que les tarifs qui sont restés peu ou prou inchangés (le résidentiel et les centrales au sol de grande puissance, grâce à des économies d’échelle) sont les segments de marchés sur lesquels les gros opérateurs ont la main.
Au contraire, le secteur le plus durement touché (jusqu’à – 40 % depuis le début de l’année) est celui des toitures industrielles et des centrales au sol de petites puissance, sur lequel opère une multitude d’acteurs indépendants. Ces PME-PMI sont non seulement créatrices d’emplois (environ 4 000 emplois directs et indirects – pour rappel l’objectif de l’ADEME est de 60 000 à horizon 2020) mais également de valeur ajoutée. Le gouvernement va leur faire mettre la clé sous la porte ! « Une suite de décisions prises dans l’urgence ne forme pas une politique ! Il n’y a donc toujours pas de politique française du photovoltaïque » déplore Christian Cachat, Président de l’APESI.
Par ses décisions successives, le gouvernement empêche la création d’une filière industrielle. Il favorise la reconcentration des acteurs où quelques grands groupes tireront leur épingle du jeu et concentreront l’ensemble du développement solaire français. Le seuil de 500 MW/an évoqué signifierait le dépôt de bilan assuré pour les petits et moyens producteurs car aucun investisseur ne les accompagnera sur des projets avec un tel taux d’incertitude sur le tarif d’achat final. Souhaite-t-on un secteur quasi-monopolistique qui irait à l’encontre de tous les objectifs nationaux ou européens en matière de libéralisation du marché de l’électricité ? En abandonnant les acteurs indépendants, le gouvernement fait aujourd’hui le choix de la destruction d’emplois verts également en première place parmi les objectifs de ce quinquennat.
Les nombreuses promesses non-tenues ont instauré un climat de méfiance auprès des acteurs de la filière qui recrutaient et des investisseurs, banquiers et assureurs qui se méfient désormais du solaire comme d’un secteur à haut risque. Il aura fallu à certains acteurs 6 mois après la première baisse de janvier pour convaincre leurs investisseurs de leur faire confiance. Aujourd’hui, recommencer ce travail est ardu. Or, sans investisseur, point de projet.
Le temps des doutes sur le sérieux des acteurs doit passer
Les acteurs français en question ont investi des milliards d’euros dans le solaire français. On leur reproche aujourd’hui d’en faire trop. « Sans les PME PMI comme les nôtres qui ont investi dans ce secteur, il n’y aurait pas aujourd’hui de solaire en France. Le gouvernement devrait avancer avec nous et non contre nous!» déclare le Président de l’APESI.
Le MEEDDM s’alarme sur le coût supposé des 3 000 MW de « projets déposés ». Sur l’origine de ce chiffre, le mystère reste entier. Impossible en effet d’accéder aux données d’ERDF, ni de comprendre quels critères ont été retenus. En outre, les coefficients de réalisation sont très faibles sur certains secteurs de marché. Ainsi, les parcs au sol, qui représentent une part non-négligeable des projets « déposés », sont soumis en fonction de leur puissance à diverses études préalables (permis de construire, études d’impact et enquête publique) qui repoussent leur réalisation effective de 12 à 24 mois. Il faut donc se représenter ces installations échelonnées dans le temps. De plus, des indicateurs fiables et facilement consultables peuvent être mis en place pour ne prendre en compte que les projets sérieux dans une réflexion sur la filière. Il serait par exemple utile de connaître précisément le nombre de permis de construire délivrés, ainsi que le nombre de propositions techniques et financières signées et dont le premier acompte a été payé.
Le gouvernement a annoncé pour l’automne une période de concertation avec les professionnels. Pour l’APESI, qui compte bien y faire entendre sa voix, la sincérité et la volonté du gouvernement d’établir une politique française du solaire ambitieuse et équilibrée sera testée à cette occasion.
lorsqu’un secteur est trop fortement dépendant des subventions et qu’il ne dégage aucune marge de rentabilité propre il est destné à s’écrouler à la première tempête budgetaire . Tout cela était prévisible non ? Et la prochaine étape ce sera la baisse des tarifs offerts aux particuliers cette baisse est prévue depuis longtemps elle n’est retardée que pour des raisons électorales. Il ne faut pas investir sur du vent , tant que les tarifs seront entre 10 et 20 fois le prix de la production nucléaire ou hydroelectrique le risque d’effondrement par arrêt des subventions est majeur .
Au sujet de l’emploi et des PME, très bonne réflexion, je suis un jeune ingénieur en CDI dont tous les projets sont gelés voir annulé. Je pense à l’expatriation (fuite des cerveaux verts ?je ne dois pas être le seul) car j’ai aucune visibilité sur le long terme sur mon activité en france. J’en suis presque à regretter d’avoir choisi ce secteur de travail tant c’est du yoyo.
Vision de ce gouvernement à très court terme comme d’habitude, mais on n’est habitué à l’amateurisme et l’indécision depuis les dernières élections, donc rien d’étonnant. C’est juste dommage pour le développement des énergies renouvelables et des emplois et des industries qui vont avec, tant pis elles iront s’installer en Espagne ou en Allemagne…
@Michel : ‘le PV 10 a 20 fois plus cher que le nuke’ d’ou tirez-vous vos infos ? Des sources please ? Et de quel nuke on parle, l’EPR ou cout de revient de 6 c€/kWh ou les vieux reacteurs subventionnes par le contribuable dont on ne provisionne pas le demantellement. Nos ‘elites’ seraient bien inspires de reflechir aux consequences en terme d’emploi de leurs decisions. Les Francais seront decidement toujours etonnants de nombrilisme : les Allemand ont 9 000 MW de PV sans que ca ne pose probleme (+ 3000 MW / an), en France nous sommes a 300 MW raccordes, potentiellement 800 MW de plus et c’est la catastrophe…. Nous sommes gouvernants par les derniers de la classe.
La production nucléaire est une « vieille » source d’énergie tandis que le PV représente l’avenir… Sans compter que pour le moment on ne connaît toujours pas le coût, ni les délais de réalisation d’un EPR 3ème génération (OL3 et FA3 sont deux bels exemples !!). De plus, le démantèlement, la quête de l’uranium (en afrique pour l’essentiel), l’enrichissement, ou encore le stockage après utilisation sont des problématiques majeures. Ses deux fillières sont donc difficilement comparables. le solaire PV doit progresser pour être plus compétitif mais cela demande du temps, et les politiques ne vont pas dans le bon sens…
le nucléaire n’a t il pas bénéficier de subventions il y a plus de trente ans, sans lesquels le prix de l’electricité ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui? Les subventions sont juste l’outil d’une politique énergétique, politique que le gouvernement a définitivement choisi pro nucléaire, centralisée, aux mains des grands groupes… Tout l’inverse d’un contexte favorable au developpement des ENR. C’est un choix, qui va à l’encontre de tout ce qui est en train de passer dans le monde de l’énergie actuellement. C’est un comportement nombriliste, sans aucune vision à long terme de ce que le potentiel des ENR représente! Serions nous les seuls, nous Français, à avoir raison en niant les opportunités énormes de développant de ces nouvelles énergies? Je me pose sincèrement des questions sur la compétence des personnes qui sont aux commandes!
Le KW nucléaire est racheté 3.5 ct d’euro le kw par erdf pour les anciennes centrales (déjà amorties il est vrai)si l’epr ( avec tous les surcoûts des premiers exemplaires ) a un prix de rachat de 6 ct d’euro on est donc entre 10 fois et 20 fois le tarif de rachat offert aux particuliers(60 ct l’an dernier )
Pour fx26150 : Vous dites : « Un peu de sérieux Mesdames et Messieurs qui gouvernez pour notre compte. La France est une entreprise, pas un machin ! » Je crois qu’il y a erreur : la France n’est une entreprise mais un pays souverain au sein d’une autre grande entité en devenir l’Europe. Ne voir la France que comme une entreprise est une vision très réductrice. N’oublions pas que les responsabilités, les modes de fonctionnment, les constantes de temps et les intérêts d’une entreprise ne sont pas exactement les mêmes que celles d’un Etat. Il est d’ailleurs amusant de toujours voir les combats contre l’Etat et de constater combien on s’en remet toujours à lui quand ça va mal. N’opposons pas l’Etat à l’entreprise mais ne les assimilons pas non plus l’un à l’autre.
Ceux qui ressassent inlassablement que le parc nucléaire électrogène a été payé par le contribuable n’ont jamais été capable d’apporter la moindre preuve chiffrée à l’appui de leur affirmation. Il est marrant de voir qu’on conteste encore que le coût du kwh nucléaire en France soit peu cher (disons en dessous de 40 Euros le MWh pour le parc actuel contre un prix d’achat de 400 à 600 Euros le MWh pour le PV), alors que dans le même temps, quand il s’agit d’acheter le même MWh à EDF (forcé de le vendre à la concurrence), des légions de stratèges vont s’efforcer de démontrer le contraire : « mais non ma brave dame, on vous a toujours dit des bétises, le MWh nucléaire coûte bien moins de 40 Euros » ! Tout, son contraire et l’inverse du contraire en fonction des intérêts du moment et en faisant fi de la plus élementaire cohérence et constance ! De toute façon cela ne règle pas le problème du PV dont les tarifs d’achat ne peuvent à terme que poser d’énormes problèmes sur la CSPE : Dans ce lien vous trouverez aussi une estimation du coût du parc nucléaire et son corollaire, le coût du MWh. Ce n’est pas un hasard si les autres pays européens freinent aussi.
La comparaison avec le nucléaire n’est pas vraiment pertinente.. Que le nucléaire aie bénéficié d’énormes efforts publics en termes de recherche( pour se hisser de 0% à 80% de la production electrique quand même) ne fait aucun doute. Pour autant, les investissements d’EDF ont été financés par le client et l’emprunt….Mais nous ne sommes tout simplement plus dans ce monde là, et les enjeux n’ont rien à voir. Vous pouvez installer 60GW de PV en France (la puissance installée du nucléaire), ils ne produiront jamais qu’environ 10% de la production actuelle. Bref, il y a encore loin de la coupe aux lèvres.
Soyons prudent sur les coûts de démantèlement, l’actualisation est une technique comptable certes officielle mais qui peut réserver des surprises….Par aileurs, EDF ne vend pas à Erdf, mais à ses clients..Ne niveau que vous évoquez n’est pas lon de la vérité (pour la part energie), mais soyons précis, ça evitera notamment que les tenants du PV à tout crin nous parlent de grid parity comme du graal. Il y a l’energie (le kWh consommé) et il y a par ailleurs le fait de le transporter, de le distribuer, et de copter tout ça..
Par ailleurs (pour Michel), le tarif de la future loi Nome sera normalement supérieur à 34€/MWh….Ne noicissez pas le tableau pou EDF, au moins avant l’heure…
Je vous rémémore une chose, la CSPE et les tarifs bonifiés de rachat PV ont aussi été mis en place pour: permettre à la France d’assumer ses engagements internationaux (Kyoto) en termes de réduction des GES d’éviter à EDF de sortir ses fonds propres pour y parvenir, faire venir des investisseurs et stimuler un nouveau secteur économique chez nous, D’où: pour EDF plus de cash pour les opérations de rachat à l’international, moins d’amendes à payer en termes de « certificats verts »; car grâce à la CSPE l’effort d’investissement est réparti sur l’ensemble des citoyens de ce pays. Gagnants: EDF et ses actionnaires, mais aussi reconnaissons-le, notre économie par tout le business que cela a généré. _______________________________________________________________ Une question de fond maintenant, dans notre économie moderne et capitalistique, que se passerait-il si les Etats n’injectaient pas via des subventions, niches etc…des capitaux? Saurions-nous quand même créer et faire vivre des entreprises et donc donner « du pain et du travail » à nos concitoyens ? La répartition des fruits de ce travail serait-elle mieux répartie ou encore plus concentrée qu’aujourd’hui ?
Votre explication pourrait être plus convaincante si l’introduction de la CSPE ne s’était pas faite à tarifs constants.. Autrement dit, quand la CSPE a été introduite, ça s’est fait avec une diminution égale des tarifs, donc de façon transparente pour les consommateurs. Quant à l’effet en France de l’introduction de la CSPE et des tarifs PV sur les émissions de GES, vous me permettrez d’être sceptique….Enfin, quant aux certificats verts, ça n’existe pas en France….. Alors gagnant, EDF et ses actionnaires…Il faudra le démontrer.
EDF= établissement de la liste d’attente, décision et exécutant du raccordement au réseau (ErDF : filiale à 100% du groupe). EDF = décision de la signature du contrat d’achat. EDF = fabricant de panneaux (Tenesol), distributeur et installateur de système photovoltaïque de toute puissance. ( D’aucun serait en droit de douter de la compatibilité de cette activité avec les deux premières!) EDF = Assise financière suffisante pour s’adapter et résister à toute modification brutale de législation dans le domaine et se trouve aux premières loges pour en être informé avant tout le monde et l’anticiper. Donc EDF et ses actionnaires gagnants? Sans aucun doute!
Pas vraiment compris votre raisonnement… Si d’après ce que vous dites le « groupe » EDF résiste à tel point au solaire (Erdf, EDF, Tenesol…), c’est bien que ce n’est pas dans son intérêt et de celui de ses actionnaires, non?
c’est bien que ce n’et pas dans son intérêt « que le solaire se développe »…Cela par rapport à la remarque de fx26150 qui semblait dire que la CSPE c’était plus de cash pour EDF.
c’est pas dans l’intéret pour EDF que le solaire se développe sauf si EDF en contrôle le développement et la marché (ErDF, EDF, Tenesol,…).