Des collectifs citoyens, réunissant des associations, des coordinations mais aussi des élus comme José Bové et Danielle Mitterrand appellent à un rassemblement demain – mardi 10 mai – à l’occasion de l’examen de la « proposition de loi visant à abroger les permis exclusifs de recherches d’hydrocarbures non conventionnels et à interdire leur exploration et leur exploitation sur le territoire national » par l’Assemblée Nationale.
Plusieurs propositions de lois, réunies en un texte unique, ont en effet été déposées pour réglementer ou interdire des permis d’exploration des gaz et huiles de schiste octroyés sans aucune consultation, sources de forts risques environnementaux et sociaux, comme la contamination de l’eau, de l’air et des sols, ou encore la consommation excessive d’eau et d’énergie.
Selon les collectifs, la question de l’exploration et de l’exploitation des gaz et huiles de schistes ne se résume pas à une question de technique d’extraction. "La crise climatique ne nous permet tout simplement pas d’aller extraire ces ressources. Les émissions de gaz à effet de serre provenant de la production des hydrocarbures non conventionnels sont nettement supérieures à celles des ressources fossiles traditionnelles."
Et de rappeler "La baisse des réserves conventionnelles en gaz et en pétrole devrait inciter le Gouvernement à se tourner vers la sobriété énergétique et les énergies renouvelables. Lorgner du côté des ressources non conventionnelles ne fera au contraire qu’alimenter notre dépendance aux énergies fossiles, au mépris des engagements pris par la France sur la scène internationale et européenne ainsi qu’au plan national, à travers le Grenelle de l’environnement. Loin d’assurer notre indépendance énergétique, l’exploitation de ces ressources ne fera que retarder la nécessaire transition énergétique de la France."
Pour maintenir la pression sur les députés pour qu’ils adoptent un projet de loi visant à abroger les permis d’exploration de gaz et huiles de schistes déjà octroyés et à interdire la délivrance de tout nouveau permis d’exploration et d’exploitation, les collectifs et associations organisent un rassemblement "festif" suivi d’un happening « eau » en couleur. Des « feuilles d’eau » contre les gaz de schiste seront offertes aux députés au cours de cette manifestation.
Les collectifs citoyens restent mobilisés car selon eux, le rapport provisoire de mission d’étude du CGIET et du CGEDD remis à Madame la Ministre Nathalie Kosciusko Morizet constitue "un véritable plaidoyer pour les gaz et huiles de schiste, en affirmant notamment que la France doit continuer l’exploration, sous forme de « puits expérimentaux », afin de pouvoir envisager l’exploitation d’ici « deux ou trois ans », et ce malgré la proposition de loi actuelle."
En effet, ce document provisoire estime qu’il faudra « clarifier les obligations des opérateurs gaziers et pétroliers sur les incidences de leurs travaux sur les ressources en eau » sans exprimer aucune modalité, ni même aucune possible contrainte.
Pour l’instant, les citoyens n’ont aucune assurance que les permis accordés seront réellement retirés, d’autant que le rapport final n’a pas encore fourni ses conclusions définitives. Cette mobilisation a donc pour objectifs d’obtenir le retrait des permis d’exploration sans aucune compensation et l’interdiction ferme et définitive de l’exploration (y compris « expérimentale») et de l’exploitation des gaz et huiles de schiste, aussi bien en France qu’à l’étranger par les filiales d’entreprises françaises.
Signataires : Coordination nationale des collectifs anti gaz et huile de schiste, Le Collectif citoyen Ile-de-France Non aux gaz et pétroles de schiste, France Libertés, Les Amis de la Terre, Réseau Une seule planète, RAC (Réseau Action Climat), AITEC, ATTAC, Greenpeace.