Dans son discours sur l’Etat de l’Union, le président américain Barack Obama a salué le potentiel énorme qu’offrait le pays en terme de gaz naturel et singulièrement celui des gaz de schiste.
Le président a mis l’accent sur le succès de l’industrie du gaz de schiste. "Nous avons presque 100 ans de réserves de gaz naturel et mon administration va tout faire ce qui est possible pour développer cette énergie de façon sûre". Cela "créera des emplois et propulser des camions et des usines moins polluantes et à moindre coût, prouvant qu’on n’a pas besoin de choisir entre notre environnement et notre économie."
Concernant l’extraction controversée, il a fait écho aux recommandations émanant d’un comité consultatif qui se propose de légiférer sur 20 recommandations dont certaines, vont bien au-delà de ce qui le président américain a mentionné dans son discours.
Mais comme en France, cette source d’énergie reste sujette à vive polémique.
En faisant éclater les couches de roches à des centaines de mètres sous terre, le procédé de fracturation hydraulique a libéré tellement de minuscules bulles de méthane que le gaz de schiste représente aujourd’hui près de 30% de la production de gaz aux États-Unis. L’augmentation de l’offre a eu pour effet de faire baisser le prix du gaz domestique, au plus bas depuis 10 ans.
Les Etats-Unis ont augmenté leurs réserves et sont même devenus exportateur net de gaz pour la première fois en 2010. "L’industrie du gaz permettra de soutenir plus de 600.000 emplois d’ici la fin de la décennie", a également déclaré B. Obama.
Mais les préoccupations environnementales au sujet de cette technologie bien spécifique – la fracturation hydraulique – sont quasi-journalières dans les Etats concernés, dont les griefs concernent principalement la toxicité du procédé avec la pollution des nappes phréatiques, via l’utilisation d’additifs.
Pour cette raison, B. Obama a indiqué que les producteurs de gaz naturel seront tenus de divulguer la liste des produits chimiques qu’ils ajoutent à l’eau et au sable lorsque les gisements sont exploités sur le sol fédéral.
Le comité consultatif sur les gaz de schistes a appelé à une telle divulgation par les opérateurs sur l’ensemble des territoires du pays. Il a même recommandé que les données (puits par puits) soient affichées et mises à la disposition du grand public sur des sites internet.
"Le problème demeure que le président possède des compétences juridictionnelles sur les territoires fédéraux, tandis que les Etats réglementent l’activité sur des terrains privés, là où se trouvent la plupart des permis de gaz de schiste", a déclaré le géophysicien Mark Zoback de l’Université de Stanford.
Il ajoute : "l‘exception à la règle, nommée ‘Halliburton Loophole’ et adoptée par le Congrès fait que les opérateurs gaziers ne sont pas tenus de divulguer le nom des produits chimiques injectés dans les fluides de fracturation. C’est une véritable erreur, car il rend le public inutilement paranoïaque."
"Les additifs chimiques utilisés au cours de la fracturation hydraulique ne sont pas vraiment un problème grave", a affirmé M. Zoback lors d’un séminaire de l’énergie à l’Institut Précourt. Le problème est ailleurs : "une fois injectée dans le schiste, l’eau devient en capacité de récupérer naturellement du sélénium, de l’arsenic, du fer, beaucoup de sel et même des particules radioactives". Ainsi, lorsque l’eau reflue du puits, "elle doit être traitée de façon appropriée". En règle générale, "les compagnies réutilisent ou injectent cette eau dans des aquifères salins profonds".
"Dans l’ouest de la Pennsylvanie, les compagnies de gaz ont d’abord indiqué que le recyclage de l’eau utilisée pour la fracturation hydraulique ne pouvait être viable économiquement," a indiqué M. Zoback. "Mais parce qu’il n’existait pas vraiment de bons traitements d’élimination sans dangers, elles recyclent désormais 95% de l’eau, et cela ne semble pas être si compliqué (…) cependant, il reste encore beaucoup à découvrir sur cette technologie en pleine expansion" a t-il ajouté.
Le président Obama a cité le développement du gaz de schiste pour justifier les investissements fédéraux en matière de technologies "d’énergies propres". En effet, ces dernières ont été la cible d’attaques depuis la faillite de Solyndra, un fabricant de panneaux solaires qui avait reçu des garanties financières de l’Etat à hauteur de 500 millions dollars.
"Les Fonds publics pour la recherche au cours de ces 30 dernières années ont aidé à développer des technologies pour extraire tous ces gaz de schistes – nous rappelant que le soutien du gouvernement est essentiel pour aider les entreprises à découvrir de nouvelles idées sur les énergies" a aussi déclaré le président Obama dans son discours. "Les retombées suite à ces investissements publics ne sont pas immédiates. Certaines technologies ne marchent pas. Certaines entreprises échouent. Mais je ne vais pas pour autant délaisser la promesse d’une énergie propre".
"Bien régulés, les approvisionnements en gaz à un prix avantageux pourraient supplanter le charbon comme source principale d’électricité générée par les combustibles fossiles, ce qui serait un progrès dans la réduction de la menace du changement climatique," a affirmé M. Zoback. "Le gaz génére moitié moins de dioxyde de carbone par kilowatt-heure d’électricité produite à partir du charbon. Si les grandes compagnies pétrolières investissent massivement dans le développement du gaz naturel liquifié pour remplacer l’essence et le diesel dans les transports, cela pourrait améliorer la sécurité économique et nationale."
"Le combustible gaz est un pont vers un avenir décarbonisé, et non pas seulement un moyen de soutenir l’activité As Usual" a conclu M. Zoback.
Quand on connaît les conditions d’exploitation de ces fameux gaz de schiste et l’impact écologique de celles-ci, d’ici un siècle les Etats-unis ressembleront à un champ de bataille scalpé au nom de la course effrenée à l’énergie… Le gaz naturel, malgré toute la publicité qui l’entoure actuellement n’est pas une énergie renouvelable… Je trouve cette confiance en l’avenir désolante, 100 ans ce n’est qu’une goutte d’eau… Mais les intérêts économiques sont déjà engagés, allons-y gaiement!
Il semble quand même que les problèmes de pollution font l’objet d’un suivi. La divulgation des substances utilisées et le recyclage de l’eau vont dans le bon sens. Vue la campagne complètement déjantée contre le gaz de schiste, je serais curieux de lire un peu de documentation récente et rigoureuse sur l’exploitation. Je suis assez contre les opérations de buzz-satanisation présumées écolo et ignorant complètement l’aspect économique. Et si le gaz de schiste devenait acceptable après des erreurs de jeunesse ?comment pourrait-on le savoir puisque les buzzmen l’ont classé X jusqu’à la fin des temps. Si Mr Obama en dit tant de bien , c’est qu’il doit y avoir quelques bons cotés, qu’un Jr Ewing s’en mette plein les poches au passage n’est pas une raison suffisante pour jouer la vierge effarouchée. Toutes les techniques évoluent, gaz de schiste comme les autres, le seul moyen de savoir si l’exploitation est acceptable ou non est d’aller voir sur place. Mais si quelqu’un le faisait, on le traiterait de vendu et ce serait peut-être vrai , mais ausi peut-être faux…. Vous avez vu le coût environnemental et les emplois perdus dans notre frénésie énergétique ? On doit pouvoir faire mieux que ça… Toutes les pistes doivent être évaluées sur le long terme et comparées à ce qui se fait ici et non pas à une image d’épinal du papi qui se chauffe avec le bois de sa vigne..
Non non non, on ne discute même pas du sujet, c’est idéologique. On ne cherche, surtout pas, des solutions aux, vrais problèmes de pollutions soulevés par les modes de forage actuels. (et imaginez, en plus que ce soit une société française qui trouve une/la solution …) On préfère dormir sur un tas d’or (noir), laisser des centaines de milliers de personne en précarité énergétique, et attendre que Notre Seigneur Eole, en fait un sous-fifre de Dieu Phébus, veuille bien agiter les ailes des ventilateurs géants. Mais puisqu’on vous dit qu’on raison et qu’on est les meilleurs, alors….
Les compagnies ont déjà obligation de fournir aux autorités la liste des substances utilisées. D’après l’IFP ce sont des substances communes, que l’on trouve en supermarché.
Perso, j’évite le Destop dans mon café et le polish de voiture sur mes tartines.
On peut les classer en 3 grandes catégories : les biocides qui réduisent la prolifération bactérienne dans le fluide mais aussi dans le puits (NdT: comme le chlore que l’on trouve dans l’eau du robinet avec laquelle on rince nos légumes bios); les produits qui favorisent la pénétration du sable dans les fractures; les produits qui augmentent la productivité des puits. Ces produits fortement dilués sont couramment utilisés dans la vie courante, notamment dans les détergents, les cosmétiques ou les désinfectants. Source IFP
sur le principe, ce n’est pas parce qu’Obama affirme aujourd’hui quelque chose qu’hier il ne pensait pas autrement, vive la realpolitik. Clemenceau disait: » quand on est dépassé par les évènements, feignons d’en être l’instigateur ». Comme ça il peut s’approprier les créations d’emploi pour les mettre dans son bilan avant la présidentielle ( dans 9 mois ) Tout en rassurant sur la disponibilité d’énergie (y compris comme carburant de véhicules), il encourage ainsi la dynamique actuelle de reprise aux US. Rien ne l’emprecherait après lélection de compliquer l’exploitatin
de se priver d’effectuer un bilan des réserves de ce gaz dans notre pays ; il faudra pourtant le faire un jour ou l’autre . Pourquoi attendre ? Autant pour une exploitation sans retour d’expérience existant je comprends qu’on soit prudent ,mais pour une simple exploration ,je ne comprends plus ! La politique peut-etre ?
Pour maxxxx. « Perso, j’évite le Destop dans mon café et le polish de voiture sur mes tartines. » Sage précaution en effet. Pour ma part, j’évite de sucrer mon café avec du plutonium, même si je sais que l’on peut marcher dessus comme le dit Sylvestre Huet : Je reprends la photo de l’ENFER : Beaucoup de chose ne sont pas inoffensives, il faut savoir les maîtriser. Mais si on a envie de diaboliser, alors il faut absolument occulter l’aspect « dose » et « maîtrise » pour obtenir l’effet médiatique maximal chez les ignorants.
Pour Lionel et les autres, Je vous conseille les excellents articles de l’European Energy Review. Cette semaine encore les gaz de schistes y sont au premier rang. Il faut s’inscrire pour y avoir accès mais c’est gratuit et la qualité est au rendez-vous. Il y en particulier cette interview avcc un spécialiste du secteur. ‘Unconventionals are easy to find but hard to get’ : On y lit que les gisements sont certes abondants mais diffus (ça rappelle les énergies renouvelabes) et nécessitent de nombreux puits de forage (qui disparaissent dès que l’exploitation est terminée car bougés d’un forage à l’autre). Les forages se font bien en-dessous des réserves en eau et le risque de contamination est faible. Et l’eau est recyclable sans grand effort : il faut que l’exploitant assure le processus. L’impact environnemental est faible mais techniquement c’est une autre histoire. Et là l’innovation peut apporter de grandes choses. Evidemment si on refuse catégoriquement l’expérimentation (NKM parle d’interdire les techniques américaines ?!) alors on n’exploitera pas la ressource… avant que dans une période de pénurie on décide de le faire et qu’on aille devoir chercher la technologie à l’étranger alors que l’on a les compétences en France !
Merci pour ce nouveau journal en ligne après World Nuclear News. Quelques remarques sur le discour de l’ingénieur batave. En France, on a pas le tissu industriel américain. Notre industrie gazière n’existe plus depuis la fin de Lacq. Cela va jouer pour la rentabilité économique sans parler de normes environementale plus strictes. Nous n’avons pas la densité de population des Pays Bas, surtout dans le sud-ouest. Le risque de pollution est le même que pour la production conventionnelle mais par puit. Et il faut forrer beaucoup plus de puits pour les gaz de schiste. Un autre article moins technique nous explique que le GNL US arrive chez nous (principalement France et Italie à priori) et pousse Gazprom à faire des rabais 🙂
Dans pas longtemps on pourra aussi parler de la Chine, je crois qu’ils ont pas mal de réserves de gaz non-conventionnel et pas mal de projets en conséquence. Par ailleurs je les sens encore moins regardant que les Etats-Unis sur les techniques d’extraction…
Sont contre tout, le nucléaire, les gaz de schistes, les éoliennes, les panneaux solaire, etc… 🙂 Mais blague à part, comme pour l’uranium il me semble plus juste de ne pas délocaliser risques et pollutions qu’induisent notre mode de vie. Faisons chez nous l’extraction de l’uranium et du gaz, ça créé de l’indépendance énergétique, de l’emploi, et a responsabilise les consommateurs qui voient concretement ce que cela représente…
Vous avez raison dormons en paix les pétroliers veillent sur nous. Et OBAMA a certainement fait des études de toxicologie il sait certainement de quoi il parle. Croyons au miracle. A tous les défenseurs de gaz de schistes, si vous êtes si sûr de vous et que vous avez la conscience tranquille, appretez vous dans 10 ans à plaider au tribunal contre des immenses class-action pour empoisonnement. C’est juste ce qui vous pend au nez. Il faut tout assumer!
Au moins, tant que les gaz de schistes francais ne sont pas exploités, ils restent disponibles pour le générations (de francais) futures, qui en auront certainement bien besoin!
Explorer avec l’accord de la population locale, il semblerait que la population locale soit déjà hostile même à l’exploration (et je ne dis pas ça que pour José Bové et le Larzac), ceci dit ce serait intéressant de les sonder et de leur poser ouvertement la question… En France, les géologues estiment à 20 ans de réserves de gaz de schiste dans le sous-sol français, c’est un potentiel à ne pas négliger mais l’extraction par fracturation c’est quand même assez dramatique sur la pollution des sols et suffisamment disuasif pour attendre que d’autres techniques voient le jour. Au passage ce serait une filière de recherche intéressante les techniques d’extraction du gaz de schiste, tout particulièrement pour la France.
Je trouve que les anti-tout ont été bien peu courageux de l’autre côté du Rhin vis à vis de l’exploitation du lignite. On se demande même jusqu’à quel point il n’y a pas eu collusion d’intérêt entre les verts et les noirs (industrie du charbon-lignite). Je trouve que les actions des anti-tout manque singulièrement d’envergure lorsqu’il s’agit de dénoncer les projets de nouvelles centrales à charbon-lignite en Allemagne. Remarquez, ils s’y mettront peut être dès que le nucléaire sera éradiqué d’Europe, c’est à dire peut être en 2050 ou un peu après ! Je les appellerai des « anti-tout sauf… »
Voilà ce qu’on pouvait lire ce matin dans les pages du Devoir de Montréal, je cite : « Les émissions de gaz de schiste sont deux fois plus importantes que ce que rapporte cette industrie au point d’équivaloir à celles du charbon, le pire combustible fossile pour le climat planétaire, révèle une étude conjointe de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis et de l’Université de Boulder au Colorado». Alors, c’est bien dommage pour l’industrie pétrolière, mais elle va devoir étayer un peu plus la propagande qu’elle fait publier sur le site d’Enerzine. Voici la référence : .
sait-on suffisamment, qu’au niveau sanitaire, pour un seuil de mortalité « scinetiiquement prouvé » de 1000, et des conséquences sanitaires pour un % « significatif » de la population (quelques %), le seuil est à 100, alors la « norme » sera plutôt établi, précaution exige à 10. Autrement dit un seuil de polluant, quel qu’il soit, « supérieur de 5 fois à la norme », c’est beaucoup, mais ça reste dans les limites du « raisonnable d’un point de vue sanitaire » ! Bien sûr pour aller plus loin dans le PP, mieux vaut ne opas dépasser la norme (sanitaire) de 10 ! Tout ça pour dire que susciter peur et angoisse (encore et toujours plus) pour des « dépassements de norme « , sans expliquer le pourquoi et le comment, est non seulement malhonête mais malsain et pervers. En gros, on met l’accent sur la radioactivité au coeur du réacteur de Fukushima (tu m’étonnes, elle doit dépasser allègrement -claude- le « 1000 » …), et dans différents périmètres de X km « autour de » (mais ils doivent souvent dépasser les « 100 »), voire, ouh fait moi peur, en France où elle est largement inférieure au « 10 » (mais on s’en serait quand même bien passé).
Les USA consomment 24 trillions de pieds cubiques de gaz naturel soit 550 millions de TEP. Ils produisent 5 trillions de pieds cubiques de gaz de schistes ou 115 millions de TEP. Avec la biomasse, les USA pourraient obtenir 300 millions de TEP.