L’onde de choc provoquée par l’accident de Fukushima s’est propagée au monde entier. L’agence internationale de l’énergie envisage une réduction de moitié des programmes nucléaires de nouvelle génération.
L’Allemagne a annoncé l’arrêt du recours à cette énergie d’ici à 2022 au plus tard.
Partout dans le monde, les pays utilisateurs de l’atome civil se lancent dans une évaluation générale de la fiabilité et de la sécurité de leurs centrales, sachant que 36 % d’entre elles touchent à leur limite d’âge théorique – soit trois à quatre décennies d’exploitation… Les batteries de tests déployées vont déboucher sur de nouveaux standards de sécurité. Si l’accident de Fukushima remet en question la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, il rappelle aussi et surtout le besoin impérieux de moderniser les parcs existants et de revitaliser la filière
Une impérieuse modernisation…
Le nucléaire est une industrie de pointe, qui durant des décennies a été gérée de façon artisanale. Chaque centrale constitue en effet un projet réalisé en vase clos, avec un montage financier et industriel sur mesure et une cascade de sous-traitants de niveau un, deux ou trois. Résultat, vingt ou trente ans après la construction, le savoir-faire s’est dilué (la dernière ouverture d’une centrale en France remonte en 1999). Entretemps, nombre de sous-traitants prépondérants a disparu. Or, l’activité nucléaire a beau être rentable, elle ne constitue qu’une part marginale du chiffre d’affaires des PME et PMI appelées à travailler sur la maintenance en condition opérationnelle des centrales. Cette question de la filière technique est cruciale car d’ici 2021, pas moins de 160 centrales nucléaires auront atteint leur limite d’âge à travers le monde et nécessiteront soit un démantèlement, soit une modernisation. EDF envisage ainsi de prolonger de vingt ans l’exploitation de ses centrales en investissant jusqu’à 600 millions d’euros par réacteur.
Confrontée à un manque de ressources
Qu’il s’agisse de modernisation ou de construction, les programmes nucléaires impliquent de recourir à des centaines de milliers de composants, de produire une masse de documents techniques, de faire intervenir une grande quantité et diversité de prestataires sur les chantiers. Le moindre arrêt de la production pour de la maintenance ou des réparations entraine un important manque à gagner. À l’instar de ce qui se passe actuellement en Suède, les compagnies d’électricité vont sans doute effectuer leurs opérations de modernisation sans interruption de la production, ce qui rendra les opérations encore plus complexes. La question est sensible pour les gouvernements, car la mise à niveau simultanée de plusieurs centrales fait peser un risque sur la capacité globale du réseau électrique à satisfaire la demande d’énergie. D’autant que nombre de fournisseurs ne disposent plus des capacités ni des compétences techniques nécessaires à la modernisation des centrales, et que certaines pièces ne sont plus fabriquées. Conséquence : face à la forte demande mondiale, il existe une pénurie d’ingénieurs, de techniciens, d’équipements et de composants…
Les opérateurs de centrales nucléaires devront évaluer l’impact des nouvelles normes de sécurité sur leurs centrales existantes. Ils devront également réviser leurs objectifs et ajuster leur programme de modernisation en tenant compte du peu de ressources humaines et techniques disponibles. Les fournisseurs d’équipement et les prestataires de services devront développer des modèles opératoires standardisés afin de garantir les délais et les budgets des plans de modernisation. Il est de leur intérêt de collaborer avec les autorités de régulation sur les nouveaux standards de sécurité, de façon à s’y conformer sans engendrer de surcoûts ni allonger inutilement les délais. De même, un rapprochement est nécessaire entre opérateurs et sous-traitants, en vue de bien répartir les contributions de chaque acteur et de définir des modèles contractuels qui contribuent à la bonne réalisation des projets.
Les fournisseurs d’équipement et les prestataires de services devront développer des modèles opératoires standardisés afin de garantir les délais et les budgets des plans de modernisation. Il est de leur intérêt de collaborer avec les autorités de régulation sur les nouveaux standards de sécurité, de façon à s’y conformer sans engendrer de surcoûts ni allonger inutilement les délais. De même, un rapprochement est nécessaire entre opérateurs et sous-traitants, en vue de bien répartir les contributions de chaque acteur et de définir des modèles contractuels qui contribuent à la bonne réalisation des projets.
Enfin, les pouvoirs publics doivent faire de la réorganisation de la filière nucléaire une priorité, aussi bien concernant les producteurs, les équipementiers, les sous-traitants techniques que les sociétés d’ingénierie. Cela peut passer par des opérations de fusions / acquisitions, afin de fournir à l’ensemble de la filière des moyens capitalistiques à la hauteur des enjeux.
À court et moyen terme, l’énergie nucléaire continuera de jouer un rôle de premier plan dans la fourniture d’une électricité abordable et peu génératrice de gaz à effet de serre. Pour sécuriser la filière et renforcer sa fiabilité, tous les intervenants doivent s’engager, à leur niveau, dans ce long et impératif effort de modernisation. Il en va de la sécurité publique des pays à travers le monde, qu’ils soient ou non producteurs d’énergie nucléaire.
Qui est l’auteur de cet article? « À court et moyen terme, l’énergie nucléaire continuera de jouer un rôle de premier plan dans la fourniture d’une électricité abordable et peu génératrice de gaz à effet de serre. » « De premier plan » ? L’énergie nucléaire représente seulement 17% de l’électricité et 2% de l’énergie consommée dans le monde ! « Abordable »? A 2.7 € / kWh (tous coûts inclus, Cf. la 4e révolution), c’est 10 fois plus cher que le photovoltaïque, 40 fois plus cher que l’éolien.
le commentaire précédent est énorme ils sont marrants ces écolos
Pourriez-vous nous expliquer posément avec une calculette comment un système nucléaire électrogène peut engendrer un coût de 2,7 Euros par kWh. Je vous propose de prendre le système français de 58 réacteurs (63 GW installés) produisant au minimum 16 000 TWh (16 000 milliards de kWh) en 40 ans au bout desquels il est démantelé. l’hypothèse serait évidemment que ce système coûterait 16 000 000 000 000 x 2,7 = 43 200 milliards d’Euros. Bon courage, sachant que les évaluations donnent aux environs de 500 milliards d’Euros. Si le surcoût est engendré par l’aval et notamment par le démantèlement et les déchets il resterait donc 43 200 – 500 = 42 700 milliards d’Euros pour démanteler ! Bon, ça c’est le système ancien en grande partie payé, voyons ce que cela donne avec des EPR tout neufs. 63 GW = 63 / 1,6 = 39 EPR A 6 milliards pièce, on a 234 milliards d’Euros qui produisent environ 470 TWh / an pendant 60 ans donc au total 28 200 TWh. Si le kWh vaut 2,7 euros (2 700 Euros le MWh), le système coûterait 2,7 x 28 200 000 000 000 = 76 140 milliards d’Euros. Je veux bien faire un effort sur les 234 milliards en incluant le fonctionnement, le combustible, la jouvence et tabler sur 1 000 milliards d’euros. Je vous laisse faire le reste du chemin pour atteindre 76 000 milliards car cela reste inabordable pour moi !
« L’énergie nucléaire représente seulement (…) 2% de l’énergie consommée dans le monde. » Que signifie ce chiffre ressorti en permanence par les anti-nucléaires ? Est-ce un argument vibrant en faveur du fuel ? ;D Et pour la « publi-information », pourquoi dites vous ça ? Parce qu’il s’agit du nucléaire ? Un article sur une nouvelle technologie de centrale allemande au gaz vous semblerait plus authentique ? Néanmoins vous posez une question intéressante sur les sources de ces articles et leur auteur : Enerzine, pouvez vous indiquer l’auteur de ces articles ne serait-ce que par des pseudos ? Cela nous permettrait de distinguer les auteurs et leurs positionnements certainement variés au sein de votre rédaction.
Petit problème technique. La source est notifiée à la fin de l’article. Cdlt.
En fait le nucléaire produit 13% de l’électricité mondiale. On estime que l’électricité représente environ 15% de l’énergie finale consommée dans le monde. (et encore je ne sais pas si on compte les énergies qui ne font pas l’objet d’une transaction commerciale comme le bois autoconsommé qui représente une très grande part de l’énergie consommée dans les pays du sud) 13% x 15% = 1,95%
Ca fait 5 à 6% à cause du rendement…
alors que celui des renouvelables a tendance à baisser Infos complémentaires rapidement : « La Suisse a jugé que l’énergie nucléaire allait perdre ses avantages concurrentiels sur le long terme par rapport aux énergies renouvelables ». C’est ainsi que le gouvernement fédéral a justifié, le 25 mai 2011, sa décision d’arrêter le programme nucléaire du pays. La Suisse vient donc ainsi de s’engager également dans la voie de l’abandon du nucléaire d’ici à 2034, (comme l’Allemagne, l’Italie etc.) « La catastrophe japonaise du 11 mars, dont l’ampleur des dégâts est encore manifestement sous-estimée par l’opérateur japonais Tepco a jeté une lumière crue sur les coûts réels de l’électricité produite par l’énergie nucléaire dont la compétitivité est remise en cause. Cette fois, ce ne sont plus seulement les écologistes qui l’affirment depuis longtemps tout comme les financiers, mais également les industriels de la filière nucléaire eux-mêmes dont beaucoup l’admettent et le confirment » Aux États-Unis, le débat sur l’intérêt économique du nucléaire est clairement lancé. Thomas O’Malley, le pdg d’Energy Group, l’un des principaux opérateurs d’électricité américain, a estimé que l’industrie nucléaire « était grillée » car devenue trop chère, pour expliquer sa décision de renoncer à un important projet de centrale nucléaire. Dans un volumineux rapport de plus de 1000 pages (SRREN – Special Report on Renewable Energy Sources and Climate Change Mitigation) publié le 09 mai 2011, synthétisant 164 scénarios retranscrits par 123 rédacteurs de quelques centaines d’experts se basant sur des milliers d’études et d’articles parus dans des revues scientifiques à comité de lecture, le Giec (Groupe intergouvernemental d’experts de l’ONU sur l’évolution du climat) ne rapporte pas un autre constat, estimant qu’il serait «plus probable d’assister d’ici à 2050 à une vraie montée en puissance des énergies renouvelables qu’à un scénario qui privilégierait le nucléaire.» L’allemand Siemens, qui avait rompu son alliance avec Areva il y a deux ans pour nouer un accord pourtant très ambitieux avec le russe Rosatom, a annoncé son intention de délaisser la filière nucléaire au profit des énergies renouvelables. Le patron du groupe allemand avait été en outre l’un des rares à ne pas signer l’an dernier une lettre ouverte du patronat allemand en faveur de l’énergie nucléaire, ce qui pouvait laisser entendre que ce n’était plus là un axe prioritaire pour la société. Toutes les études concordent sur ce point, « le coût d’investissement et/ou de production de l’énergie nucléaire ne cesse d’augmenter avec le temps. C’est même l’une des caractéristiques de l’industrie nucléaire que l’on retrouve nulle part ailleurs : tous les bénéfices de la courbe d’expérience sont neutralisés par la complexification croissante des projets. Le chercheur Arnulf Grubler démontre ainsi, sur l’exemple français, une évolution quasiment linéaire des coûts au kilowatt depuis 1977. » Entre 1977 et 1998, les coûts d’investissement ont été ainsi multipliés par 2,6. Celui de la centrale de Flamanville qui utilise les nouveaux réacteurs EPR (3.500 euros/kW) confirme cette progression linéaire des coûts. Conclusion du chercheur : « L’augmentation des coûts est intrinsèque à ce type de technologie qui se caractérise par une complexité croissante très difficilement gérable et qui vient contrarier les effets a priori positifs de la standardisation et de l’effet d’échelle. » Et ce sans intégrer l’ensemble des frais de cette filière qui sont nombreux et parfois très supérieurs à ce qui pouvait être initialement évalué. Le professeur d’économie François Lévêque, dans une étude publiée sur le site Energypolicyblog.com, démontre également que les évaluations de coûts progressent au fur et à mesure de la date à laquelle elles sont réalisées. Il est en effet difficile d’imaginer que les coûts décroîtront du fait des nouvelles exigences de sécurité imposées par les États mais également par les assureurs, les agences de notation et les financiers. Chacun réclame en effet de plus en plus de garanties : le préjudice estimé de Fukushima s’élève à plus de 100 milliards de dollars, une facture qui sera très largement supportée par le consommateur japonais. Dans cette trajectoire, les énergies renouvelables gagneront entre autres mécaniquement d’autant plus en compétitivité. Reste toutefois un problème : l’énergie renouvelable s’accompagne inévitablement d’économies d’énergie, ce qui fait certes l’affaire du public… mais pas celle des électriciens ! En Allemagne, selon les travaux de l’Institut Fraunhofer entre autres, où travaillent plus de 2000 chercheurs dans le domaines des énergies renouvelables, « le chantier des Enr va dans un premier temps engendrer des surcoûts. Ceux-ci atteindront leur maximum vers 2015 avec une somme d’environ 17 milliards d’euros. Cela correspond toutefois seulement à 8% des dépenses globales pour l’énergie. Les coûts vont par la suite retomber. Dans la période de 2010 à 2050, considérant seulement les coûts dans les secteurs de l’électricité et du chauffage, 730 milliards d’euros peuvent être économisés » explique le Prof. Jürgen Schmid, directeur de l’Institut Fraunhofer pour l’énergie éolienne de Kassel. L’investissement dans le développement des énergies renouvelables aura inévitablement une répercussion sur le prix de l’électricité. Celui-ci devrait augmenter dans un premier temps de 11,5 ct/kWh aujourd’hui jusqu’à 13,1 ct/kWh en 2015, pour ensuite descendre continuellement jusqu’à 7,6 ct/kWh en 2030 puis 6,3 ct/kWh à l’horizon 2050. Cela impliquerait, selon ces estimations, que le courant provenant de sources renouvelables deviendrait économiquement plus rentable que les sources fossiles dès 2025 (pour un scénario visant les 100% renouvelables ou proche d’ici 2050). L’autre retombée économique de la transition énergétique se fera ressentir au niveau de la création d’emplois. Les chercheurs prévoient qu’en 2020 près de 2,8 millions de travailleurs seront concernés par les énergies nouvelles dans l’Union européenne, soit une augmentation nette de 400.000 emplois pour l’économie de l’Union européenne. L’Allemagne serait elle-même largement concernée par ces résultats, car d’après une étude du ministère pour l’environnement, la protection de la nature et de la sécurité nucléaire (BMU), 200.000 emplois supplémentaires seraient créés au niveau de l’Etat fédéral.
Je cite Chelya : « Le prix de l’électricité nucléaire actuelle se situe entre 16 $c/kWh (argent venant en totalité des impots : ce qui n’est plus possible à cause de l’endettement des états qui n’existait pas au moment du programme nucléaire précédent) à 34 $c/kWh (argent du secteur privé)… » Un kWh nucléaire à 16 cents de dollars, ça équivaut à 12 centimes d’Euros. Cela fait donc un MWh à 120 Euros ou encore un TWh à 120 millions d’Euros. Donc je reprends mon raisonnement inversé pour le système français : 16 000 TWh produits à 120 M€ = 1 920 Milliards d’Euros. Je vous demande donc de me dire où vous trouvez ces presque 2 000 G€, là où je n’en trouve que le quart. De plus vous savez très bien que c’est un mensonge de dire que le système français a été financé par le contribuable là où on sait qu’il a été financé par l’emprunt dont le remboursement a été intégré dans les charges composant le prix du kWh facturé au consommateur. De toute façon, GDF et autres experts estiment que le MWh nucléaire historique ne vaut pas plus de 35 Euros. Ce sont donc des menteurs. Et s’il est démontré que le privé est plus cher que le public à prestation égale, ma conclusion est simple il faut faire du public !