L’innovation médicale franchit une nouvelle étape avec le développement d’une soie artificielle aux propriétés curatives remarquables. Des scientifiques ont mis au point un matériau inspiré des toiles d’araignées qui pourrait transformer radicalement le traitement des blessures.
Une équipe de chercheurs a conçu une version synthétique de la soie d’araignée, constituée de protéines, capable de favoriser la cicatrisation. Cette innovation, présentée dans la revue ACS Nano, se distingue par ses caractéristiques impressionnantes.
La soie d’araignée naturelle est réputée pour sa résistance extraordinaire, surpassant même l’acier à taille égale. La production à grande échelle de cette matière s’avère néanmoins complexe en raison du comportement territorial et cannibale des arachnides. Les scientifiques ont donc exploré des alternatives artificielles.
Une méthode de production novatrice
L’équipe dirigée par Bingbing Gao a élaboré une approche inédite. Les chercheurs ont modifié la séquence protéique naturelle pour créer une soie d’araignée artificielle aisément filable et stable, produite par des microbes.
Des peptides supplémentaires ont été incorporés, suivant un modèle inspiré des polypeptides amyloïdes. Cette modification a permis aux protéines de soie artificielle d’adopter une structure ordonnée lors du repliement, tout en évitant leur agglomération en solution, augmentant ainsi leur rendement.
La fabrication de cette soie artificielle s’apparente au travail d’une araignée géante artificielle tissant sa toile. Les scientifiques ont utilisé un réseau de minuscules aiguilles creuses fixées à la buse d’une imprimante 3D pour transformer la solution protéique en fins filaments dans l’air, avant de les assembler en une fibre plus épaisse.
Un potentiel médical considérable
Les fibres de soie artificielle ont été tissées pour créer des prototypes de pansements. Ces derniers ont été appliqués sur des souris atteintes d’arthrose et de plaies chroniques liées au diabète.
Les résultats obtenus se sont révélés particulièrement encourageants. Les pansements, auxquels des traitements médicamenteux ont été facilement ajoutés, ont démontré une efficacité supérieure aux bandages traditionnels pour la cicatrisation des plaies.
Comme l’a souligné l’équipe de recherche : «Après deux semaines de traitement, les souris souffrant d’arthrose ont présenté une diminution de l’inflammation et une réparation de la structure tissulaire. Quant aux souris diabétiques présentant des lésions cutanées, elles ont montré une cicatrisation significative après 16 jours de traitement.»
Les nouveaux pansements en soie artificielle présentent l’avantage d’être à la fois biocompatibles et biodégradables. Les scientifiques estiment que cette innovation ouvre de nouvelles possibilités pour les applications médicales futures.
Cette recherche illustre comment l’inspiration puisée dans la nature, associée à des techniques de pointe en ingénierie génétique et en fabrication, peut engendrer des solutions innovantes dans le domaine médical. La soie d’araignée artificielle pourrait ainsi devenir un outil précieux pour le traitement des blessures et la régénération tissulaire.
Légende illustration : Les scientifiques créent de la soie d’araignée artificielle en tirant des fils à partir d’un réseau de minuscules aiguilles creuses, comme le montre cette photo, à l’instar de ce que font les arachnides. Credit: Adapted from ACS Nano 2024, DOI: 10.1021/acsnano.4c08557
Article : »Overexpressed Artificial Spidroin Based Microneedle Spinneret for 3D Air Spinning of Hybrid Spider Silk » – DOI: 10.1021/acsnano.4c08557