Les énergies renouvelables marines suscitent un intérêt croissant dans la lutte contre le changement climatique. Une étude novatrice examine l’influence des champs électromagnétiques générés par les parcs éoliens offshore sur le développement des requins, apportant des éclairages cruciaux pour l’avenir de cette technologie.
Les parcs éoliens en mer représentent l’une des sources d’énergie marine renouvelable les plus répandues. Leur rôle est considéré comme essentiel dans la transition énergétique mondiale, visant à réduire la dépendance aux combustibles fossiles responsables du changement climatique. Leur multiplication dans les environnements marins soulève toutefois de nouvelles interrogations quant à leurs effets sur la faune sauvage.
Les opérateurs énergétiques et les chercheurs collaborent activement pour comprendre les conséquences de ces technologies de plus en plus présentes.
Le Dr Julie Lucas, chercheuse associée au Muséum national d’Histoire naturelle de France, précise : «Les parcs éoliens peuvent induire du bruit, des vibrations, des interruptions de la continuité écologique et générer des champs électromagnétiques au niveau des câbles électriques sous-marins. Ils peuvent affecter le comportement des espèces électro-sensibles qui utilisent les champs électromagnétiques naturels pour se déplacer et se nourrir, comme les requins.»
Les parcs éoliens offshore dépendent de câbles électriques sous-marins (CES) utilisant soit du courant alternatif (CA), soit du courant continu (CC), selon leur fonction, leur puissance et leur longueur. Le Dr Lucas indique : «Actuellement, les parcs éoliens situés à moins de 50 km des côtes utilisent du courant alternatif, tandis que les futurs parcs éoliens plus puissants, prévus à plus de 50 km, utiliseront du courant continu.»
Les courants CA et CC produisent de forts champs magnétiques dans l’eau environnante. Le Dr Lucas ajoute : «Ces champs magnétiques peuvent affecter le comportement des espèces électro- et magnéto-sensibles telles que les élasmobranches, qui utilisent les champs électromagnétiques naturels pour se déplacer et se nourrir. L’augmentation du nombre de parcs éoliens offshore est susceptible d’amplifier ces effets, alors que les informations existantes sur leur impact sur les communautés marines restent parcellaires.»

L’étude menée par le Dr Lucas vise à identifier les effets des champs magnétiques causés par les courants CA et CC sur la survie, le développement et le comportement des requins et autres élasmobranches électro-sensibles.
«Les résultats nous permettront de comprendre comment les élasmobranches réagissent aux champs électromagnétiques», explique-t-elle.
L’équipe de recherche a étudié deux stades de vie clés de la petite roussette (Scyliorhinus canicular) : l’embryon et le juvénile. Ces spécimens ont été soumis à des conditions de contrôle ou à des conditions simulant l’impact d’un parc éolien, utilisant des courants CA ou CC. Les chercheurs ont enregistré quotidiennement la survie, le développement hebdomadaire, la croissance et le taux métabolique par respirométrie pour les deux stades de vie.
La chercheuse rapporte : «Heureusement, les résultats préliminaires suggèrent que l’impact des champs électromagnétiques alternatifs semble être limité sur les facteurs que nous avons mesurés.» Néanmoins, l’analyse complète des résultats est toujours en cours, et les effets du courant continu seront étudiés plus tard dans l’année.
«Les résultats de ce projet permettront de comprendre plus précisément comment les requins réagissent aux champs électromagnétiques en fonction de leur intensité et du type de courant», explique encore la scientifique. «Ils amélioreront également nos connaissances sur les impacts des énergies marines renouvelables sur les espèces marines.»
Le Dr Lucas espère que cette recherche pourra contribuer à l’élaboration de politiques visant à protéger les espèces marines et à déterminer quelles améliorations peuvent être apportées aux CES pour continuer à limiter leur impact. Elle conclut : «Ce projet fournira des informations essentielles aux gestionnaires et aux décideurs pour relever les défis du développement des énergies marines renouvelables sans nuire à la biodiversité marine.»
Les résultats de cette étude s’avèrent vitaux pour l’avenir des énergies renouvelables marines. Ils permettront d’orienter le développement de cette technologie de manière à minimiser son impact sur l’écosystème marin.