L’essor des installations solaires au sol à grande échelle suscite un débat croissant sur leurs interactions avec l’environnement naturel. Si ces infrastructures jouent un rôle clé dans la transition énergétique, leur impact sur la biodiversité reste une question complexe et peu explorée. Une récente étude menée par un chercheur allemand apporte des éléments de réponse inédits, tout en soulignant des pistes pour concilier production d’énergie et préservation écologique.
Les parcs solaires terrestres, bien que récents, ont rapidement attiré l’attention des scientifiques curieux de comprendre leurs effets sur la faune et la flore environnantes. Le Dr Markus Zaplata, technicien de recherche à l’Université des Sciences Appliquées d’Anhalt en Allemagne, s’est penché sur cette problématique depuis 2021. Sa démarche repose sur une observation fondamentale : ces infrastructures peuvent accueillir une diversité biologique souvent sous-estimée. Il a ainsi découvert que certaines plantes, invertébrés et oiseaux trouvent refuge dans ces espaces spécifiques.
Une conclusion majeure de ses travaux publiés dans le journal en accès libre « One Ecosystem » est qu’une dynamique appelée succession végétale s’opère également sous les panneaux solaires. Ce processus désigne une évolution progressive où des espèces herbacées ou graminées cèdent progressivement la place à des plantes ligneuses plus compétitives. Ainsi, si elles ne sont pas gérées correctement, risquent d’entraver le fonctionnement des installations solaires. « La réalité est que les structures souterraines ligneuses continuent de croître après la tonte, et peuvent à terme interférer massivement avec les équipements », a-t-il expliqué.
Gestion durable : des alternatives aux pratiques actuelles
La tonte régulière des herbes et des plantes ligneuses constitue une méthode courante mais coûteuse et laborieuse. Selon le Dr Zaplata, qui pratique lui-même cette activité dans le cadre de son projet de recherche, des solutions alternatives doivent être envisagées. Parmi celles-ci figurent des méthodes constructives innovantes ainsi que le pâturage contrôlé. « Faire paître du bétail pourrait offrir une option plus durable », a-t-il affirmé, ajoutant que cette approche permettrait de lier des métiers anciens et nouveaux, comme ceux d’éleveur et de gestionnaire de parc solaire.
Des techniques intégrant les connaissances issues de la recherche sur la succession végétale ont été proposées. Elles visent non seulement à préserver la biodiversité locale mais aussi à optimiser l’utilisation des terres. En adoptant une vision holistique, il devient possible d’améliorer la coexistence entre les infrastructures humaines et les écosystèmes naturels. L’étude insiste sur l’importance de consulter des experts capables de prédire avec précision les dynamiques végétales futures.

Conseils pour les décideurs et gestionnaires
Le chercheur conclut son article par une recommandation ferme qui met en lumière un aspect souvent négligé dans la planification des infrastructures énergétiques : « Il est désormais indispensable de consulter des spécialistes possédant une connaissance approfondie des processus végétaux dynamiques lors de toute transformation technique des unités paysagères, y compris les parcs solaires. »
Les décideurs doivent prendre en compte les implications à long terme des choix techniques réalisés aujourd’hui. En impliquant davantage d’acteurs issus de disciplines variées, notamment l’écologie et l’agriculture, une meilleure intégration des parcs solaires dans leur environnement peut être atteinte. Des collaborations interdisciplinaires seront sans doute encouragées pour maximiser les bénéfices tant écologiques qu’économiques de ces installations.
Vers une harmonisation des objectifs écologiques et énergétiques
L’étude réalisée par le Dr Zaplata montre que les infrastructures solaires ne doivent pas nécessairement représenter une menace pour la biodiversité. Au contraire, elles peuvent devenir des refuges pour diverses espèces si elles sont gérées de manière appropriée. Une attention particulière doit être portée à la sélection des matériaux utilisés, aux techniques de construction et aux pratiques agricoles associées. Un équilibre doit être trouvé entre les besoins énergétiques de l’humanité et la protection des écosystèmes locaux.
Enfin, il convient de souligner que ce travail enrichit le corpus scientifique existant tout en posant les bases pour de futures recherches. Les résultats obtenus témoignent de la capacité des parcs solaires à jouer un rôle multifonctionnel, alliant production d’énergie propre et conservation de la biodiversité. Ce double objectif pourrait inspirer d’autres initiatives similaires à travers le monde.
Légende illustration : Parties aériennes d’un saule (Salix sp.) ayant résisté à une récente campagne de fauchage. Crédit : Dr Markus Zaplata
Article : ‘Management and sustainability of ground-mounted solar parks requires consideration of vegetation succession as an omnipresent process’ / ( 10.3897/oneeco.10.e141583 ) – Pensoft Publishers – Publication dans la revue One Ecosystem