Le jour de l’annonce par Total de ses profits records, l’Association de consommateurs UFC Que Choisir relance une nouvelle fois le débat sur la contribution des groupes pétroliers aux efforts environnementaux.
Pointant du doigt le "déséquilibre" entre la facture payée par les français et les bénéfices des groupes pétroliers, l’Association de consommateurs propose de contraindre ces groupes à contribuer à l’effort environnemental.
Dans un communiqué, l’UFC cite M. Gilles Carrez, rapporteur du budget, qui indiquait en octobre dernier qu’il convenait de "faire le point sur le respect des engagements pris par Total." A savoir, investir dans les capacités de raffinage, développer les énergies renouvelables et la distribution de bioéthanol.
Evaluation dont s’est chargée officieusement l’UFC Que Choisir. Elle en tire le bilan suivant :
1- Le niveau des profits annuels du groupe est passé d’une moyenne de 7,1 milliards entre 2000 et 2002 à une moyenne de 12,2 milliards entre 2005 et 2007. Sur ces périodes, le retour sur investissement (Roace) du groupe pour le pétrole est passé de 17 % à 27 %, constate-t-elle en premier lieu.
2- Gros profits, mais "peu d’efforts dans le raffinage" : Entre 2000 et 2006, les capacités de raffinage du groupe ont diminué de 2,3 % en France et ont seulement augmenté de 5,4 % au niveau mondial, alors même que la tension quantitative sur le marché de raffinage a fait grimper les prix et les profits.
3- Concernant les énergies renouvelables, l’UFC est plus dure, et décerne un "Zero pointé" au groupe pétrolier : "les dépenses du groupe dans les énergies renouvelables représentent au mieux 400 millions d’euros, soit moins de 3 % de ses profits", accuse-t-elle.
4- L’association reproche ensuite au groupe de ne pas investir suffisamment : selon elle, en 2007, "le groupe n’a affecté que 57 % de ses capacités de financement aux dépenses d’investissement net". L’autre moitié étant principalement destinée au versement de dividendes, aux rachats d’action et à l’augmentation de trésorerie.
5- Enfin, l’UFC critique l’utilisation par le groupe de la justification de "sauvegarde de l’emploi" : Un argument "peu admissible quand il s’agit de justifier des rentes de situation", estime l’association, et "particulièrement irrecevable" actuellement, alors que Total aurait diminué ses effectifs de 31% en France entre 2000 et 2006. La diminution des personnes employées au niveau mondial sur la même période est de 22 % tous métiers inclus et de 1 % pour l’activité pétrole.
L’UFC Que Choisir s’appuie sur ce constat sévère pour proposer un mécanisme incitatif de "contribution citoyenne des compagnies pétrolières".
Sa proposition consiste à majorer à 40% le taux de l’impôt sur les sociétés si un montant défini d’investissement n’est pas réalisé en matière d’énergies renouvelables et/ou de développement des transports collectifs.
L’UFC propose d’utiliser cette contribution des compagnies pétrolières comme source de financement pour la mise en place de mesures prises lors du Grenelle de l’Environnement.
UFCQC défend le consommateur en augmentant les taxes. Révolutionnaire comme concept, n’est-il pas?