L’énergie, moteur incontestable de toute société moderne, se trouve aujourd’hui au cœur d’une quête incessante pour des solutions plus durables. Face à la raréfaction des ressources et aux impératifs environnementaux, les chercheurs explorent des technologies innovantes capables de produire de l’électricité par des moyens simples et écologiques. Parmi elles, les nanogénérateurs triboélectriques (TENGs) émergent comme une solution prometteuse, exploitant un phénomène aussi ancien que la friction pour générer de l’électricité. Dernièrement, une étude a mis en lumière le rôle décisif joué par des matériaux sous forme de petites billes compactées dans ce processus.
Les nanogénérateurs triboélectriques reposent sur un mécanisme simple : lorsqu’ils entrent en contact avec une autre surface, certains matériaux échangent des charges électriques. Ce transfert résulte de mouvements répétés ou de contacts entre surfaces différentes. Une surface composée de petites billes proches les unes des autres, lorsqu’elle interagit avec une autre surface contenant des billes similaires, provoque une séparation des charges. Certaines billes accumulent alors une charge positive tandis que d’autres acquièrent une charge négative. La capacité à transférer efficacement ces charges détermine directement la quantité d’électricité produite.
Dans leurs expériences, les chercheurs ont découvert que la taille et le matériau des billes influencent fortement ce phénomène. Les billes plus grandes montrent une tendance marquée à accumuler une charge négative, tandis que les plus petites adoptent une polarité positive. Parmi les matériaux testés, le mélamine-formaldéhyde (MF) s’est distingué par son faible coefficient d’élasticité, lui permettant de maintenir et de transférer des charges électriques avec une grande efficacité.
Des avantages matériels et économiques
Une caractéristique remarquable du procédé repose sur son accessibilité économique. Utiliser des billes en mélamine-formaldéhyde comme base de fabrication constitue une alternative bien moins coûteuse que les technologies complexes habituellement employées pour améliorer les performances des TENGs. En outre, leur production ne nécessite pas de solvants, ce qui rend le processus plus respectueux de l’environnement. Cette approche « sèche » évite les étapes chimiques souvent polluantes, renforçant ainsi l’attrait de cette méthode.
La simplicité et la polyvalence de leur conception permettent d’envisager des applications variées. Des dispositifs portables capables de produire de l’énergie à partir du mouvement corporel jusqu’à des appareils autonomes alimentés sans recours à des batteries, les possibilités semblent vastes. Ces innovations pourraient bénéficier à plusieurs secteurs, notamment celui des vêtements intelligents et des solutions énergétiques durables.
Dr. Ignaas Jimidar, de l’Université Libre de Bruxelles (VUB) et auteur principal de l’étude, souligne combien des ajustements mineurs dans le choix des matériaux peuvent avoir un impact notable sur l’efficacité de génération d’énergie : « Nos recherches montrent que de petits changements dans le choix des matériaux peuvent conduire à des améliorations significatives de l’efficacité de la production d’énergie. » Selon lui, les nanogénérateurs triboélectriques pourraient trouver leur place dans la vie quotidienne sans dépendre des sources d’énergie conventionnelles.

Cependant, malgré des résultats encourageants, des efforts supplémentaires sont requis pour intégrer cette technologie dans des produits grand public. Améliorer leur fiabilité et optimiser leur rendement demeure essentiel pour envisager des applications à grande échelle. Les recherches actuelles continuent d’explorer des matériaux et des structures innovantes afin de maximiser leur potentiel énergétique.
Des applications potentielles et défis à relever
Les perspectives d’application des TENGs incluent des domaines variés tels que les textiles connectés capables de générer de l’électricité grâce aux mouvements humains, ou encore des appareils miniatures autonomes. Ces derniers pourraient fonctionner sans besoin de recharge ni de connexion à une source externe d’énergie. Cela pourrait transformer radicalement la manière dont les objets électroniques sont conçus et utilisés.
Toutefois, des obstacles subsistent. Par exemple, garantir la stabilité des charges électriques sur de longues périodes représente un défi technique non négligeable. De même, adapter les propriétés des matériaux aux exigences spécifiques de chaque application demande des ajustements précis. Le travail de recherche doit donc se poursuivre pour affiner ces technologies et assurer leur viabilité à long terme.
Légende illustration : Image au microscope électronique d’une surface de TENG avec de minuscules billes © Ignaas Jimidar
I. S. M. Jimidar, K. Mālnieks, K. Sotthewes, P. C. Sherrell, A. Šutka, Granular Interfaces in TENGs: The Role of Close-Packed Polymer Bead Monolayers for Energy Harvesters. Small 2025, 2410155. 10.1002/smll.202410155
Source : U. Vrije Bruxelles