Les limites actuelles des semi-conducteurs en silicium suscitent une réflexion profonde sur l’avenir des dispositifs électroniques. À mesure que les besoins énergétiques et technologiques s’accroissent, la quête de solutions alternatives s’impose avec une urgence croissante. Une collaboration entre chercheurs universitaires et industriels pourrait bien redéfinir les standards du secteur. L’innovation repose sur une approche audacieuse combinant matériaux avancés et techniques d’intégration inédites
La recherche menée conjointement par Penn State et Northrop Grumman a bénéficié d’un financement de trois millions de dollars attribué par l’agence du DARPA. Ce projet ambitieux vise à explorer une méthode innovante permettant d’intégrer le nitrure de gallium, un semi-conducteur à large bande interdite, directement sur des substrats en silicium. Leur objectif est de combiner les propriétés exceptionnelles du nitrure de gallium, telles que ses capacités de commutation rapide et sa résistance aux hautes tensions, avec les avantages économiques et techniques du silicium. L’hybridation promettrait des applications dans des domaines exigeants tels que les véhicules électriques ou les centres de données.
Joan Redwing, professeure distinguée de science des matériaux et directrice de l’Institut de recherche sur les matériaux de Penn State, a souligné cette dynamique : “Le silicium constitue la plateforme commune pour la microélectronique mais il reste complexe d’y associer de nouveaux matériaux semi-conducteurs”. Elle a ajouté que ce projet explore précisément ces défis en utilisant des matériaux bidimensionnels comme intercouches pour faciliter leur intégration.
Hétérogénéité au service de l’efficacité
L’intégration hétérogène, procédé consistant à assembler des matériaux aux propriétés distinctes, se trouve au cœur de cette initiative. Les chercheurs tentent d’associer le nitrure de gallium, capable de supporter des champs électriques élevés, avec le silicium, qui bénéficie d’une infrastructure manufacturière robuste et rentable. En fusionnant leurs caractéristiques respectives, ils espèrent concevoir des puces capables de répondre aux exigences croissantes des technologies modernes.
Joshua Robinson, professeur de science des matériaux et investigateur principal du projet, a affirmé : “Les centres de données devraient nécessiter 160 % d’énergie supplémentaire d’ici 2030, principalement en raison de l’essor de l’intelligence artificielle.” Il a précisé que leurs travaux pourraient contribuer à atténuer cette demande énergétique tout en favorisant un avenir plus durable. Cette démarche illustre comment la science peut s’aligner sur les besoins sociétaux actuels.
Des obstacles techniques à surmonter
Les méthodes traditionnelles d’intégration du nitrure de gallium sur silicium présentent plusieurs limitations notoires. Elles sont souvent coûteuses et complexes, impliquant des couches intermédiaires qui augmentent la résistance thermique et compromettent les performances des dispositifs. Pour pallier ces contraintes, les chercheurs explorent l’utilisation de matériaux bidimensionnels, tels que le disulfure de molybdène ou le séléniure de gallium, comme couches germinatives. Ces matériaux extrêmement fins serviraient de fondations pour la croissance du nitrure de gallium sur du silicium (001), l’orientation cristalline privilégiée dans l’industrie.
“L’approche actuelle présente trop d’inconvénients, notamment une résistance thermique accrue et des difficultés liées à la fabrication sur silicium (001).” a ajouté Joshua Robinson. Il a poursuivi en indiquant que l’utilisation de matériaux 2D comme couches germinatives pourrait éliminer ces problèmes tout en améliorant significativement les performances comparées aux technologies existantes.
Un impact durable sur l’industrie
Au-delà des implications techniques, ce projet pourrait réduire les coûts de production et démocratiser l’accès aux dispositifs électroniques économes en énergie. Les consommateurs pourraient bénéficier d’appareils plus compacts, rapides et efficaces, générant moins de chaleur et diminuant ainsi les factures énergétiques. Les infrastructures développées grâce à cette subvention seront accessibles aux autres chercheurs via les installations utilisateur de l’Institut de recherche sur les matériaux de Penn State, favorisant ainsi la collaboration et l’innovation.
Joan Redwing a conclu : “Ce financement renforce le rôle de Penn State en tant que leader dans la recherche sur les semi-conducteurs.” Elle a également souligné l’importance des partenariats entre le monde académique, l’industrie et les institutions gouvernementales pour relever des défis complexes.
Légende illustration : Selon des chercheurs de Penn State, une nouvelle méthode d’intégration du nitrure de gallium, un matériau semi-conducteur de haute performance, dans des substrats de silicium pourrait permettre d’améliorer les futurs dispositifs électroniques.
Source : Penn State