À l’approche de l’US Open, golfeurs professionnels et spectateurs se préparent à défier les greens, où l’état de la pelouse peut transformer un coup maîtrisé en défi aléatoire. Une innovation scientifique pourrait toutefois redéfinir ces enjeux. Thomas J. Kennedy III, chimiste et fondateur de Chemical Innovative Solutions Inc., a développé un revêtement pour balles de golf capable d’ajuster leur vitesse sur greens secs ou humides. Présentée lors de la réunion printanière de l’American Chemical Society (ACS) en mars 2025, cette technologie vise à réduire l’influence des conditions extérieures sur la performance, mettant l’accent sur le talent plutôt que sur l’aléatoire.
Une réponse aux variations des greens
Les greens secs, comme ceux du Oakmont Country Club, réputés pour leur rapidité, exigent une précision absolue. À l’inverse, une pelouse humide génère une adhérence imprévisible, ralentissant la balle de manière incohérente. Kennedy, passionné de golf depuis l’enfance, a concentré ses recherches sur l’interaction entre la balle et la surface. « Le golf est un jeu de contacts », explique-t-il. « La rotation imprimée par le putter et l’état du green dictent la trajectoire. »
Son revêtement hydrophile modifie ces interactions en absorbant les molécules d’eau sans altérer l’aérodynamisme de la balle. Composé de silice amorphe, de tamis moléculaires, d’argile et d’un polymère acrylique, il agit comme une éponge sélective. Sur un green sec, il capte l’humidité résiduelle pour freiner la balle ; sur un green humide, il réduit l’adhérence en évacuant l’eau. « C’est l’inverse d’un traitement hydrofuge », précise Thomas J. Kennedy. « L’eau ne perle pas : elle est absorbée ou évacuée, stabilisant la vitesse. »
Tests rigoureux et conformité règlementaire
Pour valider son invention, Kennedy a utilisé un « Stimpmeter », un instrument en forme de V mesurant la distance parcourue par une balle lancée à vitesse constante. Les résultats montrent une régularité accrue : les balles traitées roulent avec une vitesse plus prévisible, que le green soit sec ou mouillé. « Pour un golfeur amateur, cela signifie moins de frustrations ; pour un professionnel, des gains potentiels en précision et en gains financiers », souligne-t-il.
Le chimiste insiste sur le respect des normes établies par l’USGA et le Royal and Ancient Golf Club of St Andrews. La taille, le poids et la symétrie des balles restent inchangés, tandis que le revêtement agit uniquement sur l’interaction surface-surface. « L’innovation opère dans les limites des règles, renforçant le mérite du joueur », ajoute-t-il.
Au-delà des greens : une application solaire
Si le golf est l’application première, Kennedy envisage d’autres usages. Le revêtement hydrophile pourrait améliorer le rendement des panneaux solaires. En attirant l’eau, il évacuerait la poussière et autres particules obscurcissantes, optimisant la captation de la lumière. « La technologie transcende souvent son objectif initial », note-t-il, soulignant son approche interdisciplinaire.
Les brevets provisoires déposés, Kennedy prévoit de commercialiser ses balles d’ici quelques mois. Pour lui, cette innovation s’inscrit dans une longue tradition de progrès, du club en bois au putter moderne. « Le golf a près de six siècles, mais la technologie offre toujours de nouvelles perspectives », conclut-il. Une philosophie qui rappelle que, même dans un sport ancré dans la tradition, la science continue de repousser les limites — avec subtilité et respect des fondamentaux.
Lexique
- Hydrophile : Propriété d’un matériau à attirer et absorber l’eau, ici exploitée pour modifier les interactions entre la balle et le green.
- Stimpmeter : Instrument en forme de V utilisé pour mesurer la vitesse de roulement d’une balle sur un green, essentiel aux tests de performance.
- USGA (United States Golf Association) : Organisme régulateur définissant les normes techniques des équipements de golf, garantissant l’équité du jeu.
- Polymère acrylique : Composant du revêtement permettant une exfoliation rapide, optimisant l’absorption de l’eau sans altérer l’aérodynamisme.
- Surface energy : Énergie de surface modifiée par le revêtement pour augmenter l’adhérence ou la fluidité selon l’humidité du green.
- Tamis moléculaires : Matériaux poreux calibrés pour absorber exclusivement les molécules d’eau, évitant tout effet indésirable.
- Green (terrain de golf) : Surface gazonnée entourant le trou, dont l’état (sec/humide) influence directement la performance du joueur.
Légende illustration : Cette balle de golf spécialisée semble lisse au toucher, mais un examen approfondi au microscope optique standard révèle la présence de minuscules cristaux de silice absorbante et de polymères qui parsèment sa surface. Credit: Thomas J. Kennedy III
Source : American Chemical Society (ACS)