La tension monte entre GDF Suez et le gouvernement belge : le groupe conteste la légalité d’un prélèvement envisagé de 250 millions d’euros sur les exploitants nucléaires. Jeudi, c’était l’annonce d’un possible plafonnement des tarifs de l’électricité et du gaz qui entrainait la chûte des actions du groupe.
Début octobre, le conseil des ministres de Belgique approuvait un avant-projet de loi prévoyant la prélévement de 250 millions d’euros sur les exploitants nucléaires. Electrabel (GDF Suez) est le premier concerné par cette mesure, à laquelle il contribuerait à hauteur de 240 millions.
Dans un communiqué, le groupe faisait part hier de "ses plus expresses réserves sur l’avant-projet de loi", et menaçait de saisir la Cour Constitutionnelle d’une demande en annulation en cas d’adoption de la mesure par le Parlement.
"Le principe même de cette contribution est contestable, écrit le groupe, notamment parce qu’elle serait discriminatoire, en ce qu’elle ne frapperait que les deux producteurs d’électricité nucléaire en Belgique et ceci sans que cette différence de traitement ne soit justifiée par un lien objectif entre la mesure et des motifs d’intérêt général en matière de production d’électricité nucléaire."
Si elle était adoptée, cette mesure serait destinée à alimenter un fonds d’investissement dans les énergies renouvelables et les économies d’énergie.
Le Groupe a demandé une entrevue avec le Premier Ministre et "attend les résultats de cet entretien pour arrêter son attitude et définir ses positions tant aux niveau juridique qu’en matière de stratégie industrielle."
Autre sujet de tension entre GDF-Suez et le gouvernement, l’annonce par le ministre de l’Energie Paul Magnette d’une possible mise en place d’un plafonnement des tarifs de l’électricité et du gaz. Annoncée jeudi, cette mesure transitoire de 3 ans servirait à freiner la très forte hausse des tarifs survenue ces derniers mois. A la suite de cette annonce, le cours de GDF Suez a perdu plus de 20% jeudi et vendredi.
Vendredi , le porte-parole du Premier ministre belge rassurait le marché en affirmant que ces propositions "ne sont pas discutées au niveau du gouvernement."
GDF Suez estime néanmoins qu’une telle mesure aurait "pu avoir des conséquences extrêmement graves sur la possibilité (…) de réaliser les investissements nécessaires pour assurer durablement l’approvisionnement du Royaume en énergie."
"Les déclarations isolées du ministre de l’énergie ont provoqué une baisse sans précédent en bourse des valeurs énergétiques européennes portant directement préjudice aux centaines de milliers d’actionnaires de ces entreprises, aux consommateurs et aux salariés par l’impact négatif qu’elles induisent sur les investissements et la sécurité d’approvisionnement" a condamné le groupe dans un communiqué.